Chapitre 6 : La seconde recontre

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Sebastian Moran désespérait de retrouver son amant. Quand un jour, enfin plutôt une nuit, il le vit. C'était lui ! Sans aucun doute. Il était là, assis sur un vieux siège du métro londonien dans cette rame vide. Il ne savait pas quoi faire. Lui, le grand Sebastian Moran ne savait pas quoi faire devant l'amour de sa vie ( jamais il ne l'avouerait). Il se trouvait ridicule.

Pourtant, la chance se trouvait de leurs côtés pour une fois. Par un hasard tout à fait scénaristique, Jim leva la tête de son roman. D'habitude, il ne levait jamais la tête, un éléphant rose aurait pu le demander en mariage, il n'aurait pas cillé.

Les yeux noirs de Jim s'accrochèrent à ceux de Sebastian. Jim se leva avec grâce, rangea le roman (de Violette) dans son sac et tel un chat sur les toits brûlants de la capitale parisienne lors d'une chaude nuit d'été, se dirigea vers la personne qui avait aimanté son regard. Une fois, l'un en face de l'autre, Jim offrit à Sebastian, le fameux sourire qui aurait pu rallumer n'importe quel feu de cheminée. En parlant de feu, un feu ardant embrasait tout le bas ventre de Moran.

- Tu m'as manqué Moran.

- Toi aussi Moriarty. Cela me fait tout bizarre de me trouver en face de mon auteur préféré. Dis, tu voudrais bien me signer un autographe ?

Moriarty ria, chose qui ne lui était pas arrivée depuis longtemps, de la demande de son ex-amant.

- Nous devrions faire ça, dans un endroit plus approprié qu'un vieux métro sale.

- Tu as raison, il ne faudrait pas que quelqu'un nous remarque.

Ils passèrent les dix minutes suivantes à parler en phrases à double sens. Quand l'arrêt de Jim arriva, Sebastian le suivit tout naturellement, comme un papillon attiré par un réverbère. Jim l'entraîna dans la ville endormie, jusqu'à son appartement.

Une fois la porte passée, Sebastian fut plaqué contre un mur et il fut embrassé par un Jim plus séducteur que jamais. Les vêtements volèrent rapidement et ils finirent dans le lit. Tout se déroula comme la première fois. Les mains retrouvèrent les emplacements qui faisaient gémir l'autre. C'était comme s'il n'y avait pas eu dix ans entre les deux fois où les amants étaient ensemble.

Sebastian était semi allongé dans le lit avec Jim à califourchon sur lui et qui jouait avec la chaine, quand il osa enfin rompre le silence du petit matin.

- Je t'ai cherché partout.

- Pourtant, je n'étais pas bien loin. Fallait regarder du côté sombre de cette ville. Je n'ai pas compris pourquoi tu es allé chercher en Inde.

- Tu sais ça ?

- Sebastian, je sais tout ce que je veux. Je t'ai cherché Sebastian.

A l'entente de son prénom, il frissonna mais pas de peur comme la dernière fois où un amant jaloux avait essayé de le tuer dans son bain. Cependant l'homme en question apprit à ses dépends qu'il ne fallait jamais embêter un Moran dans son bain (surtout quand celui jouait avec les bulles). L'homme était mort maintenant.

- Je suis allé tuer deux-trois tigres aux gènes modifiés en Inde. Les gens sont idiots parfois, à jouer avec ce qu'ils ne peuvent pas contrôler.

- C'est ce qui rend ce monde si ennuyant.

- Suis-je ennuyant pour toi Jim ?

- Si tu étais ennuyant mon Sebastian, je ne serais pas là, nu avec toi dans un lit, à t'épuiser physiquement jusqu'à l'aube. D'ailleurs tu devrais dormir. Demain, je dois te parler.

- Seulement parler ?

Moriarty lança un regard blasé à son amant et lui donna une petite tape sur le crâne.

- Si t'es sage, tu pourras rejouer avec moi. Maintenant dors.

Jim se leva, regarda son amant se glisser sous la couette, lui déposa un baiser furtif sur le front et se rhabilla. Sebastian brisa de nouveau le silence:

- Tu ne restes pas ?

- Tu es comme avant Seb.

- Tu sais très bien de quoi je veux parler.

- Il ne t'arrivera rien avec moi. Ton père ne franchira pas la porte de cet appartement sans voir la mort en face.

- Oui mais tu peux rester ? S'il te plaît !



Sebastian n'avait pas supplié quelqu'un depuis son entrée à l'armée et personne n'avait supplié Jim depuis la mort de Violette. Violette l'avait supplié une dernière fois, pour qu'il achète ce fameux roman.

Jim s'installa près de Sebastian qui posa sa tête sur ses genoux et Jim lui caressa les cheveux, comme pour la première nuit. Distraitement il se mit à fredonner la berceuse qu'il chantait pour endormir sa cadette lorsqu'elle n'était qu'un bébé et que de l'autre côté de la porte, l'orage grondait. Une fois l'homme endormi, Jim parti à son entreprise pour y faire régner la terreur.

Lucifer et son amantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant