Chapitre 7 : la dame aux fleurs

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Sebastian Moran sorti de l'immeuble et arriva au niveau d'un passage piéton. Cela faisait maintenant trois mois qu'il était au service de Moriarty. Il était son meilleur sniper et il le suivait partout.

A côté de lui, une femme d'un certain âge, environ soixante-dix ans, dans une robe rose à grosses fleurs jaunes, aux cheveux gris comme des fils d'argent et des lunettes de soleil noires datant sûrement des 70s, se tenait là avec un caddie de courses rouge. Elle semblait avoir du mal à s'engager sur le passage.

Sebastian en bon gentleman, lui proposa son bras, qu'elle accepta bien volontiers. Ils marchèrent ainsi jusque dans une rue insalubre. Cette rue appartenait au vieux Londres. Sebastian se demanda si la vieille femme savait où elle allait. Il n'avait pas envie qu'elle se fasse tirer dessus.

- Dites mamie, vous savez où vous allez ?

- Bien sûr mon garçon. Vous et moi, nous allons au même endroit.

- Vous êtes sûre ?

- Puisque je vous le dit ! Vous êtes bouché ou quoi ?

Si ce n'était pas une vieille femme qui se pendait à son bras, Sebastian lui aurait collé son arme au milieu des deux yeux. Mais bon, il fallait toujours se méfier des vieilles femmes surtout que celle-ci semblait déterminée à aller dans la même direction que lui.

- Mais ce n'est pas un endroit pour vous mamie. Ce n'est pas très recommandé pour une femme de votre âge.

- Le salon de thé n'est pas encore ouvert. Je me suis dit que rendre visite à mon petit Lucifer serait une bonne chose parce que je ne sais pas quand je vais passer l'arme à gauche alors vous voyez, je m'inquiète à propos de sa maigreur.

Sebastian avait les yeux ronds. Il ne comprenait pas de quoi parlait la mamie. Sénile à son âge ?, non pas pour elle. Il était persuadé qu'elle cachait bien son jeu derrière ses lunettes.

A la fin de la rue, un immense building se tenait là. L'extérieur du bâtiment faisait penser à une entreprise étrangère qui s'était installée là pour avoir un pied à terre dans un des territoires dans lequel elle vendait ses produits. La façade était noire et les fenêtres étaient teintées. Un seul panneau sur le dessus de la porte principale portait le nom de " purple".

Ils entrèrent dans le grand hall où fourmillaient des individus de tout âge et de tout genre. Certains se retournaient sur leur passage.

Personne n'avait vu Sebastian avec la mamie à son bras. La femme semblait être connue des services car personne n'osa l'arrêter.

Ils prirent l'ascenseur avec une homme d'une quarantaine d'années. Une fois arrivés au dernier étage, la mamie tira Moran jusqu'au bureau de Moriarty.

La porte s'ouvrit sur un Jim passablement énervé. La petite mamie trottina vers Jim faisait fit des autres humains qui attendaient devant le bureau. Elle se stoppa devant Moriarty et lâcha : arrête de froncer les sourcils, tu vas avoir des rides. Elle s'engouffra dans le bureau en bousculant Jim. Sebastian rentra à la suite de la femme.

Moriarty claqua la porte et se retourna vers la vieille femme qui s'était installée dans un fauteuil. Un sourire doux se peigna sur son visage et il se planta devant la mamie.

- Marie, en voilà une entrée fracassante.

- Je suis venue voir comment allait mon petit Lucifer. Je t'ai apporté des gâteaux. Ceux que tu aimes.

- Merci Marie. Je vois que tu as fait la connaissance de Moran.

- Oui je l'ai trouvé dans la rue. Il m'a gentiment proposé son bras pour traverser un passage piéton.

- Comme c'est charmant.

Le ton de Moriarty n'était pas du tout ironique mais bel et bien charmeur comme Sebastian avait l'habitude de voir.

- Vous devriez venir prendre le thé dimanche. Pas samedi, j'ai mes enfants.

- Mais volontiers !

Sebastian qui buvait un café en regardant cet étrange échange, faillit cracher le café. Depuis quand Jim Moriarty allait prendre le thé chez une vieille dame ?

- Sebastian tu viendras ?, demanda Marie d'une voix douce.

- Comment vous connaissez mon prénom ?

- Oh mon garçon, mon petit Lucifer m'a beaucoup parlé de vous. Oh vous rougissez comme un enfant. Voyons je suis pas si vieille au point de ne plus reconnaître l'amour quand il se tient devant moi.

Marie se tourna vers Moriarty et s'adressa à lui comme une grand-mère le ferait avec son petit-fils :

- Dis mon p'tit Lucifer, tu pourrais me faire une natte ? J'ai mon club de bridge ce soir et je suis un peu fatiguée.

Moran vit alors son amant sortir une brosse d'un tiroir et un chouchou. Jim se plaça dans le dos de Marie et entrepris de brosser avec une douceur que Moran n'avait jamais observé chez lui, la chevelure de la vieille femme.

Une fois les cheveux coiffés, les tiroirs remplis de gâteaux et la vielle femme partie, Sebastian osa enfin parler à Moriarty.

- Pourquoi elle t'appelle Lucifer ?

- Parce que tout le monde me nomme ainsi.

- Depuis quand tu vas prendre le thé chez une vieille femme ? Enfin, depuis quand tu côtoies une vieille femme ?

- Tu poses beaucoup de questions mon Sebastian.

- C'est que j'en ai beaucoup patron.

- Moran, sache que je prends le thé chez Marie depuis trois ans déjà et tu viendras avec moi.

- Oui patron.

- Pour le reste on verra plus tard. Maintenant j'ai rendez-vous avec l'homme qui était dans l'ascenseur avec vous.

Sebastian se positionna au fond de la pièce et exécuta l'homme quand Lucifer lui dit de tirer.

Lucifer et son amantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant