Son corps est léger comme une bise. Elle avait toujours rêvé être moins lourde mais Inui détestait cette sensation. Il n'arrivait plus à la sentir, tant elle avait maigri. Ils préféraient tout les deux oublier ce qu'elle avait vécu. Alors, il lui ac...
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Ils avaient une organisation chaotique, en ce qui concernait les travaux de cette maison en ruines, la faute à un amour plus fort que l'appel de la moisissure. Ils étaient restés au lit toute la matinée comme des marmottes, rejetant des souffles chauds sous la couette et abandonnant des bras froids en dehors.
Les deux amants ne mangèrent même pas le midi, se nourrissant seulement des battements de coeur et du soleil passant à travers leurs yeux. Puis le début d'après-midi passa tendrement, peau contre peau, et pris dans des discussions éternelles. Après beaucoup de courage et d'étreintes électriquement amoureuses, ils s'étaient enfin décidés à s'atteler aux travaux du rez-de-chaussée.
— On dirait que y a que moi qui taffe, fit remarquer Inui avec un regard faussement mauvais.
— Tu sais bien que ma partie préférée, moi, c'est le soutien émotionnel.
Le jeune blond se mit à rire doucement. Et tandis qu'il peignait le mur du salon adjacent à la baie vitrée, la jeune femme regardait fixement la cloison derrière laquelle se trouvait ce qui avait été un bureau, dans une autre vie. Un voile étrangement sombre passa rapidement devant ses yeux puis disparut à ses pieds. Comme une ombre rapide.
— D'ailleurs, Seishu, il faudrait penser à casser ce mur. J'étouffe.
Le concerné regarda à son tour ce qu'elle observait et répondit un "d'accord", tout à fait convaincu. Il aurait démoli des montagnes et des déserts pour elle, après tout.
Pour mettre à bien le plan qu'ils avaient en tête, ils décidèrent de prendre la voiture pour faire quelques courses dans des magasins de bricolage, un peu plus loin vers la ville. Puis, une fois dehors et couverts des rayons du Soleil, ils voulurent passer un peu de temps à visiter cette région nouvelle dont ils ne savaient rien.
Ils s'amusèrent comme des fous. À boire la tasse dans la rivière animée, à chasser des champignons alors que ce n'était pas la saison. Le Soleil qui défilait dans le ciel les fixait comme un oeil chaleureux et protecteur, souriant dans un rayon lorsqu'ils s'embrassaient.
Sur le chemin du retour, elle avait les yeux lourds comme du plomb et le corps anesthésié par la fatigue. Quelques instants plus tard, Inui observait son enveloppe recroquevillée de statue, comme partie depuis longtemps dans un autre monde. Son expression lui fit penser à la fois où il l'avait mystérieusement retrouvée emballée dans son manteau dans la forêt. Il retint un frisson.
Une fois la voiture à l'arrêt devant la maison endormie, Inui la fit glisser sur son dos pour la ramener à l'intérieur. Il s'éclairait désormais à la lueur incandescente des phares, depuis que toutes les lumières du ciel avaient filé à l'anglaise pour laisser la place aux étoiles.
Des murmures qui soufflaient à ras de l'herbe embrassèrent ses chevilles lorsqu'il passa les racines d'un arbre triste. La terre s'enfonça un peu sous les pas d'Inui car il avait plu ces derniers jours et que la nature, ici, respirait particulièrement bien lorsqu'on la laissait en paix.
