Chapitre 1

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Je ne me rappelle plus comment cela s'était passé... seuls les gyrophares résonnent encore dans ma tête et...la volonté de voir les traits de ton visage une dernière fois... me hante encore. C'était un soir d'hiver...

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- Esperanza, tu peux descendre les enfants sont arrivés ! Déclare la voix grinçante de ma mère.

Les enfants... tout mais pas eux, pas ceux-là, pas ce soir. Je me voyais déjà emmitouflée dans mon plaid, un paquet de bonbons d'un côté et des chips de l'autre. Mais sûrement pas en train de jouer à la grande sœur un peu trop collante.
D'un pas lent et sans conviction, je descends les marches qui mènent au salon, j'entends d'ici la voix un poil trop aiguë de la petite fille que je dois garder ce soir.
A peine ai-je réussi à enjamber les legos, les poupées et tout ce qui peut être encombrant, que je me retrouve en face de deux mômes. Une toute petite fille haute comme trois pommes, avec des cheveux d'un blond flamboyant et une frimousse à en faire craquer plus d'un -mais pas moi- et un petit bonhomme, une sucette à la bouche et sa casquette mise à l'envers qui annonce bien la couleur.

- Bien Esperanza, voici Laura et Lucas, il y a tout ce qu'il te faut pour les occuper, normalement, et si tu as besoin d'aide ou si il y a un problème n'hésite surtout pas à nous appeler.

- Oui maman je sais ! T'inquiète je gère ! De toute façon vous n'êtes pas bien loin. Et puis ce n'est que le temps d'une soirée... aller file tu vas être en retard !

Elle prend son manteau d'un rouge pourpre, son sac à main, sa paire de clé posée sur le plan de travail, me claque la bise et par la même occasion la porte.

Le silence règne jusqu'à ce que j'entende les roues de sa Mercedes crisser sur le sol. Le bruit s'amenuisant, me soulignant que j'étais enfin seule avec les enfants.
Le salon est désert, comme la cuisine à vrai dire. De légers bruits de rires et de chamailleries habitent le haut de la maison. La nuit est tombée depuis un bon moment, j'éteins les lumières du salon et décide de monter les escaliers. Arrivée sur le palier près de la balustrade qui donne sur le salon, je distingue la raie de lumière passant sous la porte de la salle de jeu.
D'un pas feutré, je m'avance vers cette salle...conservatrice de souvenirs, de rires, de pleurs et de chamailleries.
Les enfants sont chacun occupés à jouer à leur jeu, l'une avec ses poupées, l'autre avec ses voitures et son parcours.

- Esperanza ! Tu es là ! Tu veux bien m'aider à finir mon circuit à voiture s'il te plaît !

- J'arrive Lucas ! J'arrive... je reviens et je suis prête.

C'est avec des sueurs froides le long de tout mon corps et la vision trouble que je sors de la pièce. Il me faut quelques minutes le long du grand mur blanc froid de la maison pour reprendre mes esprits. D'un geste de tête je mets mes souvenirs néfastes dans une case, dans cette case, déjà remplie de souvenirs oubliés.

Je passe par la salle de bain. Mon visage est rafraîchi par l'eau froide qui sort du robinet et c'est après un long regard dans le miroir que je décide de sortir et de rejoindre les enfants.
Une respiration plus tard et me voilà assise près du circuit de Lucas.
Les pièces se montent petit à petit, à la même vitesse que mes épaules se décontractent... ma respiration devient plus calme et au fond de moi j'en oublie mes cauchemars.

Il est vingt-deux heures lorsque les enfants sont enfin fatigués. Chacun dans son lit, chacun dans sa chambre. Et demain je serai enfin tranquille lorsque leurs parents viendront les chercher.
Je décide avec fatigue de prendre une bonne douche chaude, pour finir sous mes draps bien chaud.
En un claquement de doigts et sans réfléchir à mes cauchemars qui hantent à leurs habitudes mes pensées, je sombre dans un profond sommeil.

Stay in my heartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant