Chapitre 45: La Scientifique

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- "Je suis désolée de m'être énervée." Murmure Émilie, inaudible. 

Recroquevillée sur elle-même, elle passe inlassablement ses mains dans ses cheveux, essayant de reprendre son souffle. 

- "J'ai vraiment du mal, je vois ces garçons partout. Je sais que tu n'es pas comme eux, je sais qu'Alistair n'est pas comme eux, qu'Ezra non plus, que vous êtes de bonnes personnes... Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que vous pensez comme eux, que vous me critiquez, que vous me détestez et que je ne suis pas une fille bien. "

- "Je suis désolé de ne pas avoir compris plus tôt," Réplique Walter, mort d'inquiétude. "Je... Je sais pas quoi dire Émilie. Tu es... "

Elle bascule brusquement dans ses bras, elle ne s'en rend compte que quelques secondes après. Walter l'étreint avec force, un peu maladroitement. Ses joues s'empourprent, son coeur bat à la chamade, mais... Il y a aussi cette sensation bizarre dans son coeur. Ça sautait aux yeux que Walter était extraverti, mais Émilie, elle avait oublié à quel point ça faisait du bien de l'être aussi... 

Avant toutes les rumeurs et les couteaux, Émilie aimait les gens autant qu'elle adorait l'art. Elle était libre, n'avait peur de rien et surtout de personne... C'était ce qu'elle ressentait dans l'étreinte de Walter, cette sérénité et ce courage qu'elle arborait fièrement autrefois. 

- "Tu es vraiment bête..." Murmure Walter, en levant les yeux au ciel. "T'excuse pas à cause de cette bande de connards."

Il passe une main sur ses cheveux, hochant la tête.

- "Ne laisse personne te mettre dans une case Émilie. Ne les laisse jamais penser que tu es bête. Tu es incroyable, tu es la personne la plus entrainante et la plus créative que je connaisse! Après moi, évidemment... Ce que tu as vécu ne te définit pas, tu es capable de grandes choses. Crois-moi, je sais de quoi je parle..."

Il ponctue sa phrase par un petit rire. Elle relève ses yeux dorés emplis d'espoir, les scintillements apparaissent aussi rapidement que les battements de son coeur. Il brûle à nouveau de vie. Pour la première fois depuis quelques-temps, Émilie se sent à la bonne place. 

                                                                                             . . . 

Le miroir se trouble, la substance miroitante et glacée se mêle voluptueusement.

Walter et Émilie se relèvent, avançant lentement vers l'accès désormais ouvert. Un frisson parcourt le corps du brun dont les yeux s'écarquillent. Il glisse sur le côté, accompagnant son geste d'un mouvement du bras qui éloigne aussi Émilie de la glace.

- "Pourquoi on-"

Une silhouette vole à travers le miroir, s'écrasant avec violence contre le mur.

Émilie s'approche précautionneusement, à petit pas, avisant les dents cassées de cet homme baraqué aux airs de motard.

- "Tu penses qu'on peut traverser le-"

Une deuxième silhouette s'écroule à travers la glace puis une troisième. Ceux qui ne sont pas évanouis gémissent douloureusement.

Walter lève les sourcils, saisissant le seul encore conscient par le col de sa chemise.

- "N'y allez pas, c'est un monstre!"

L'homme panique, sa voix est nasillarde. Pour cause, il a le nez complètement écrabouillé, son visage ressemble à une purée de sang et de chair.

-" O-on était sept..." Gémit-il, des larmes s'écoulant de ses yeux.

Alistair Gardenian et l'Ordre des GardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant