- Chapitre 1 -

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        « - Tu es sure qu’elle me va bien cette robe ? » me demanda pour la centième fois Sasha Alison, une belle brune de 15 –bientôt 16- ans, aux yeux bleus/verts, de taille mannequin et qui n’avait aucun défaut à part, peut-être, son peu de poitrine.

« - Mais oui ! Tu es magnifique ! Comme toujours … » lui répétais-je

Sasha hésita une dernière fois devant la robe à bustier rose pailletée qu’elle portait avant de se décider :

« - Bon je la prends, tu as gagnée ! » dit-elle avant de se diriger vers la cabine d’essayage pour se changer.

Je me tournai vers le miroir et regardai le reflet qui s’y trouvait –de taille moyenne, de longs cheveux auburn, des prunelles noisettes : mon reflet. Ce jour-là, je portai un sweet shirt gris, mon jean slim et mes tennis préférées. Je maudis mes cheveux indomptables, tout en passant la main dedans, et je me retournais vers la cabine occupée par ma meilleure amie.

         Après avoir payé sa robe et regardé l’heure, Sasha proposa de m’offrir un café au Starbuck du centre commercial dans lequel nous nous trouvions en attendant sa mère qui devait venir nous chercher. Nous adorions cet endroit où nous nous étions rencontrées 5 années auparavant. Mais, par la suite, cet endroit allait compter bien plus pour moi …

Et ce fut ce jour-là que je le vit pour la première fois …

Nous buvions nos cafés-caramel surmontés de chantilly au chocolat tout en débattant sur les garçons du lycée avec lesquels Mélanie pourrait avoir ses chances, lorsque soudain, je me sentis observée … Je me retournai, et ne vis personne « Tu as dut rêver ma vieille ! » pensai-je, très étonnée du fait que je me sois trompée, mes pressentiments s’avéraient presque toujours exacts.

« - Hé ! Tu m’écoute ? fit Sasha, me tirant de mes réflexions intérieures.

- Désolée je pensais à autre chose … Tu disais ?

- Hum … Ah oui ! Mike Clark est assez mignon non ?

- Oui, plutôt banal quand même. Mais il sort avec Jessy Colins …

- Merde c’est vrai ! Tu penses que s’ils n’étaient plus ensemble il accepterait de sortir avec moi ?

- J’en sais rien …

- Qu’es ce qu’il y a ? Tu me réponds sans me répondre … Ça va ?

- Si si, c’est juste que j’ai l’impression d’être observée …

- Oh … -elle regarda discrètement autour d’elles- Cible en vue ! Trois tables derrière toi, il est seul … »

Je me tournai et remarquai un garçon brun qui me fixait. Lorsqu’il s’aperçut que je le regardai et détourna vivement la tête. C’est à ce moment-là que le téléphone de Sasha sonna :

«  - Allo Maman ?

- …

- Oui, d’accord.

- …

- Oui, oui, je sais.

- …

- Bisous Mam’s. »

Elle raccrocha et me dit : «  Ma mère sera là dans cinq minutes, finis vite ton café. Elle nous attendra surement sur le parking. » Nous nous levâmes, jetant nos boissons dans la poubelle en passant, puis nous primes nos achats et nous dirigeâmes vers la sortie. Je jetai de temps à autre de rapides coups d’œil vers l’inconnu qui continuait à me fixer.

Lorsque nous passâmes les grandes portes de verres du centre commercial, je regardai une dernière fois dans sa direction. Mais il avait disparu. Déçue je quittai précipitamment la fraicheur des magasins pour sortir dans la chaleur étouffante, malgré l’heure tardive, de Phoenix. Cette année-là, la canicule était particulièrement difficile à supporter et la plupart des adolescents préféraient rester chez eux ou passer du temps dans les nombreuses piscines de la ville.

Sasha m’entraina vers le fond du parking où se trouvait le gros Land Rover noir de sa mère. Nous montâmes toutes deux à l’avant. Je fis la bise à Madame Alison et elle nous demanda si notre journée shopping c’était bien déroulée. Sasha lui montra quelques vêtements que nous avions achetés puis sa mère démarra et me ramena chez moi. Je la remerciai chaleureusement, dit au revoir à mon amie en lui promettant de l’appeler le lendemain et empruntai l’allée qui menait jusqu’à la maison.

                Je m’arrêtai devant la porte d’entrée, et pris la clef située sous le paillasson pour ouvrir. J’entrai et je passais au salon où je vis ma mère, affalée sur le canapé et enroulée dans un plaid malgré la chaleur de l’été. Je ne savais même plus comment faire pour la tirer de son état totalement dépressif. Fille unique, mon père était décédé d’un accident d’avion, il y avait un peu plus de 4mois. Pilote de voltige hors pair, il s’était écrasé au milieu d’un désert. Ils n’ont pas retrouvé son corps. Depuis la vie de ma mère se résume au canapé, et à la télévision. Et moi j’essaye de vivre normalement …  Je montais donc dans ma chambre, et  rangeai mes habits tout neufs dans mon armoire. Puis j’enfilai mon pyjama préféré, le gris et rose en soie que mes parents m’avaient offert à Noël, et me glissai dans mon lit. Je commençai à doucement sombrer dans le sommeil lorsqu’un coup à ma fenêtre me fit sursauter …

Dark DreamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant