Chapitre 15

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Namjoon avait eu le nez fin : depuis son ouverture il y avait de cela trois semaines, le club ne désemplissait pas : les clients de la semaine, souvent des habitués de l'ancien club et le week-end beaucoup d'autres , parfaitement inconnus jusqu'alors , faisaient que le pari du séoulite était une réussite . La machine était bien rôdée : ouverture tous les soirs de la semaine dès 18h pour permettre aux travailleurs et aux couche- tôt de venir se rincer l'œil tranquillement après une longue journée de travail ou bien avant d'aller se coucher avec femme et enfants. Le week-end c'était différent : les danses privées dans les petites salles intimes ou dans les coins discrets de la salle faisaient leur apparition tout comme l'ouverture du coin casino et des paris. Les paris ! cela faisait partie des nouveautés que Namjoon avaient amené au club. Jimin ne savait pas si c'était très légal, mais en voyant un soir le chef de la police du district entrer dans la dite salle, il comprit qu'il ne pourrait pas s'en servir contre lui. Trois danseuses et deux autres danseurs étaient venus compléter la partie spectacle, mais dès le début ils avaient snobé les deux amis. En fait ils semblaient au bout de leur vie d'avoir atterri dans une si petite ville et passaient leur temps libre en facetime avec des relations laissés à Séoul. Hoseok et Jimin s'étaient donc mis instinctivement à l'écart dans les loges. Cependant pendant les représentations ils se retrouvaient avec les deux garçons, Lay et Chen sur la scène pour performer. Selon l'ambiance et la clientèle les filles alternaient avec les garçons pour les danses et seuls les séoulites pratiquaient pour l'instant les danses privées.

Jimin avait été soulagé quand Cidus l'avait informé qu'il serait en salle, sans oublier de lui rappeler une bonne centaine de fois qu'il avait dû presque implorer Namjoon et que par conséquent il lui était redevable. Il était reparti depuis quelques jours à Séoul ,ou on l'attendait avec 'impatience' comme il l'avait clamé théâtralement en quittant les danseurs, jugeant le spectacle parfaitement au point. Les soirées étaient longues, épuisantes et rébarbatives. Les danses duraient une heure entrecoupées de pause de 15 minutes avant de reprendre et ceci jusqu'à tard dans la nuit. Le week-end était dédié aux danses à thème : pompier, policier infirmière et geisha et c'était un franc succès. Si au début Jimin était quasi certain que le boss avait fait venir des connaissances à lui voir même payé des gens pour gonfler la clientèle, maintenant le succès de ce club ne pouvait pas être remis en question. Le danseur avait encore du mal et ressentait de la honte à se trémousser ainsi devant des dizaines de personnes. Il avait repoussé sèchement un des premiers clients lorsque celui-ci c'était presque hissé sur la plateforme, une liasse de wons dans la main, et avait attrapé sa jambe musclée pour le faire s'agenouiller afin de glisser les billets dans son boxer. Cidus lui avait rappelé aussitôt les menaces du boss. Depuis Jimin faisait le vide dans sa tête et dansait mécaniquement comme un robot, sans aucun plaisir. Hoseok le reprenait souvent, le forçant à sourire d'un air aguichant. Jimin obéissait bien conscient que sa place, bien qu'il la détestait, était fragile et que le boss n'attendait qu'une erreur de lui pour intervenir et lui faire payer. De temps en temps Jungkook faisait une brève apparition pendant que Jimin bossait et lui souriait, semblant essayer de lui envoyer des ondes positives, mais lui était honteux que le brun le voit ainsi, affublé de tenues ridicules et vulgaires. A plusieurs reprises il avait essayé de parler au danseur pendant une de ses pauses, mais celui-ci avait tout fait pour l'éviter.

De plus le noiraud appréhendait le retour de sa mère car les rumeurs allaient bon train dans Inje et beaucoup de personnes savaient déjà que le garçon était devenu gogo. Ce qui faisait le plus souffrir Jimin , c'est le regard que posait Tae sur lui. Il avait bien sûr lui aussi entendu les rumeurs et le danseur était persuadé au fond de lui qu'il connaissait la vérité. Ils ne se voyaient que très peu, vu que l'ado quittait la maison à l'aube quand Jimin dormait encore, et qu'il revenait quand celui-ci allait bosser. Mais la tension était palpable et pour le peu de discussions qu'ils avaient pu avoir le ton était monté très vite. Tae lui avait annoncé que dès que Chi serait rentré, il partirait en internat, qu'elle était déjà au courant et que Gi avait accepté de participer au frais d'inscription. Jimin avait tenté de lui expliquer que sa décision était ridicule alors qu'il avait refusé cette solution peu de temps avant et qu'il pouvait au moins attendre la fin du trimestre voir du début de l'hiver pour des raisons de sécurité sur la route. Tae était resté campé sur ses positions et avait fini par avoir une attitude insolente envers son frère, l'insultant avant de quitter la maison sans laisser le temps à Jimin d'essayer de la calmer. Depuis Tae l'évitait soigneusement. Jimin sourit amèrement : comme lui le faisait avec Jungkook.

Jimin reposa sa tasse de café à peine entamée conscient qu'à cette heure avancée de la nuit , elle ne l'aiderait sûrement pas à trouver le sommeil, malgré la fatigue et tous ses muscles endoloris qui réclamaient son lit. Son téléphone vibra et il l'attrapa inquiet de recevoir un message en pleine nuit.

On doit parler Jimin rendez-vous dans la cour à ta pause de 22h demain près du muret comme la dernière fois. JK

Malgré la joie qu'il ressentit en lisant ce message le noiraud ne put s'empêcher de se demander si Jungkook allait lui annoncer une mauvaise nouvelle ou s'il voulait seulement le revoir. L'angoisse le submergea et il vida sa tasse de café d'une traite sachant qu'il n'allait désormais pas trouver le sommeil maintenant. Puis il prit son portable pour répondre au brun.

C'est à propos de Namjoon, il a encore eu une idée nauséabonde ?

Le danseur fixa l'écran en se rongeant les ongles pendant des secondes qui lui parurent interminables.

Non, pardon de t'avoir stressé, je veux juste de parler....te voir.

Le soulagement fut de courte durée car le danseur ne savait pas s'il aurait le courage de se retrouver en face du jeune homme et il décida qu'il n'irait pas le rejoindre et c'était mieux pour eux deux.

La pagode bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant