Chapitre 2

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- Suivez moi s'il vous plait. Je dois encore vous montrer les dortoirs avant que les premiers cours ne commencent.

Éloane ne se fit pas prier et continua de suivre la directrice de l'établissement sans un bruit. Lorsqu'elles rejoignirent le hall par lequel elle était arrivée , la jeune fille ne put s'empêcher d'attarder son regard sur la porte menant à cette mystérieuse pièce condamnée. Même si elle savait qu'elle ne devrait probablement pas s'approcher de cette salle comme elle le faisait depuis si longtemps, Éloane se fit silencieusement la promesse que cette fois, elle irait voir. Juste pour se prouver à elle même que tout ça n'était que le fruit de son imagination. De toute façon, ça l'était n'est-ce pas ? Elle n'allait tout de même pas croire en l'existence de fantômes ou de toutes ces choses là. C'était ridicule. 

Un raclement de gorge peu délicat résonna dans l'entrée ce qui la sorti de ses pensée. Madame Clark se trouvait sur la première marche des escaliers le regard sévère. 

- Ne me faites pas perdre mon temps jeune fille, j'ai d'autres chats à fouetter.

La rouquine s'excusa brièvement et s'empressa de rejoindre la vielle femme. En regardant autour d'elle, Éloane se rendit compte que le hall était comme toute les autres pièces. La tapisserie tenait difficilement aux murs à cause de l'humidité et elle dut sans cesse faire attention à l'endroit où elle posait ses pieds si elle ne voulait pas traverser le plancher. En arrivant à l'étage, elle fut surprise par le silence qui y régnait. Ce couloir, qui était censé mener aux différentes chambres sembla vide. Le fait que les cours devaient maintenant débuter dans une demi-heure ne fit qu'augmenter la surprise de la jeune femme. A l'inverse, cela n'avait pas l'air de choquer la directrice. Peut-être que les cours ne commençaient qu'à neuf heures ici ?  

La directrice poursuivit son long chemin jusqu'à atteindre la dernière porte du couloir. Dans cette zone du bâtiment, les lustres suspendus au plafond ne fonctionnaient plus et étaient recouverts par de larges toiles d'araignée. La fine moquette tassée par les années qui recouvrait le sol jusqu'à maintenant n'avait pas été installé jusqu'à la fin de cette étroite allée. La femme âgée fit face à la porte portant le chiffre vingt-trois puis inséra une fine clef dans la serrure. Un léger déclic se fit entendre avant que la porte ne s'ouvrit maladroitement. En entrant dans la chambre, la vielle femme grommela quelques paroles et se dirigea vers la petite fenêtre se trouvant au fond de la chambre.

- Cette chambre n'a pas été utilisée depuis de nombreuses années, commença t-elle en tirant les rideaux. Comme vous pouvez le voir, il y a quelques problèmes au niveau de l'électricité et de la peinture. J'en suis fort navrée mais il n'y a pas d'autre chambre de libre pour le moment et nous n'avons pas été prévenu assez en avance de votre arrivée, finit-elle le regard hautain. Je vais vous laisser ranger vos affaires et vous préparer. Les cours commencent à huit heures. Soyez dans mon bureau dix minutes avant afin de récupérer votre emploi du temps et quelques autres papiers.

Sans un mot de plus, la directrice tourna les talons et ferma la porte dans un grand claquement ce qui menaça de faire tomber la petite étagère fixée au mur. Éloane déposa son sac à ses pieds et promena son regard sur la petite pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle ne pouvait décidément pas commencer à ranger ses affaires maintenant. Le petit lit sur sa gauche était recouvert de draps qui devaient être installés ici depuis une décennie. Le bureau qui lui faisait face était revêtu d'une pellicule de poussière et il en était de même pour la petite étagère et le placard. En plus de cela, elle devait être dans le bureau de madame Clark dans dix minutes. Elle ne pouvait vraiment pas se lancer dans un grand nettoyage maintenant. Elle lui demandera de quoi nettoyer sa chambre après les cours. 

Pour faire passer le temps, elle décida de préparer son sac en y ajoutant quelques feuilles qu'elle avait trouvé dans un tiroir ainsi qu'un stylo. Avant son départ imprévu, Éloane n'avait pas eu le temps de récupérer toutes ses affaires. Elle devait maintenant faire avec ce qu'elle pouvait trouver et les maigres provisions qu'elle avait réussi à rassembler ce qui se résumait à quelques vêtements, ses affaires de toilettes et une vielle photo de sa mère et d'elle. 

Depuis son plus jeune âge, Amy, sa mère, avait été sa seule famille. Amy avait en effet perdu ses parents très tôt et ne possédait ni cousins, ni frères et sœurs ce qui faisait d'Éloane la seule personne sur qui elle pouvait se reposer. Mais cette façon de vivre n'avait jamais perturbé les deux femmes. Sa mère et elle étaient très proche et l'amour qu'elle lui apportait était amplement suffisant. La seule chose qui pouvait venir assombrir ce tableau était son père. Malgré la relation qu'elle entretenait avec sa mère, elle aurait voulu apprendre à le connaître et partager sa vie. Seulement, cela était impossible et Éloane c'était déjà fait à cette idée. Sa mère lui avait avoué quelques années auparavant qu'il était tombé gravement malade peu avant sa naissance, la laissant ainsi l'élever seule après sa mort. En revanche, après la disparition de sa mère dans un accident de voiture le mois passé, elle trouvait un autre point négatif à la façon dont elles vivaient depuis toutes ces années : elle était désormais seule. Et même si elle essayait de se prouver le contraire, cela serait toujours le cas. 

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Son emploi du temps entre les mains, Éloane tenta de trouver la salle dans laquelle elle avait cours. Malheureusement pour elle, en plus d'être mal entretenu et peu éclairé, le bâtiment était aussi très grand. Elle tourna en rond pendant de longues minutes sans parvenir à trouver l'aile scientifique. Alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour pour demander de l'aide, des chuchotements attirèrent son attention. Elle fit volte-face mais ne vit personne dans le couloir. En revanche elle remarqua du mouvement à travers la porte entrouverte qui se trouvait sur sa gauche. En supposant que cette salle pouvait être celle dans laquelle se tenait son premier cours, elle s'avança dans sa direction. Lorsqu'elle franchit le seuil, elle constata amèrement que la pièce était vide. Éloane sentit que cette première journée se déroulait de plus en plus mal. Au point où elle en était, cela ne servait plus a rien de se précipiter pour trouver sa salle. Autant visiter le bâtiment et espérer croiser les autres enfants à la pause. Elle pourrait aussi essayer de demander de l'aide à Madame Clark si celle-ci se trouvait toujours dans son bureau. Même si cela l'obligerait à se faire sermonner et à entendre la vielle dame marmonner dans sa barbe qu'elle lui faisait perdre son temps. 

Eloane voulu repartir en direction du hall lorsqu'elle aperçut du mouvement derrière une étagère de livres qui se tenait au fond de la salle. Surement une élève qui préférait faire le mur plutôt que d'assister à ses cours. Trop heureuse de pouvoir enfin croiser quelqu'un qui pourrait l'aider, elle se précipita jusqu'à la silhouette qui lui tournait le dos. 

- Est-ce que tu pourrais m'aider à trouver mon chemin ? Je cherche la salle dans laquelle je dois aller mais je ne sais même pas si je suis dans la bonne partie de l'établiss-, s'interrompit elle à la vu du visage de la fillette qui se trouvait devant elle.

A la vue de la mystérieuse petite fille, Eloane sentie que la bonne résolution qu'elle avait pris plus tôt lorsqu'elle avait vu la porte condamnée la quittait petit à petit. Toute forme de courage s'envola instantanément lorsque sa petite main potelée se posa sur son emploi du temps. Elle lâcha le papier dans un cri aigue : sa peau était glacée et complètement bleue. 

Éloane essaya de rester calme, sans succès. En voyant la fillette de plus près, elle découvrit, en plus de tout les autres détails qui l'effrayaient déjà, que ses cheveux étaient recouverts d'une fine couche de glace qui ne semblait pas vouloir fondre. D'ailleurs, tout semblait figé chez elle, de son physique en passant par les expressions de son visage. Lorsque la petite ouvrit la bouche pour prendre la parole, de la buée s'en échappa comme si elles se trouvaient toutes les deux dehors, durant une longue nuit d'hiver. Or, même si depuis ce matin personne ne s'était décidé à actionner le chauffage, il ne faisait décidemment pas aussi froid. D'autant plus que lorsque Éloane avait parlé, ce phénomène ne s'était pas produit.

- Je t'en supplie, ne t'enfuie pas. Tu es la seule personne qui veut bien me parler depuis des lustres. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, ni pourquoi tout le monde s'amuse à faire comme si n'existait pas, mais je ne trouve pas cela drôle du tout. 

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Heyy, 

Voici la suite de Éclipsée, j'espère que cette histoire vous plait en tout cas n'hésitez pas à me laisser votre avis, ça compte énormément pour moi.

Je vous dis à bientôt et surtout prenez soin de vous,

:)

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 19, 2023 ⏰

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