Chapitre 39: Intermezzo

15 1 2
                                    

"Grandir.

Le temps s'arrête.

Fermer les yeux pour mieux voir devant soi.

Le monde s'écroule.

Pleurer pour faire fleurir le sol deflétri.

Ouvrir son oeil, le temps d'un intermezzo mortuaire."

- Rejoins moi. Souffle l'avatar du Néant. Retournons à Pandore, c'est là que ton corps t'attends. Je n'ai... Que peu de temps... Les chaînes de Pandore me retiennent encore... 

Son corps s'effrite tel du sable grisé au sol, sa respiration difficile. Alistair avise la situation, paralysé, sous les pieds de l'homme au deel, un portail pourpre à déjà commencé à s'ouvrir. Seule la main tendue de l'Avatar en direction d'Alistair, demeure intacte, attendant fébrilement celle du jeune homme.

- Je ne peux pas retrouver la vie sans mon corps... Susurre Alistair, pour lui même. Peu importe ce que Sin me dit... Je ne vois pas d'autre moyen de vivre... 

- Tous... s'accorderont à dire que ressusciter un être est impossible... Mais... Ma science... Les cellules de mon corps... Sont particulières... Proliférantes... À l'infini... Résistantes... Je peux t'apprendre leur secret, en tant que calice...

Alistair passe une main dans ses cheveux, la silhouette de l'Avatar s'engouffre lentement dans le portail. Le jeune homme avance, un pas après l'autre, à la joie de l'être de l'inconscient. Un grand sourire étire ses lèvres, il semble exulter, tandis qu'Alistair esquisse un pas dans le portail tourbillonnant.

- Donc... Ce sacrifice n'en sera pas vraiment un si je vous joins...

Se noyant dans ses sombres cheveux, l'Avatar plisse les yeux, tout sourire. Les pieds d'Alistair s'enlisent dans cette obscure boue.

- Bien sûr. C'était mon but depuis le début... Faire de toi mon calice, puis te rendre à ta vie ordinaire... Ne veux-tu pas être plus qu'un instrument des oracles... De l'univers? N'as-tu jamais rêvé de plus... De prendre ton destin en main?

Alistair repense à Douglas, ce gardien qui aurait utilisé ses pouvoirs pendant leur affrontements, le faisant sombrer dans sa propre nullité.

Toutes ces fois où il aurait rêvé de lui infliger, ne serait-ce que le quart des humiliations auxquelles il a goûté depuis son enfance...

Les placards... Les coups... Les paroles... Chaque jour, le jeune homme aurait voulu être plus qu'une ombre passive. Chaque jour, il aurait voulu, être autre chose qu'un lâche.

Les larmes roulent sur les joues du jeune homme, ses dents claquent, sa peau tremble. Est-ce de l'égoïsme, de vouloir changer la donne? Pourquoi ne peut-il pas aspirer à une vie tranquille? À cette personne fière qu'il aurait voulu devenir?!

- Je sens ta rage... Je sens ta peine mon enfant... Tout ceci n'est que ponctuel. Ce monde cruel, ces enfants qui n'auraient... pas souhaité naître dans un monde si impur et corrompu... Cette... humanité qui se prétend grande, mais incapable des plus petites actions pour... aider son prochain.

Alistair essuie ses larmes, sa main s'enflamme. La lueur déchire la noirceur du portail, son visage demeure sombre. Illisible.

- Le sacrifice d'un être ne vaut le coup que si il se prête à une juste cause... Susurre le jeune homme, les yeux lourds.

Ce sont ses mots.

Ses mots à lui.

- Bien évidemment... Souffle l'Avatar, entre deux quintes de toux. Ma cause est... La tienne... Je veux purifier... l'ordre naturel... En le libérant de ses chaînes... De l'oppression des plus forts... N'est-ce pas une cause qui mérite eff-

Alistair Gardenian et l'Ordre des GardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant