Chantage

41 4 12
                                    


La jeune fille se sentait lourde. Si lourde.

Elle d'un naturel joyeux, qui donnait le sourire aux autres, n'arrivait pas à s'arrêter de pleurer. Comment le pourrait-elle ? Un sentiment de solitude épais, noir, effrayant, l'enveloppait totalement.

Cela faisait des jours que ça durait. Des jours où la plus simple des contrariétés, la plus simple des tristesses, s'emparait d'elle le soir, une fois que tout le monde dormait profondément.

Elle se sentait si seule, si vide... Elle avait tellement peur de ce qui lui arrivait. Et elle ne pouvait en parler à personne. Car qui voudrait écouter une fille aussi pathétique, qui pleurait sans même en connaître la raison ? Qui voudrait l'écouter, elle qui normalement ne pouvait pas, ne devait pas, se sentir de cette façon ? Qui voudrait partager son fardeau avec elle ?

Qui voudrait d'elle, tout simplement ?

Alors elle continuait de sourire devant ses amies. Elle continuait de rire, de s'amuser sous la lueur du soleil. Mais une fois seule, dans les ténèbres de sa chambre, elle laissait libre cours à ces larmes traîtresses, qui lui prouvaient qu'elle n'était qu'une façade, qui lui imposait de regarder la vérité en face.

Elle n'était pas heureuse.

Son cœur se serra une nouvelle fois à cette pensée, et les sanglots arrachés lui mouillaient les joues, et rougissait ses yeux. Elle s'imposa le silence le plus absolu, malgré ses hoquets désespérés, ne voulant pas réveiller sa famille. Ne voulant pas les inquiéter. Ne voulant pas leur montrer cette fille, si perdue, terrifiée, qu'elle était devenue.

Un de ses sanglots fut plus fort, dérangeant sa petite sœur, qui dormait sur le lit superposé du dessus. Paniquée à l'idée de la réveiller, Mirai se leva, les larmes toujours coulantes, et se dirigea lentement vers la porte de leur chambre, décidant de se rendre dans le salon de leur maison.

Elle s'assit, et s'empara d'un oreiller, avant de se courber sur elle-même, cherchant à se faire la plus petite possible.

Elle passa la nuit là, allongée sur le canapé, les sourcils froncés à cause de ses cauchemars incessants, serrant fermement le coussin trempé de ses larmes, en demande de réconfort.

Le lendemain matin, Yuki Momoyama la retrouva là. Elle sourit face au visage qui semblait paisible de sa fille et décida de la laisser dormir un peu plus. Il était encore très tôt après tout. Elle se détourna et allait commencer à préparer le petit-déjeuner, quand un gémissement venant du canapé la figea. Elle retourna vers sa fille et eut un geste de recul en voyant les larmes qui coulaient même dans son sommeil.

Pensant à un cauchemar, Yuki secoua doucement l'épaule de Mirai, cherchant à la réveiller. Mais dès que sa main la touche, la jeune fille sursauta, les larmes coulant encore plus fort qu'auparavant.

Elle vit sa mère devant elle, et eut un regard apeuré, avant de se forcer à sourire. Sauf que pour la première fois, Yuki voyait au-delà du sourire, et remarqua les yeux vides de sa fille. Elle jura, ne comprenant pas comment elle avait fait pour ne rien remarquer jusqu'à présent, pour n'avoir pas vu la détresse de Mirai avant qu'elle ne soit si forte.

Elle entoura les épaules de sa fille, et l'attira contre elle, en la serrant contre son cœur. Mirai ne tient plus, et se mit à sangloter bruyamment, n'en pouvant plus de garder ce vide qui la consumait petit à petit.

- Maman... Maman...

- Je suis là, ma chérie, maman est là...

Mirai ne pouvait pas s'arrêter de pleurer. On aurait dit que des semaines, voire des mois de tristesse, de colère, d'amertume et de frustration avaient décidés que ça serait le moment de tout vider, de sortir, de se faire voir du monde entier.

Kiratto Prichan One-shotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant