Chapitre 9 : L'Armée de Libération

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Le téléphone posé sur la table basse d'Elisabeth ne cessait de vibrer furieusement, faisant trembler tous les meubles de l'appartement, mais la jeune femme était trop exténuée pour jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil à l'appareil qui perturbait sa somnolence. Elle avait passé la nuit sur le canapé du salon, partagée entre la peur d'être seule dans sa chambre et celle de voir à nouveau Dabi débarquer chez elle. Finalement, la fatigue avait eu raison d'elle et elle s'était laissée gagner par les affres du sommeil sur le clic-clac inconfortable. D'un geste machinal, elle tapa du poing sur le téléphone puis, celui-ci n'arrêtant toujours pas de sonner, elle le retourna et cacha ses yeux de la lumière vive qui en émanait. Six appels manqués et trois messages de Hawks.

« Est-ce que tout va bien ? »

« Kugisaki, appelle-moi rapidement. »

« Si tu n'as pas répondu dans les 10 minutes, j'envoie une escouade du SAT* chez toi. »

« Du calme, je dormais simplement. Je t'appelle après ma douche. Tu es dans un endroit sûr ? »

Elle appuya sur la touche « envoyer » et prit la direction de la salle de bain, là où Dabi avait soigné ses blessures qu'il avait lui-même causées. Elisabeth ne savait décidemment pas quoi penser du garçon. Elle avait bien compris qu'il avait cherché à la piéger la veille, en lui faisant appeler sa sœur. Se doutait-il de quelque chose ? Oui, c'était évident, sinon jamais il n'aurait demandé une telle chose. Mais s'il savait, pourquoi se contentait-il de les regarder, Hawks et elle, planifier leurs manigances ? Etait-il malfaisant au point de les laisser échafauder leurs plans pour les abattre au bon moment ? L'idée d'un autre espion lui revint à l'esprit et sa théorie lui parut plus plausible encore. Si Dabi savait réellement, c'est qu'il avait un autre informateur. Et qui de mieux qu'un infiltré au lycée ? Kugisaki tourna le robinet et les dernières gouttes d'eau disparurent dans le siphon de la douche. Après s'être séchée, elle attrapa son téléphone et lut le nouveau texto.

« Ne m'appelle surtout pas. Ne me contacte pas aujourd'hui. Quelque chose est en train de se passer avec les vilains. »

Et à peine avait-elle eu le temps de finir de lire que le nom de Dabi apparut sur l'écran et elle décrocha fébrilement.

« Allô ? »

*SAT : équivalent du GIGN japonais.


« Je détruirai tout. »

La voix rocailleuse de Shigaraki fit s'envoler les oiseaux qui dormaient paisiblement dans la cime des arbres. Devant lui, Deika City s'étendait jusqu'à l'orée d'une forêt, elle-même bordée des flans des montagnes. Jamais Elisabeth n'aurait pensé voir une banlieue aussi perdue dans ce paysage. La ville était encastrée dans la nature, s'étirant dans une sorte de cuvette, surplombée par les sommets des alpages. Les maisons étaient presque toutes semblables, similaires à celles que l'on trouvait d'ordinaire en agglomération, quelques magasins simples emplissaient les coins de rue et des barrière rouges et blanches délimitaient la périphérie de la ville. Là-haut, postés sur la montagne la plus basse, les membres de l'Alliance dominaient majestueusement la vue du district.

« Bah c'est la province quoi. Ni franchement grand, ni franchement petit... » Commenta Spinner.

« Ça a l'air sympa comme coin », ajouta Twice avant de hurler : « TROP NAZE ! »

« Une heure avant le réveil de la bête », indiqua Mister Compress.

« De la bête ? » Interrogea Elisabeth.

Sa voix était trop basse pour que quiconque l'entende à travers le souffle des bourrasques de vent et elle resta sans réponse. Le vilain au chapeau haut-de-forme continua de parler de cette fameuse bête du nom de Machia tandis qu'Elisabeth observait tout autour d'un air anxieux. Dabi avait l'air totalement décontracté, bien qu'un peu contrarié, et sa main tenait nonchalamment sa nuque. Le matin-même, il l'avait appelé, rapidement après l'avertissement de Hawks.

Ne tirez pas sur le héros ailéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant