Les Âmes Vagabondes

Chapitre II

~Là où notre histoire commence~

Lundi 3 Septembre 1968

Par où commencer c'est la question que je me pose. Mais reprenons depuis le début, le tout début. Et plus précisément lors de l'année 1968. Cette année qui fut rythmée par des rencontres, des mystères, et surtout un grand secret à élucider.

Nous sommes à Londres, la pluie s'était imprégnée du paysage. Les gens sortaient leurs parapluies, tous d'un noir immaculé. Si vous étiez très attentifs, vous pouviez remarquer un homme marcher d'un pas vif, sa sacoche sur la tête pour sans aucun doute se protéger des quelques gouttelettes qui déferlaient sur la ville. A partir de là vous pouviez imaginer la vie de ce mystérieux monsieur, peut-être marchait t-il vers son travail, c'est ce qu'aurait dit la plupart des personnes normales je vous l'accorde. Mais nous pouvions également imaginer qu'il s'en allait peut-être faire une des réunions les plus mystérieuses pour parler de magie très puissante. Qui peut bien le savoir ? Les apparences sont parfois trompeuses. C'était un petit jeu auquel je m'accordais de temps en temps, imaginer la vie des gens. Pourquoi ce monsieur était-il si pressé en ce lundi 3 septembre 1968 ?

Les jours de pluie à Londres donnaient généralement un air mélancolique.

Mais là où je veux que vous vous attardiez, c'est sur la petite voiture rouge garée dans rue d'Abbey Road. Tobias ne devait pas perdre plus de temps. Ce jeune garçon emplit d'ambition allait intégrer une nouvelle école. Il fit un dernier au revoir à sa mère. Il prit rapidement sa sacoche et ouvrit la portière de la voiture.

 C'est alors qu'il sentit la brise fraîche de septembre lui caresser le visage. Il se mit à marcher d'un pas vif pour ne pas arriver en retard pour ce premier jour. Tobias Miller avait toujours été un garçon très solitaire, il aimait se plonger dans les romans de fantaisie et découvrir de nouveaux mondes imaginaires. Le jeune homme aimait l'art quel qu'il soit. Il voulait écrire ses propres histoires. Il passait des journées entières à relire les ouvrages de Tolkien.

C'est sur ces pensées qu'il commença à prendre le chemin vers l'école. Une fois arrivé, il y découvrit une toute nouvelle époque. La bâtisse datait sans aucun doute du XIXe siècle. Il eut rapidement cette impression d'être rentré dans l'un des romans d'Oscar Wilde. C'était ce dont Tobias avait toujours rêvé. Saint Andrew School était réputée pour être l'une des meilleures écoles privées de Londres. 

Le jeune garçon avait une vie modeste, il était fils unique, sa mère l'élevait toute seule. Il y avait pu y entrer grâce à l'obtention d'une bourse, mais également avec ses très bons résultats en particuliers en littérature. Tobias habitait dans le Nord de l'Angleterre, dans un petit coin perdu. Pendant ces quelques années, il allait donc séjourner dans l'internat de l'école avec d'autres garçons car les logements dans la ville étaient bien trop chers. Il s'ajoutait en plus à ce paysage idyllique de grands jardins qui entouraient l'école où plusieurs élèves discutaient allongés dans l'herbe.

Le jeune garçon traversa les grilles de l'école et entra dans la vieille bâtisse. Le hall était rempli d'élèves, tous habillés dans l'uniforme de l'école. Il suivit le mouvement et alla s'installer dans la salle principale, où le directeur allait les accueillir :

" Bonjour à tous ! Et bienvenue aux nouveaux élèves. J'espère pour vous tous que cette année se passera dans la rigueur et l'excellence..."

Tobias n'avait jamais vraiment appréciait ce genre de cérémonie. Pendant que le directeur parlait, son regard s'était posé sur quatre garçon qui discutaient d'une manière agitée au fond de la salle. Il su à leur apparence qu'ils devaient tous avoir à peu près son âge. Le plus grand du groupe vit que Tobias les observait. Ils se regardèrent un certain moment, le garçon n'aurait pas su dire combien de temps. Son regard était intense. Tobias avait pu remarquer tous les détails que représentaient le visage du garçon. Il avait les yeux marrons et les cheveux bruns, il portait également des lunettes, il avait même pu souligner quelques petites tâches de rousseurs recouvrant son visage. Rappelé par un des autres garçons du petit groupe, l'inconnu détourna son regard de celui de Tobias.

Sans avoir prêté attention à ce qu'il se passait, Tobias compris que le discours du directeur était terminé depuis quelques minutes et tout le monde s'était levé. Il s'empressa de faire de même. C'est alors qu'ils se mirent à réciter tous en cœur la devise de l'école : " RIGUEUR ! HONNEUR ! LOYAUTÉ !"

Après tout cela, les élèves devaient se diriger vers l'internat pour découvrir leur chambre et le camarade avec qui ils allaient la partager pendant cette année.

L'internat était situé juste derrière l'école. Le bâtiment formait un carré avec en son milieu une cour. On pouvait apprécier le calme et la sérénité de l'endroit. Les arbres étaient fleuris et les oiseaux gazouillaient. Tobias arriva dans la cour. Le jeune garçon se mit à tourner sur lui-même pour prendre conscience de l'atmosphère et de chaque petit détaille qui l'imprégnaient. Il se sentait comme hors du temps.

Toujours émerveillé par le paysage, il entra dans le bâtiment. L'ambiance différait complètement de l'extérieur. Le décor avait totalement perdu de son calme et de sa sérénité. Il se dirigea vers les couloirs où les chambres étaient situées. De nombreux garçons chargeaient de valises et d'affaires en tout genre grouillaient dans les couloirs étroits de l'internat, laissant place à un brouhaha permanent. Tobias connaissait le numéro de sa chambre par cœur, c'était la numéro 144. Il n'avait pas arrêté de se répéter en permanence ce simple chiffre, pour éviter d'avoir l'angoisse de rentrer dans la mauvaise chambre.

Après quelques déambulations, le jeune garçon arriva enfin devant sa porte. La porte était déjà ouverte, il ne perdit pas plus de temps et entra. La chambre n'était pas très grande. Elle contenait le stricte nécessaire. C'est-à-dire deux lits, deux bureaux et deux chaises, en plus il s'ajoutait à cela une petite fenêtre donnant sur la cour. Une chambre qu'on aurait pu décrire comme neutre, vide, sans saveur. Beaucoup d'adjectifs se mélangeaient dans l'esprit du garçon face à cette chambre des plus banales, mais il s'en contenterait. Tobias comprit rapidement que son camarade n'était pas encore arrivé car il ne voyait aucune trace de quelconque affaires.

Le garçon appréhendait beaucoup de devoir partager sa chambre avec un inconnu. Il n'avait pas l'habitude de créer un contact avec qui que ce soit. Généralement, les gens ne l'appréciaient pas beaucoup. Pourquoi ? Il n'en savait strictement rien. Vous savez, lorsque des gamins trouvaient leur bouc émissaire, eux-mêmes ne savaient plus pourquoi ils en voulaient à cette personne en particulier. Tobias Miller avait sans doute des cheveux trop en batailles, ou des habits de trop mauvaises qualités. Ces garçons avaient peut-être juste envie de se sentir supérieur et d'avoir une certaine emprise sur quelqu'un. Qui peut bien le savoir ? Les enfants ont toujours été cruels entre eux, ça ne date certainement pas d'hier.

Quelqu'un entra subitement dans la petite pièce. Tobias ne prit qu'une seconde avant de le reconnaître. Il arborait toujours le même air sur de lui, avec ses lunettes et ses taches de rousseur. Le garçon tendit sa main à Tobias et le salua :

"Je m'appelle Oscar Williams.

- Tobias Miller.

- Alors, t'es nouveau dans l'école ?

- Ouaip.

- Pas un grand bavard j'imagine.

- C'est pas trop mon truc créer un lien avec des gens si tu vois ce que je veux dire.

- Je comprend c'est pas facile d'arriver dans une nouvelle école, en plus l'une des plus prestigieuses ! S'enquilla de renchérir Oscar. Voyant que le garçon ne lui répondait pas, il ajouta. Aller t'inquiète je te taquine tu vas t'y faire comme tout le monde"

Les deux garçons ne se parlèrent pas plus que cela. Une chose était certaine, ils n'allaient pas manquer de temps pour apprendre à mieux se connaître. La nuit commençait à tomber. La lune faisait sa première apparition. Ce fut donc dans le calme de cette soirée que Tobias passa sa première nuit dans les gouffres de l'inconnu.