le t|-mps

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cela m'a pris plusieurs mois pour comprendre que je ne pouvais pas accomplir mes projets en deux mois et demi.

frustration. frustration de ne pas savoir.

déception. déception de ne pas pouvoir.

je n'étais donc capable de rien ? ce sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit. je n'avais donc aucun courage à supprimer mes nuits pour accomplir mes rêves ? ne suis-je donc pas capable de sacrifier ma santé comme le monde me dit ? où sont mes quatre emplois à temps partiel et mes journées de cinq heures du matin jusqu'à une heure du matin ?

et c'est parmi cette brume de réflexion que des mots que j'avais pourtant entendus des milliers de fois, ont trouvé la clé de ma raison et se sont frayés un chemin parmi mes nombreux doutes. c'était le début de la compréhension.

prends ton temps.

le besoin incessant de vouloir accomplir au plus vite, de rendre fière mes proches, de vivre sans se soucier chaque matin de la suite de chiffres indiquer sur mon compte bancaire : je voulais (veux) tout ça. idéaliste sans doute, mais réaliste.

vivre dans l'angoisse constante d'être a vide est terrifiant.

puiser dans ses ressources est effrayant.

mais au milieu de c'est quatre emplois et journée interminable, que reste-t-il ? je n'ai plus rien à offrir pour ce rythme de vie, plus rien. la seule chose qui me reste c'est ce bouquin qui traîne depuis plusieurs années sur le coin de ma commode. ses pages sont légèrement jaunies et décollées par les nombreuses relectures. ses bords sont éraflés. sa douce couverture remplie de jolies lettres manuscrites brillent devant les rayons timides du soleil qui traversent péniblement les nuages gris.

oui.

ce bouquin qui ne vaut plus rien.

ma santé mentale.

je l'ai déjà assez sacrifié.

ses longs mois sans travail, sans argent, sans envie de vivre.

ses longs mois à ne faire que survivre sont déjà des sacrifies.

ma seule accroche est déjà bradée à moins soixante-dix pourcent. je n'ai plus rien a donné, tout est déjà partie, envoler par la brise de cette fin d'après-midi.

comprendre n'est pas forcément lié à l'acceptation. je n'arrive pas encore à accepter que mes limites ne peuvent être dépassées, car j'ai déjà trop sacrifié en espérant avoir.

avide.

mais le temps accepte lui.

il comprend, efface les erreurs et pardonne.

le temps attend.

[20210810]

RE:bornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant