Je crierai ton nom [Dabixreader]

Dernière chance

Elle ouvre la porte. La salle est claire, une sorte de cabine se trouve là, des caméras sont installées dans les coins des murs mais aucune surveillance humaine n'est là, pour l'instant. Je ferme les yeux, inspire un grand coup et entre.

Je rejoins cette chaise métallique sur laquelle je vais passer les prochaines 30 minutes. Bien qu'elle soit claire, cette salle est oppressante, mon cœur palpite. Ma respiration devient saccadée. Serait-ce le stress d'être dans cet endroit ou bien l'anxiété de me retrouver face à lui... En face, une porte s'ouvre et Dabi entre dans ce petit endroit. Il pose son regard sur moi et semble étonné de me voir ici. Il a perdu son expression presque perverse qui s'installait sur son visage quasiment automatiquement. Un gardien lui dit d'avancer, il reste là pendant quelques secondes et se décide finalement à s'assoir à son tour sur une chaise en face de moi. Je fais signe au gardien qu'il peut fermer la porte, ce dernier n'insiste pas, je suis soulagée.

Je peine à le regarder dans les yeux. Ce moment me semble gênant bien que j'en ai rêvé. Je sens une tension, un regard sur moi, c'est lourd, très lourd.

- « Tu as fait tout ça pour au final ne pas me parler ni même m'adresser un regard ? »

Je me redresse, essayant de le regarder

- « Pourquoi es-tu ici ? »

- « J- J'avais des questions »

- « Je ne pensais pas te revoir avant un moment »

- « Dabi... Tu crois que tu peux me raconter pourquoi tu es devenu criminel ? »

Son regard se glace, un silence apparaît. Il regarde autour de lui et se penche contre la vitre qui nous sépare.

- « TP TN, te rappelles-tu la dernière fois que tu as posé des questions de ce genre ? »

- « Dabi je-»

- « Arrête de poser des questions comme ça. Pourquoi t'es là autrement ? »

- « Je veux que tu répondes à mes interrogations »

Je me tiens maintenant droite sur cette chaise loin d'être confortable. Je mets mes cheveux en arrière et pose mon regard le plus strict et sincère sur lui.

- « Réponds à mes questions »

- « Je ne l'avais jamais vu sous cet angle mais tu as un charme incroyable »

Un sourire s'esquisse sur son visage

- « Si je réponds à une de tes questions, tu devras répondre à une des miennes »

- « D'accord »

Allez TP, choisis bien ta question

- « Combien de personnes as-tu tué en tout ? »

J'ai beaucoup lu sur lui et sur la Ligue des Vilains mais aucun témoignage, aucun article ne parle du nombre de personnes qu'il a tué.

- « Je ne compte pas les victimes. Je n'essaie pas d'en faire le plus possible. Les gens sur mon passage y passent parfois, mais j'essaie d'éviter les morts inutiles au cas où un jour je me fais choper... Comme là »

Il marque une pause avant de reprendre

- « TP TN, jeune femme sans alter, belle et qui semble intelligente. Pourquoi s'intéresser à un cas désespéré comme le mien ? »

- « On m'a toujours mise à l'écart parce qu'on me considérait comme fragile et faible à cause de mon alter absent et je l'ai assez mal vécu... Je me suis construite et j'ai grandi par mes propres moyens sans jamais demander de l'aide à quiconque. Je voulais me prouver que les alters n'étaient pas nécessaires, même si 80% de la population en possède. J'ai des idéaux peut-être différents de la plupart des gens. Quand je t'ai rencontré lors de ton arrestation, j'ai de suite voulu savoir pourquoi commettre des crimes, des massacres, pourquoi répandre de la haine et de la peur sur une population qui mise tout sur les héros qui nous entoure, tu m'as intrigué, la vérité c'est que j'ai envie de savoir tout sur toi, j'ai envie d'apprendre à te connaître et de comprendre tes faits et gestes, je veux t'aider »

Une larme coule le long de mon visage. Je sais la potentielle sentence que risque Dabi et je ne veux pas que cela arrive. Non, ça ne doit pas arriver. Personne ne mérite d'être condamné à mort, personne ne mérite de se faire tuer contre son gré. Les crimes et délits commis encore aujourd'hui sont la représentation même de l'inefficacité des héros. Cela montre que malgré la forte présence de ces derniers, ils ne font pas tout, loin de là, ils ne peuvent pas tout le temps protéger et venir au secours de tout le monde et pour cause, ils restent humains. Alors pourquoi leur vouer un culte aussi fort ? Pourquoi compter sur eux et leurs alters ? Que se passerait t-il si du jour au lendemain les alters disparaissaient ? Depuis petite je me dis que les alters créent des inégalités. Ceux démunis d'alters sont la plupart du temps mis à l'écart car on essaie de former le plus possible les alters les plus forts, ceux avec le plus de potentiel. Et si demain les alters n'existaient plus ? Bien sûr il resterait des inégalités dans pleins de domaines mais... Peut-être que le monde serait plus en paix, moins en compétition les uns avec les autres...

- « A quoi tu penses ? »

Il me sort de mes pensées

- « Rien... Dabi, j'ai passé des heures à faire des recherches sur toi, sur la LOV, sur les crimes et les attaques orchestrées et... je veux t'aider. S'il y a quoi que ce soit que tu peux me dire qui joue en ta faveur... dis le moi »

Sa tête se penche, il me regarde maintenant avec un air sincère et morose, ses yeux sont mi ouverts.

- « Il reste combien de temps ? »

Je regarde ma montre qui m'indique que même ici le temps ne s'arrête pas

- « Moins de 10 minutes »

- « Tu as de quoi noter ? »

Je sors mon carnet et un vieux crayon à encre bleue, le voyant authentique pour la première fois.

- « Ne t'attends pas à ce que je te révèle mon nom, ce ne sera pas le cas ».

Je hoche la tête, je savais que ça n'allait pas être aussi simple

- « J'ai quitté la LOV il y a de ça 2 mois environ. J'étais, jusqu'à mon arrestation toujours en contact avec Shigaraki. J'ai essayé de faire un travail sur moi-même, je ne voulais plus être considéré comme un meurtrier à tuer à tout prix mais comme quelqu'un ayant des valeurs et des idéaux différents des autres. Mon inspiration principale est Stain, je partage son idéologie de lutter contre les faux héros. Mon passé a fait que je me suis retrouvé ici. Je ne suis pas blanc loin de là, j'ai tué et pris plaisir à m'imposer comme un vilain puissant. Je me suis rarement retenu de causer des dommages collatéraux, mettant parfois en danger même mes alliés. On m'a appris à être fort et à faire mal. Je suis entré dans la LOV seulement parce qu'on avait la capacité de concrétiser mes propres ambitions. J'ai été créé par une personne égoïste qui voulait faire de moi quelqu'un de fort, de puissant, d'invincible ne voyant que mon alter et pas l'enfant que j'étais »

Une goutte de sang s'échappe de sa cicatrice en dessous de son œil droit

- « Bien sûr que j'ai des remords, évidement que j'ai de la peine pour les familles des gens que j'ai tué... On m'a fait devenir un monstre, quelqu'un de fou et obsédé par mon objectif »

Sa tête se penche vers le bas

- « TP, je n'ai pas peur de la mort, j'y ai pensé souvent à vrai dire. Je voudrais juste vivre un peu plus longtemps, essayer d'avoir une vie plus normale avec moins de sang et de douleur, avec moins de haine et d'envie de vengeance... Si tu peux m'aider, aide-moi. Je me trouve pathétique là à te confier ça, je ne l'aurais jamais fait si je ne savais pas que j'encours la peine capitale »

- « Dabi... je vais t'aider »

Les 30 minutes passées, un gardien vient reprendre Dabi. Il lui prend le bras, le guidant vers la porte du fond, le regard de Dabi est fixé sur moi, ses yeux me font mal. Je le sens tellement sincère, ses paroles m'ont pris au cœur. Ses mots... De la part d'une personne aussi froide et renfermé que lui... C'est un exploit qu'il ait pu se confier à moi comme ça, au final je représente peut-être sa dernière chance.

FIN

Remarque: Le prochain chapitre risque d'être plus court que ces deux derniers... désolé 🥺