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Depuis toute petite, elle avait eu conscience de sa différence. Elle voyait des choses qui ne semblaient exister que dans son monde, des choses immondes et qui la terrifiaient.

A chaque coin de rue, à chaque fois qu'elle se rendait au cimetière pour déposer des fleurs sur la tombe de ses grands-parents, elle les voyait. Des monstres répugnants, qui répétaient toujours les mêmes mots, ceux que prononçaient les différents passants qui marchaient non loin d'eux sans même les voir.

Parfois, même, c'était directement sur les personnes qu'étaient suspendues ces atrocités. Sur leurs épaules, autour de leur taille, de leurs jambes... Et personne ne semblait remarquer quoi que ce soit. Elle avait bien essayé de prévenir les victimes inconscientes de la présence de ces monstres, mais personne ne voulait la prendre au sérieux.

Pas même les autres enfants avec qui elle jouait à l'école, où se trouvait depuis toujours tapis dans un coin de la cour l'un de ces monstres effrayants. Très vite, elle avait reçu le surnom de "fille bizarre". Elle avait essayé de se tourner vers des adultes, dans l'espoir qu'eux au moins croient à son histoire et fassent quelque chose pour chasser ces apparitions, mais rien à faire.

Même ses propres parents ne la croyaient pas. Seule sa petite sœur semblait porter un quelconque crédit à ses visions, qu'elle qualifiait ironiquement de "cool", et de "comme à la télé"!

Dès qu'elle avait eu l'âge de parler, Aya racontait ses visions d'horreur à qui voudrait l'entendre, ces visions qui habitaient ses cauchemars la plupart des nuits.

Depuis lors, elle s'était faite auscultée sous tous les angles par des voyants, des prêtres et des médecins, sans qu'aucun ne trouve de solution à son problème. Enfin, pas totalement.

Depuis toute petite, elle savait qu'elle était différente. Non pas uniquement à cause de ses visions, mais également à cause de son corps fragile. Les allers-retours à l'hôpital étaient devenus monnaie courante pour elle, et elle passait même le plus clair de son temps là-bas, avec les infirmières, les autres malades et les monstres.

Les médecins à qui l'on avait parlé de ces visions pensaient tous la même chose: Aya souffrait très certainement d'hallucinations causées par son corps faible, ou bien imaginait-elle tout simplement des choses qui n'existaient pas pour combler son manque de relations amicales.

Elle avait toujours été une petite fille solitaire, à cause de tout cela. La seule enfant avec qui elle était proche était sa petite sœur, Ai, qui l'aidait plus que quiconque à surmonter toutes ces épreuves.

Elle ne pouvait pas courir comme un enfant normal, pas chahuter comme le faisait sa petite sœur, énergique et pleine de vie... Et était condamnée à rester sage, à supporter les innombrables rendez-vous médicaux et ses entrevues avec les prêtres et les voyants sans broncher.

Ses parents n'avaient pas renoncé au fait que leur fille puisse vivre un jour normalement, loin de ces visions et de ce corps faiblard.

Mais c'était sans espoir. Malgré les sommes impressionnantes dépensées pour elle, l'état d'Aya ne s'améliorait pas. Tout juste restait-il stable. Et ses parents commençaient à désespérer ; ils ne savaient pas encore combien de temps ils pourraient supporter financièrement les coûts élevés nécessaires à leur aînée.

Pour ainsi dire, leur cadette était la plupart du temps reléguée au second plan, que ce soit en question de temps ou d'argent. Ai ne faisait aucune activité en dehors de son école, se contentait de vêtements et de cartables achetés contre quelques yens... Mais, pour autant, elle ne s'en formalisait pas, même si cela la peinait un peu bien évidemment.

Jujutsu Kaisen - Satoru x OC // Fleur de VerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant