Épilogue

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Durant tout le reste de mon année de CE1, il n'y eut pas vraiment d'incident à déplorer. Du moins pour ma part car de son coté la moufette continua d'uriner dans sa culotte quasiment une fois par semaine. Et à chaque fois que ça lui arrivait, je restais à ses cotés pour la soutenir même si les moqueries avaient fini par cesser. Pourtant, jamais je ne lui ai avoué que j'avais moi aussi un problème de propreté qui m'imposait de laver mes caleçons presque tous les jours.

Hélas à la fin de l'année scolaire, nos chemins se séparèrent. La maman d'Amélie avait enfin obtenu la dérogation pour laquelle elle se battait depuis que sa fille était arrivée dans cette école miteuse et elle avait logiquement sauté sur l'occasion pour la changer d'école. Mais puisque nous continuâmes d'habiter le même quartier, cela ne nous empêcha pas de rester des amis très proches, si bien que pas une semaine ne passait sans que je ne sois invité chez elle. C'est donc en solo que j'ai continué ma route en CE2 et avec monsieur Lantier comme instituteur ce fut un calvaire quotidien. Il ne m'aimait pas et c'était réciproque. Fort heureusement lorsqu'il notait les contrôles il savait faire preuve d'impartialité. Ou alors peut être qu'il acceptait de me mettre des bonnes notes pour ne plus avoir à me supporter l'année suivante dans sa classe. De son coté, Amélie avait enfin découvert une école avec des toilettes propres et plus jamais elle n'eut à déplorer de regrettables accidents. Mais moi j'ai du attendre d'entrer au collège pour obtenir ce luxe et ainsi laisser derrière moi mon problème de slips souillés. Cela ne m'empêcha pourtant pas de recommencer régulièrement l'expérience du pipi et caca culotte en cachette.

Aujourd'hui vingt années ont passé. Amélie est restée l'une de mes plus proches amies, tout comme six autres camarades que je me suis fait dans cette école. Et quand je parle d'amitié, je parle de celle qu'on forge avec le temps, celle sur qui on peut compter dans les coups durs. Lorsque j'ai eu mon accident du travail qui m'a permis de simuler l'incontinence urinaire, je n'ai pas hésité à leur confier que j'allais devoir porter des couches jusqu'à la fin de ma vie. De fils en aiguilles on en a profité pour se remémorer cette histoire que je vous venez de lire et à ce sujet ça fait bien longtemps qu'Amélie a pardonné à ceux qui avaient pu se moquer d'elle. Elle en rigole même librement lorsque, devant les yeux amusés de nos conjoints et conjointes, nous nous appelons par nos surnoms respectifs. Moufette, il y a pire comme surnom. C'est mignon une moufette, ça a une bonne tête. Et moi je suis resté «la truffe», car durant toute mon année de CE2, pas une seule fois monsieur Lantier n'a fait l'effort de m'appeler par mon prénom, préférant largement me rappeler mes origines rurales en usant à l'excès du nom de ma commune natale. Et au sujet du pardon, moi aussi j'ai fini par pardonner à mes parents. Ils pensaient me rendre service en agissant ainsi mais ne dit on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions? Quant à mon état d'esprit aujourd'hui, je pense qu'on peut le résumer par une citation de Tristan Bernard: «Je ne retomberai jamais en enfance, j'y suis toujours resté.»

La moufetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant