Empreinte Vicieuse

21. Show

C'est donc avec une énergie débordante qui rentre en contradiction avec sa soirée arrosée de la veille, que Julian vêtu de son style habituel, composé d'un cardigan gris couvrant son T-shirt blanc col V avec son pantalon chino camel, sort de sa chambre. Il a toujours fait attention à son style. Étant mannequin, il a l'habitude d'enfiler de superbes vêtements dessinés par les plus grand créateurs. La mode, n'a pas vraiment de secret pour lui. Sa prestance naturelle ne laisse par les filles indifférentes. Julian pourrait facilement s'en faire beaucoup, jouer les casanova et finir avec une chaque soir sauf que son éducation et sa personnalité l'en empêche. Sous ses airs de sexy man se cache un homme très bienveillant et doux.

Il descend rapidement les marches d'escaliers quittant la maison de ses parents à l'aube. Seuls les vigiles l'ont vu sortir avec sa Maserati verte qui ne passe jamais inaperçue, le luxe que couvre cette carrosserie est flagrante. Sur les routes elle suscite toujours autant d'intérêt et convoitise. Au vue de son âge bien supérieur à la maturité, et de son métier lui rapportant assez de gains par jour, il pourrait aisément s'offrir un appartement ou une Villa dans un de ces quartiers huppés abrités par des stars du moment. Seulement il préfère rester auprès de sa famille à laquelle se voue un attachement particulier. Il apprécie vivre dans cette grande demeure où il a passé la totalité de son enfance avec sa grande sœur, entouré de leurs deux chiens Cactus et Prince. Cactus est une Caniche et Prince un Berger allemand. Julian n'a pas oublié de passer leur dire bonjour, les caressant au passage comme chaque matinée. Pour que sa journée soit réussie il est nécessaire d'avoir vu ses chiens. L'amour qu'il leur porte est assez grand, et cela se ressent chez les canins car dès que leur maître est dans les parages ils s'empressent toujours de courir à sa rencontre, lui sautant dessus, léchant et reniflant sa personne. Ils sont pour le moins habitués à lui et font intégrante partie de la famille Vergara.

Une musique pop s'écoule depuis le lecteur, vitres remontées, climatisation  enclenché, Julian roule à grande vitesse sur les routes dégagés de Salamanca. Ses lèvres fredonnent la mélodie anglaise qui se veut différente de sa langue, lorsque la sonnerie de son téléphone le coupe. En voyant qu'il s'agit de l'un de ses meilleurs potes, il se contente d'activer le haut-parleur.

— Ju, t'es où ?

— Je vais chez Timo, toi tu pionces encore j'imagine !

Son interlocuteur éclate de rire.

— T'es pas loin, au lit avec une délicate fraise que j'ai bouffé toute la soirée ouh...

Julian ricane, connaissant la personnalité enjôleuse de son ami, il tourne à un virage. C'est le plus chaud de la bande, le plus queutard. Toutes les filles, doivent entrer dans son harem. Collectionneur, Reggie n'en a jamais assez. Métisse, beau, il sait séduire. Son côté américain se reflète beaucoup autant dans son style vestimentaire que dans sa musique. Reggie Williams est un jeune rappeur en pleine ascension. Deux ans que sa carrière a été lancée, des disques ont étés vendus. Il a même reçu des prix. Certes il touche la notoriété mais rien de bien élevé. Il continue de bosser visant le statut de superstar. Dans son pays, il est conscient qu'il aurait percé en un clin d'oeil. Un bon producteur, entourage, une musique qui claque et aussitôt propulsé. L'Espagne reste assez sceptique quant à son talent. De temps à autres, cela lui vient à l'esprit de retourner définitivement dans son pays d'origine. Penser quitter sa mère et ses potes, ses petites copines restent très dur pour lui. Reggie n'a pas encore osé passé le cap. Cogitant beaucoup, il est en pleine réflexion. Julian pense qu'il serait mieux son départ pour les states. Car avant tout, il pense à son épanouissement professionnel. Surtout sachant que Reggie adore la musique.

— Tu quittes tôt chez toi, tu voulais fuir tes parents ou quoi ?

C'est au jeune mannequin de s'esclaffer. S'il avait été encore un adolescent cette éventualité aurait été adéquate. Même si depuis toujours il a fait ce qu'il voulait. Jamais ses géniteurs ne lui avait mis de limites. Julian est libre de sortir, de coucher, de s'éclater en soirée, tant qu'il reste raisonnable. Sauf que cela ne l'a jamais vraiment effleuré. Il a profité de son adolescence, sans faire le fou.