Son corps est léger comme une bise. Elle avait toujours rêvé être moins lourde mais Inui détestait cette sensation. Il n'arrivait plus à la sentir, tant elle avait maigri. Ils préféraient tout les deux oublier ce qu'elle avait vécu. Alors, il lui ac...
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Parfois, les cicatrices d'une relation sont tellement profondes qu'il devient impossible de les soigner.
Depuis qu'il avait pensé à leur rencontre, Inui était tracassé, pour ne pas dire totalement obnubilé par la peur de perdre la jeune femme. Que faire si Koko revenait une nuit pour la prendre de ses bras ? Que faire s'il ne laisse derrière lui qu'une trace de sang sur la taie d'oreiller ?
Il n'en dormait plus la nuit et gardait toujours une main sur sa commode nuit, au cas où.
Mais, elle, ne comprenait pas la psychose de son compagnon. S'ils étaient partis à la campagne, ce n'était pas pour qu'elle vive enfermée dans une forêt qui la terrifiait plus qu'elle ne la fascinait. Il lui avait promis de réaliser son rêve, pourtant.
Comme toujours entre eux, la dispute s'intensifia.
Inui préféra se taire pour ne pas dire des choses aussi blessantes que la dernière fois. Mais, il ne comprit pas que le mutisme était une option équivalente. Et avant même qu'il ne rende compte, elle aussi avait cessé de parler et avait disparu du salon.
Qu'à cela ne tienne.
Inui empoigna une massue et se dirigea vers le mur séparant le bureau du salon, séparation qu'elle souhaitait tant voir détruite. Et de là, il frappa la pierre, encore et encore, déconstruisant petit à petit un mur qui avait peut-être le double de son âge.
Il voulait juste la protéger ! Il voulait juste qu'elle puisse s'épanouir doucement, sainement, comme une fleur au soleil.
Peut-être ne parlait-elle pas seulement de ce mur quand elle disait qu'elle étouffait. Être libre, voilà son seul souhait. Mais Inui était trop égoïste pour lui accorder rien que ça, car ça signifierait la mort de quelque chose d'important chez lui.
Alors, il explosait la massue contre les briques. Comme un petit souvenir frappant de son ancienne vie.
Et, graduellement, derrière le fracas, apparaissait la silhouette de la jeune femme qui se tenait là, debout dans le bureau, l'observant indifféremment détruire ce qui les séparait. Des plaies, des bleus, des égratignures parsemaient son corps comme des constellations macabres.
Inui crut que toutes ces soudaines blessures étaient dues aux éclats de pierre qu'elle avait reçu tandis qu'il explosait la cloison. Frappé au coeur, au moins aussi fort qu'il frappait le mur avec sa massue, il se précipita à travers l'embouchure, abandonnant tout sur son passage pour la prendre dans ses bras.
« Il était temps », souffla-t-elle de soulagement, en enfouissant sa tête dans son cou.
La jeune châtaine releva alors doucement son visage pour le regarder dans les yeux, avant d'ajouter placidement :
— Seishu, tu as tellement de colère en toi que même en t'en prenant la moitié, tu ne serais toujours pas apaisé.
Et il sut que c'était vrai car son âme brûlait rien qu'en l'effleurant. Il était particulièrement en colère aujourd'hui car il sentait que le vent l'emportait bientôt. Que sa conscience n'avait plus rien à vendre pour qu'elle reste.
