La légende du lac Solaâr

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Légende Rivanold

Je vais vous conter une bien vieille légende, une légende plus vieille que la République du Feu, une légende qui a vu naître un lac de flammes éternelles. Une légende qui a plus de cinq milles ans.

Née avec une peau aussi blanche que les eaux de Glaglalack, et les yeux rouges comme la braise qui allume une flamme pure, Blanche était étonnement petite, et semblait malade et fragile. Elle avait la carrure d'une allumette et la force d'un pétard mouillé. Blanche était si faible que tout pouvait la blesser. Ses parents, d'honorables paysans de ce qui deviendra plus tard la République de Feu, déprimaient et n'arrivaient pas à rentabiliser leur fille. Pour eux, Blanche n'était qu'un trou dans leur porte-monnaie, une bonne à rien, alors très rapidement ils la maltraitèrent en cœur.

Ils lui ont fait tout essayer : paysanne, femme de ménage, tisserande et même prostituée. À chaque fois, elle n'y arrivait pas, se blessait et faisait perdre du temps et de l'argent à tout le monde. Ils ont alors essayé de la donner comme esclave à plusieurs personnes des villes et villages voisins, mais ça finissait toujours pareil : elle cassait quelque chose quand elle ne se cassait pas elle-même, puis elle se faisait insulter et rabaisser avant d'être chassée à coups de pied et renvoyée chez ses parents.

Blanche n'avait pas son mot à dire. Elle essayait sincèrement de bien faire mais c'était contre sa nature. Elle était tellement terrorisée par les reproches et voulait tellement bien faire que dès qu'on lui adressait la parole elle sursautait et bien souvent, cassait quelque chose par maladresse. Elle finit par penser elle-même qu'elle n'était bonne à rien et ses parents l'enfermèrent dans un placard à balais. Parfois, lorsque qu'une étincelle de gentillesse les frappait, ils lui apportaient un vulgaire bout de pain rassis que même un Cocholait ne mangerait pas.

Cinq ans avant l'âge recommandé, les parents de Blanche l'obligèrent à passer l'épreuve de l'Horlogerie divine. « Soit tu meurs, soit tu deviens utile, mais ne reviens pas tant que tu n'as pas obtenu les faveurs du dieu Haüracle » dit son père en lui tendant une fiole de Drogue Divine de contrebande en piteuse état. La fiole était si repoussante que personne de sensé n'aurait acheté une horreur pareille.

Pour rappel, tout Rivanolds est invité à se rendre à l'Horlogerie Divine du Dieu Haüracle muni d'une fiole de Drogue Divine, l'Épreuve est déconseillée au moins de vingt-trois ans. Le type et la qualité de la drogue et de son récipient vont modéliser une épreuve unique à chaque Rivanold. Il existe cinq types de drogues : Feu, Air, Terre, Eau et Temps. Plus la qualité du récipient est élevée, plus l'épreuve sera simple. Et plus la qualité de la drogue est fine plus la faveur d'Haüracle sera puissante.

Les parents de Blanche, lui avait donc donné la plus médiocre des drogues dans une seringue qui pourrissait à vue d'œil. « Tu devrais t'estimer heureuse d'avoir des parents aussi généreux que nous » dit sa mère, « Rare sont ceux qui gaspilleraient une drogue d'une telle qualité pour une fille aussi inutile que toi » compléta son père. Ils ne lui donnèrent pas une seule pièce de cuivre pour le voyage et la firent sortir de son placard avec autant de considération qu'un marchand pour un esclave. Ne sachant faire autre chose qu'obéir, Blanche partit à pied jusqu'à son épreuve où elle espérait trouver la mort sans avoir à se suicider.

Tous les Rivanolds sont liés à l'Horlogerie d'Haüracle et peuvent s'y rendre juste par désir. Blanche désirait sincèrement se rendre à son épreuve et s'était promis de rester en vie jusque-là. Elle qui était si fragile et faible, elle qui n'avait jamais rencontrée de Rivanolds aimable et bienveillant jusqu'à présent, elle qui pensait que sa race n'était qu'ignominies et perversions, elle voulait réussir une seule chose dans sa vie et c'était juste de pouvoir choisir sa mort. Ce que Blanche redoutait plus que tout durant son long voyage était de se faire violer à nouveau par un inconnu. Elle voyagea donc seule, loin des routes, cachée derrière sa capuche abimée en espérant ne pas être agressée par des bandits, des marchands d'esclaves ou n'importe quel autre monstre.

Contes et Légendes RivanoldsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant