𝗱𝗮𝗻𝘀𝗲 𝗲𝗻𝗰𝗼𝗿𝗲 𝘂𝗻 𝗽𝗲𝘂

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La chanson des cœurs parcourait les étages, en flirtant avec les murs

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La chanson des cœurs parcourait les étages, en flirtant avec les murs. Pour une fois dans cette maison, la candeur ne faisait qu'un avec le travail.

Lorsque le passé et le présent se mélangent, il n'y a que les idéalistes et les gens heureux qui ignorent la fin.

Dans ce silence naturel, imposé par l'existence même des animaux et de la forêt, les rires sont aussi rares que les ciels agrume, la veille des jours de mauvaise météo.

Un pas en avant, ça peut aussi être un pas à reculons. Ils hésitaient sur la direction où s'avancer. Ils avaient beau s'éviter, le résultat était le même : toujours à s'attirer, même les yeux fermés, toujours à danser vers l'être aimé.

Les deux tourtereaux se chamaillaient entre les étages, s'embrasant ardemment, se chauffant comme des électrons libres, se cherchant en s'embrassant.

Elle s'accrochait à son cou, en se détachant aussitôt, l'ignorait en le tenant du regard, l'attirant inlassablement vers elle comme la Terre vers le Soleil. Que la pluie s'écoule dans la maison, que les dieux s'attaquent à leur union ou que le toit leur tombe dessus, au hasard, aucun des deux ne sauraient arrêter l'harmonie qui les parcourait.

Leur chasse amoureuse les amena dans la salle de vie, imbibée de rayons solaires postméridiens.

Quelques planches de parquet, gondolées à force d'intempéries, avaient également cédé sous le chahut. Les murs étaient encore verts de nature et de vieillesse, et on respirait presque autant de fleurs que de champignons. Pire encore ! Maint et maint éclats parsemant les fenêtres venaient percer la frontière entre le réel et le merveilleux.

Mais peu leur importait. Pour eux, même le pire des cachots leur aurait semblé palace, à travers les pupilles, gorgées de transports d'allégresse.

Mains dans les mains, ils se fixaient langoureusement sur le sol centenaire de leur nouvelle maison. La jeune femme commençait à faire vaciller doucement sa tête, appréciant le spectacle se déroulant à l'intérieur même de sa conscience.

— Tu veux bien me faire danser ?, s'enquit-elle ingénument.

— Hmmm, non, pas aujourd'hui. On est censé commencer les travaux.

— Oh, s'il-te-plait. J'adore quand tu me fais danser.

Inui fit une grimace de réflexion, levant les yeux vers la droite, avec un rapide geste de lèvre.

— Bon. Très bien.

Et, tout en tapotant du pied pour se donner un rythme régulier, il se mit à chantonner à demi-mots la chanson qui passait tous les soirs au bar. C'était ce genre de geste qui transportait la jeune femme dans une émulsion et un abandon sans borne. Un acte qui fait tomber amoureux, ou qui fait aimer plus qu'on ne le fait déjà.

Ils dansèrent, comme des feux follets, sur le parquet moisissant du salon.

Ils se tenaient le bout des doigts, les lâchaient, dansaient, se chassaient en s'enlaçant.

Ils faisaient glisser leurs pas aussi naturellement que venaient leurs pensées.

C'était glaçant et chaleureux à la fois. Une glace en été et un feu de bois en hiver. Une ambiance sifflotante, d'un instant hors du temps.

Son âme était si flottante que lorsqu'Inui la faisait tournailler, il sentait la peur qu'elle s'envole se mêler à l'exaltation d'une danse si ingénument charnelle.

Les histoires sont faites pour être racontées, mais celle-ci visiblement pas. Tout était dans les gestes, les vibrations de coeurs et les non-dits. Explosion d'émotions, câlins fougueux.

— On n'a jamais été plus heureux qu'une fois pauvres et ostracisés.

— En fait, on n'avait jamais été heureux.

La danse finit par s'essouffler et la paire, une fois séparée, se retrouva dans les bras l'un de l'autre. On se conforta dans le souffle, dans les soulèvements de poitrine, ou bien même dans les sourires, pour éviter de penser à la conclusion de cette valse qu'on aurait voulu interminable.

Cette scène faisait partie de celle qui donnait à la vie l'envie d'être vécue.

C'est ce que c'était dit Inui en observant l'omniprésence du bonheur et l'inexistence du mal dans les prunelles de sa concubine. Il n'était même pas au courant qu'il était capable de voir autant de nuances dans une simple paire d'yeux, à s'en demander s'il n'avait pas appris quelconque sorcellerie en restant à ses côtés.

Tout était beau et romantique.

Tout était lisse et reposant.

On avait dit que l'amour adoucissait la tâche. Par conséquent, la danse était celle qui l'occultait totalement.

— Peut-être devrait-on commencer par le salon, pour ne plus finir les pieds dans la terre ?, fit-elle remarquer en riant.

Inui releva ses pieds nus de la crevasse du parquet où il avaient fini de s'agiter. Ils étaient devenus bruns de saleté et boueux, sans qu'il l'ait remarqué. Il eut une demie-grimace de dégout.

Puis il rit à son tour.

Puis il rit à son tour

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âme ruinée | tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant