Bienvenue au Sweetenstein - Tome 1 - Edité

3.

Deux semaines plus tard, Ivar me découvre figée dans la boutique. Téléphone en main, je me trouve sans réaction depuis cinq bonnes minutes. Je n'arrive pas à croire en ce que je viens de voir. Ça doit être une blague qu'on me fait, c'est sûr ! Les jumeaux y sont pour quelque chose, c'est évident ! Mon ami se plante face à moi et agite ses doigts devant mes yeux. Je le fixe sans répondre et retourne l'écran vers son visage. Ivar est contraint à se reculer pour pouvoir lire les mots affichés sur le cellulaire.

— « Madame, nous avons l'honneur de vous convier aux festivités données en l'honneur du trentième anniversaire de Son Altesse Sérénissime le prince Alessandro De Luca. Nous vous prions de bien vouloir trouver, en fichier joint, les indications concernant votre accueil ainsi que le règlement qui régira votre entrée au Sweetenstein. Veuillez noter qu'en vertu des accords passés avec votre pays, tout manquement à l'ordre établi sera instamment sanctionnable. Merci d'étudier savamment les documents puis de nous les renvoyer dûment paraphés et signés. Ceci validera votre adhésion aux lois du Sweetenstein », lit le Viking en s'excitant sur les derniers mots.

— C'est une blague de votre part, Ivar ?

— Pas du tout ! Je n'en reviens pas ! Tu as prévenu mon frère ?

— Non, je viens de recevoir le mail et depuis, je suis bloquée sur place !

— Alors, saute de joie, ma belle : tu pars au Sweetenstein !

— J'y crois pas !

— Charlie, écoute-moi : tu vas grimper au sommet du Mont Candy, putain !

— Oh putain, putain, putain, oui !!!!

Mon corps s'anime enfin et je me mets à sauter sur place avec Ivar, attirant l'attention des clients de la boutique. Comme certains sortent leur téléphone pour nous filmer, je fais signe à mon ami de se taire afin de ne pas divulguer l'information. À partir de maintenant, il va falloir réfléchir à notre stratégie de communication, car il est hors de question d'annoncer nos intentions sur les réseaux sociaux. Le trek étant interdit sur le Mont Candy, ce n'est pas le moment de dire à voix haute que je compte trouver un moyen de contourner la loi. J'entraîne un Ivar déchaîné jusqu'au bureau et claque la porte derrière nous avant de le stopper en posant mes mains sur ses épaules.

— Va falloir garder ça secret, ordonné-je en ancrant mon regard dans le sien.

— Tu rigoles ! On doit gueuler ça à nos abonnés, Charlie ! proteste Ivar.

— On s'apprête à trahir les lois d'un pays, idiot, il est nécessaire qu'on ferme notre bouche.

— Mais...

— Je sais ! J'ai envie de le dire à tout le monde aussi, mais la prudence reste de mise. On doit absolument réfléchir à un alibi à tous nos préparatifs également.

— Tu veux vraiment faire ce trek ?

— Évidemment !

— Comment tu comptes t'y prendre ?

— On a..., commencé-je avant de vérifier le mail officiel de la principauté du Sweetenstein, deux semaines pour tout organiser au millimètre.

— C'est super court !

— Ce sommet n'est pas difficile, l'ascension ne dure que quelques heures et seule la ligne de crête est ardue. Ce qui me soucie c'est plutôt l'acheminement du matériel là-bas et comment m'échapper de l'unique ville de l'île.

— Il va nous falloir des complices sur place.

— Ouais, c'est là où ton génie va entrer en jeu.