Chapitre 50 : Malédictions

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Marley Barnes naquit à Londres dans les années 70 dans une ruelle froide et insalubre. Très petit, son existence fut conditionnée par la pauvreté... Le 16 juillet 1983, alors qu'il a quatorze ans, Marley dort sous un assemblage de tulles en métal rouillé et de ferraille. L'abri de fortune est loin d'être étanche, il est réveillé par des gouttes de l'orage diluvien qui s'abat sur Londres cet été. 

L'adolescent sort la tête de son abri métallique, jetant un oeil sur les caddies et les tentes. Le feu allumé dans le baril s'est éteint depuis bien longtemps. Malgré la fraicheur de ce mois de juillet, les autres sans-abris dorment profondément. 

Des lumières déchirent l'obscurité de la nuit, le grondement de bruits de pas s'intensifie. Des grosses bottes renversent les tentes. Marley les contemple avec effroi, ils éparpillent et cassent ses affaires, renversent sa nourriture à même le sol crasseux. Personne n'est épargné, ni Marley, ni les autres familles, qui s'enfuient dans la nuit noire sans même prendre leurs affaires. 

- " C'est toi alors, c'est toi qui a la drogue ? Mets tes mains sur ta tête ou on tire ! " 

Le jeune homme se retrouve acculé contre le mur, ses mains cherchant une échappatoire. 

- " Je vous jure que non, j'essaie juste de surviv-"

Un brouillard dense se dessine entre Marley et les policiers, un brouillard étincelant, de l'or en suspens. Une grande et large silhouette s'interpose entre le jeune homme et le groupe, de longs cheveux bouclés sombres que la pluie ne touche pas. 

L'inconnu se retourne vers Marley, son sourire luit dans la nuit noire, ses yeux effilés, ses iris dorés aussi luisant comme la lame d'un couteau. 

- " Ils t'ont dépossédé de ton seul et unique abri alors qu'eux, lorsqu'ils rentrent dans leur doux et chaud foyer, peuvent manger à leur faim, embrasser leurs familles, prendre une douche, dormir en sécurité entre quatre murs... " Souffle-t-il, de sa voix doucereuse. " Toi, tu n'avais qu'une planche de métal et... " 

Il désigne du regard les restes de nourritures détruits par la pluie. Marley serre le poing, les sourcils froncés, des larmes coulent sur ses joues pâles et froides. 

- " Qu'est-ce que tu attends ... " 

Il lève un bras maigre, de ses yeux s'échappe une fumée chaude, verdâtre et acide. Les silhouettes dansent sous la pluie, chaque goutte touchant peaux et vêtements leur arrache des hurlements. Les visages se couvrent de plaques rouges, la chair se dissout, l'eau ruisselant vers la bouche d'égout est teintée d'un rouge vif. 

Les lèvres de Marley s'étirent, ses jeunes yeux emplis d'admiration pour le spectacle d'horreur qui se déroule sous ses yeux mais surtout pour l'homme qui se trouve à ses côtés. Son protecteur. 

- " Cette vie est injuste Marley... " Souffle-t-il, en glissant derrière le jeune homme. " Mais nous pouvons la corriger ensemble, pour que tu n'aies plus jamais à dormir dans cet endroit... " 

L'enfant acquiesce vivement, un grand sourire aux lèvres, les pans de son pantalon trop long nagent dans la flaque rouge sous ses pieds. L'homme aux yeux d'or lui, est immaculé, il lui apparait tel une figure divine, intouchable. 

... 

Auréolé par les lueurs d'or s'échappant de la rotonde de l'Auditorium, Marley sourit. 

- " L'Avatar du Néant nous a promis la liberté éternelle... Pour nous, les pestiférés de cette société... Et les pestiférés de l'Ordre des gardiens... "

Un frisson de terreur traverse les membres présents dans la pièce, seule Mici demeure absorbée par le visage éclairé du traître. Sous ses sourcils froncés, ses yeux sont parcourus par la curiosité, l'envie brûlante de connaître, de toucher du doigt ce concept de liberté éternelle. 

Alistair Gardenian et l'Ordre des GardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant