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La petite lumière


Tiens, une lumière. Elle est faible, elle vacille, elle peine à maintenir son éclat. Oui, mais elle est là. Elle m'attend. Moi ? C'est moi qu'elle vient chercher ? Probablement. Personne ne m'accompagne dans cette prairie infinie de ténèbres, dont le vent noir et froid vient en parcourir l'étendue. Cette immensité qu'on appelle l'esprit.  L'âme, les pensées, les rêves, oui, un palais de rêves sans fin. Cette immensité noire et vide. Et cette lumière est venue me chercher. Elle est descendue rien que pour moi, elle m'attend. Je me dépêche. Je la saisis. Et je la suis tandis qu'elle m'entraîne vers un ciel plus clair que le mien.

Et une douce brise m'enroule. Mon corps flotte et traverse des nuages de coton, des cieux étoilés, des lacs et des mers, des montagnes et des forêts. Je vois, j'admire, j'aime, c'est beau toute cette lumière. Cette musique, ce son doux et reposant, la mélodie du bonheur, cet air me comble de notes apaisantes et d'émotions. Une chaleur immense remplace le froid glacial et dur de mon corps. Je voyage toujours plus loin. J'aime toujours plus. Et mon esprit décolle, vole et s'envole, et mon rire s'élève, caresse et emplit ces paysages de magie et de couleurs. La vie me sourit et je la remercie. La petite lumière m'avait guidée vers des lieux inconnus, improbables. Un paradis.

La lumière s'éteint. Les couleurs disparaissent. La mélodie s'évanouit. Je retrouve mon champ de ténèbres. Froid, dur, amer, fade, aride, austère, rude et hostile. Je retrouve le vide qui m'habite. Mais au fond de mon cœur, parfois, l'écho d'un petit chant d'oiseau apporte une étincelle.

Recueil des mots perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant