♠️Préface ♠️

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Le bruit inquiétant de la cloche, avait retenti plus longtemps que les jours précédents, amenant ainsi, une atmosphère lugubre qui s'était peinte sur les visages creux de chaque villageois. Qui, ils le savaient déjà, ce son, était un signe porteur...de malheur et de discorde. Et comme à chaque fois, les pères et les mères inquiets, échangeaient des regards remplis de terreur, accourant dans les chambres de leurs progénitures, les membres tremblant d'effroi.

Les nombreuses fenêtres en bois aux vitres salies par une accumulation de crasse, laissait diffusés un filtre gris, ainsi qu'un climat de terreur généralisé, qui avait refroidi toute la petite communauté déjà réunie dans la chapelle à la structure bancale.

Aujourd'hui encore, il assisterait à la déchéance de l'une des leurs.
Peut-être que leurs yeux baissés n'assisteraient pas à la douleur qui déchirait de part en part le visage huileux de la victime, témoignage des sentiments qui lui broyait les entrailles, mélange de haine et d'impuissance à peine contenue. La vieille vilageoise savait dans son fort intérieure, que personne n'aura le courage de lui prêter main-forte, ainsi aucune plainte ne sortait de ses lèvres, refusant de perdre son restant dignité.

Aujourd'hui encore, les inquisiteurs s'embarrassait dans les formalités en vue de respecter un temps soi peu les normes qui étaient régies par leurs semblables, afin de cacher au mieux leur idéologie dictée par ce qu'ils croyaient savoir, tandis que la réalité était tout autre. Pourtant, personne n'était assez crédule pour croire dans de telles inepties, seulement, aucune silhouette ne s'était révoltée, préférant se terrer dans un silence mortuaire, qui était vite devenue contagieuse.

Lorsque la limitation du sanctuaire était franchie, un accord silencieux semblait être celé au milieu de ce petit comité. Personne ne devrait l'enfreindre au risque de voir ceux de leur sang subir la peine qui s'en suivait, et cela, tout le monde le savait, cependant personne n'osait le dire.

Peut-être que cette femme, était l'une de celles qui avaient franchi la limitation prescrite. Celle qui croyait, que faire preuve de folie était une attitude courageuse.

Clac

Le bruit révoltant du marteau, de l'homme venait d'entrée en collision avec la planche en bois, délivrant ainsi le verdict. Une lourde culpabilité, s'abattait brutalement sur la foule, qui restait toujours dans leur état de stoïcisme total, de peur qu'un châtiment similaire s'abbate sur leur misérable vie. Un geste qui démontrait combien la nature humaine pouvait être meurtrière et perfide pour lui-même, ainsi que pour ses semblables.

Dès lors, on donnait un petit tabouret de bois à la victime, qui lui procurait un accès plus large afin d'arriver à la corde attachée à la poutre. Un portail qui donnait directement sur le royaume des personnes, qui n'avait plus le privilège de fouler la terre des gens bénies du souffle du Très Haut.

Ce qui avait le pouvoir de lui ôter son dernier souffle autour de son cou, dont la veine palpitait sous un taux élevé de frayeur et de résignation, la villageoise dans sa robe rapiéçée, abaissait pour la dernière ses paupières sur les nombreux visages des spectateurs de sa mort. Un sourire triste aux lèvres, avant qu'on ne lui mette un tissu poussiéreux sur son faciès pâle.

Crac

Le bruit de son cou brisé par la force de sa chute et de la pression de la corde qui lacerait son muscle, retentissait comme une mélodie infernale dans l'espace occupé. Son corps pendait comme une marionnette sans l'appui de son marionnettiste. Son âme venait lui être enlevée par un acte des plus abominable, celle de son exécution.

Les autres villageois, ceux dont la situation ne touchait ne serait-ce qu'une partie de leur âme, faite de noirceur, et qui n'avait d'égal que leur immonde perfidie, regardaient la scène avec un sentiment intense de satisfaction. Sans savoir que leurs corps seraient soumis à un sort plus triste, que celui à laquelle ils venaient d'assister.

L'ironie du destin, dirait-on...

Pourtant ce qu'ils ignoraient tous, était que sous ce ciel couleur fade. Caché par le manteau grisâtre des nuages, qui semblait avoir adopté la même teinte sinistre que la pâleur affligeante des villageois. Une vie innocente venait d'être prise sous la pression trop forte des suppositions, et de prétendu témoignages.

Une condamnation à mort qui amènerait tant d'autres dans son sillage, déchirerait des familles, des amitiés, écraserait sans pitié les prémices des amours naissants. L'être humain commettait toujours la même injustice, et cela, à chaque fois que l'occasion se présentait, mais toujours sous une forme bien différente que la précédente ! Pensa sournoisement la silhouette féline qui se léchait la patte tranquillement sur une branche.

Néanmoins, ce qui était d'autant plus désolant, c'est que l'être humain ne retenait jamais la leçon, et c'était ce qui les mènerait à leur perte.

Le félin regardait une dernière fois le corps de la présumée coupable pendre lamentablement à la corde, une dernière pensée pour son âme. Puis sautait de son perchoir, laissant dans son sillage une aura ténébreuse, et puissante qui asséchait brutalement la branche, pour disparaître dans un brouillard sombre, et épais.

L'or Noir- Nitescence De L'ombre-(En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant