Lorsque la sonnerie annonçant la fin du cours résonna à travers les couloirs du lycée, Gabin laissa échapper un soupir de soulagement. Il rangea ses affaires en moins de trente secondes et pressa Adam, assis à sa droite, d'en faire autant. Lorsque leurs sacs furent bouclés, Gabin se précipita vers la porte pour enfin sortir de l'enfer que représentait pour lui la salle de mathématique. Mais, c'était sans compter sur Petra qui poireautait devant le bureau du professeur, pour lui poser une de ses fameuses questions sans fin.
- « Ne me dis pas qu'il faut qu'on l'attende ? » – couina Gabin, en regardant, la mine déconfite, Petra qui leur faisait les gros yeux.
Il sautillait sur place, en faisant des gestes peu discrets à la petite blonde pour qu'elle se dépêche. Son débat avec le professeur parut durer des heures pour les deux garçons, mais elle finit par les rejoindre, satisfaite. Elle disposa sur sa tête son éternel bob noir et ils prirent la direction de la petite cour intérieure de leur lycée. Gabin avançait de sa démarche décontractée, tout en grignotant une barre de céréales. Toutefois, en apercevant leurs trois autres camarades, assis sur l'un des bancs en métal vert, Adam le sentit se crisper.
- « Hum, les gars, je viens de me souvenir. Il faut que j'aille rendre un livre à la bibliothèque. On se retrouve en anglais ? – bafouilla-t-il maladroitement avant de retourner à grandes foulés à l'intérieur du bâtiment.
- Pas croyable celui-là... Comme s'il allait nous faire croire qu'il savait lire. Ce n'était pas la peine de me presser pour que j'abrège ma conversation avec le prof si c'était pour fuir Diana juste derrière. » – éructa Petra en roulant des yeux.
Adam lui passa un bras autour des épaules et lui adressa un maigre sourire. Elle lui rendit, comprenant qu'ils ne pouvaient pas faire grand-chose pour arranger la situation. C'était entre Gabin et Diana. Ils rejoignirent les autres sur le banc. Petra s'assit aussitôt contre Émile et le taquina sur sa vieille paire de basket. Il haussa simplement les épaules, l'air de dire qu'il s'en fichait pas mal. Les deux passaient énormément de temps ensemble, même si souvent Petra faisait la conversation pour les deux. Ils étaient si complémentaires que voir l'un sans l'autre était devenu tout bonnement impossible. Le Ying et le Yang. Elle, un petit bout de femme, minutieuse et toujours bien soignée, à la peau aussi blanche que la neige et aux longs cheveux de blé. Lui, un grand métisse sage et réservé, coiffé de courtes dreadlocks et vêtu des premiers vêtements qui lui passaient sous la main au réveil.
Adam resta quant à lui debout prêt de Venetia et Diana, installées sur le dossier du banc. Il remarqua aussitôt que l'attitude fuyarde de Gabin n'avait pas échappé à cette dernière, qui garda une mine grise tout au long de la pause. Elle ne lâcha pas le moindre mot, préférant entortiller inlassablement ses cheveux frisés entre ses doigts bronzés. Venetia prit sa main libre dans la sienne, lui adressant silencieusement son soutien, tout en discutant de la pluie et du beau temps avec Adam.
Adam connaissait Venetia et Gabin depuis qu'ils étaient tout petits, puis les trois autres avaient rejoint la bande au fur et à mesure des années. Il avait toujours pensé que son petit groupe d'amis pourrait surmonter n'importe quelle épreuve. Mais, en réalité, les liens qui les unissaient étaient bien fragiles. Il s'était mis à penser cela à partir du jour où Gabin et Diana avaient soudainement mis fin à une relation de plus d'un an et demi. Personne ne s'y était attendu et personne n'avait jamais vraiment su pourquoi. Depuis, les deux faisaient l'effort de maintenir leur groupe de six, mais il y avait des jours, comme celui-ci, où l'un ou l'autre ne s'en sentait pas capable et laissait le groupe à cinq. Et lorsqu'il n'était que cinq, ce n'était plus pareil. Il manquait quelque chose, une réplique que seul l'un aurait pu sortir, un geste que seul l'autre aurait pu faire. Il n'y avait plus ce même équilibre. Il viendrait un jour où ils n'auraient plus du tout le courage de continuer et le groupe se séparerait. C'était inévitable. Car Adam était un peu trop du côté de Gabin et Venetia un peu trop du côté de Diana. Quant à Émile et Petra, il leur serait impossible de prendre un parti et ils finiraient par s'en aller de leur côté. Adam priait pour que ce jour n'arrive jamais, car il avait besoin d'eux à ses côtés plus qu'ils ne pouvaient s'en douter.
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Et Tout Faire Valser
RomanceLeur rencontre fut le fruit d'un grand hasard. Autrement, jamais Adam n'aurait mis de lui-même les pieds dans la librairie du père d'Agathe. Et c'est ce grand hasard, cette simple rencontre qui fera tout valser. Valser leurs relations, valser leurs...