Accalmie

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« Je t'emmènerai cent fois à la montagne. Deux cent fois. Autant de fois que tu le voudras. Je t'emmènerai où tu veux. On fera autant de courses que tu le souhaites. Mais ne m'abandonne pas. »

•••

Ses rires lui manquaient. Son sourire lui manquait. Ses yeux en forme d'amande qui le regardaient toujours avec une certaine flamme dans ses iris de glace, la chaleur de sa main quand il le rattrapait de justesse.

Il lui manquait. Mais il ne pouvait plus le voir. Il ne le voulait plus.

Comment avait-il pu oser faire cela ? Oser briser leur promesse à eux ? Reki se sentait attaqué directement, blessé, vexé, offensé. Il était en colère contre Langa, malgré la tristesse qui habitait ses yeux en ce moment même.

Le rouquin se redressa au milieu de son lit, entouré de ses couvertures colorées et ses oreillers moelleux et certains pelucheux. Il n'eut pas besoin de jeter un œil au petit miroir accroché au mur de sa chambre pour voir qu'il ne ressemblait probablement à pas grand-chose. Aux appels de sa sœur benjamine, Reki quitta son lit, un peu à contrecœur, et entrouvrit la porte brune de sa chambre pour faire signe à sa sœur qu'il était bien réveillé. Et cette dernière reprit son chemin dans ma demeure traditionnelle vers la cuisine, pour prévenir leur mère.

Le temps de toucher à son petit-déjeuner - bien que l'idée de devoir revoir Langa à côté de lui au lycée, toute la journée, à la table juxtaposée à la sienne - lui coupait l'appétit, l'adolescent prit son uniforme, l'un de ses célèbres pulls colorés aux motifs d'horlogerie et d'engrenages au centre, un bandeau pour ses cheveux, et fila dans sa salle de bain.

Une fois dans celle-ci, il ne prit pas la peine de se regarder plus attentivement dans le grand miroir au dessus du lavabo, ou encore dans le petit miroir grossissant pour admirer ses cernes qui ne faisaient que grandir, au file des nuits qu'il passait à pleurer et dormir en pensant à celui aux cheveux d'un bleu froid. Il ne lui fallu que cinq minutes pas plus pour prendre sa douche, puis s'habiller, et descendre dans la cuisine, les cheveux encore humides, certaines mèches encore mouillées dégoulinantes d'eau.

La cuisine sentait bon, comme d'habitude. Sa mère était une déesse en matière de cuisine, mais dès qu'il se faisait cette réflexion, l'image de Langa, qu'il avait vu cuisiner une fois par un concours de circonstances, refaisait sur place, et ses yeux regardaient automatiquement le sol plutôt que le petit déjeuner préparé par sa mère. Cette dernière, en se retournant, étonnée de ne pas avoir de réponse de son fils, remarqua sa mine déprimée.

« Reki, tout va bien ?

- Hein..? Hum, oui. J'ai juste mal dormi. Je prends juste mon déjeuner, je n'ai pas faim.

- Mais.. Enfin, Reki ! »

Mais l'adolescent avait déjà quitté le salon, son bento enveloppé dans un tissu coloré dans la main. Quelques minutes plus tard, le rouquin quitta le salon, skateboard sous le bras pour se rendre au lycée.

Comme chaque matin, depuis cette nuit-là, il prit une chemin différent de l'habituel. Et ainsi, comme chaque matin, il ne croisa pas Langa, qui tantôt essayait de lui parler du S, de Adam, des courses du moment, et tantôt de lui parler de tout et de rien.

Le rouge voulait lui parler, il en mourrait d'envie, mais quelque chose l'en empêchait.

Quand il pensait à Langa, l'image de Adam le plaquant presque au sol durant leur course lui revenait en mémoire, et lui faisait monter les larmes aux yeux, faisait trembler son corps. Il ne voulait plus se souvenir de la terreur qu'il avait ressenti cette nuit-là, où il voulait venger, soigner, l'honneur de Miya. Pour qui s'était-il pris ? Comment avait-il pu penser ne serait-ce qu'une seconde qu'il avait la moindre chance de battre Adam ? L'un des piliers du S... Ce fut une fois devant l'imposante bâtisse qu'était son lycée que le rouquin décida enfin de relever la tête. Autour de lui, les autres lycéens ne le remarquaient même plus. Comme au S, où il était invisible par sa banale façon de rider. Au lycée, il se démarquait au moins par son sourire, sa joie de vivre, par son enthousiasme, mais sans cela, il devenait un élève banal...

ᴀᴄᴄᴀʟᴍɪᴇ || 𝑹𝒆𝒏𝒈𝒂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant