Bonheur

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Aileen mit pied à terre et salua de la main Duncan, qui s'était retourné sur le dos de son cheval au galop. Lorsqu'il eut disparu derrière les arbres, elle soupira de bonheur et se dirigea vers l'écurie. Ils étaient fiancés depuis deux semaines maintenant, et elle avait l'impression de vivre dans une bulle où seul leur amour comptait. Alors qu'elle marchait sur le chemin battu par les vents menant à l'écurie, elle se prit à se remémorer leur histoire.
La première fois qu'elle l'avait vu, c'était au bal fêtant l'arrivée du printemps. Son père, chef du clan MacLeod et organisateur de la fête, avait tenu à ce qu'elle dansa. Ce qu'elle détestait d'habitude. Seulement, ce soir là, Duncan s'était présenté. Il s'était incliné devant elle avec un petit sourire en coin, et la danse avait prit un attrait nouveau. Seigneur, comme ils avaient rit ! Compte tenu de la position de son père, elle avait été obligée de danser avec bien d'autres hommes, mais dès qu'elle pouvait, elle retournait vers Duncan. Celui-ci restait assis à boire du whisky lorsqu'il ne dansait pas avec elle. Pour le plus grand plaisir de la jeune femme.
A partir de ce soir là, elle n'avait cessé de penser à lui. Néanmoins, elle ne l'avait pas revu pendant presque un mois. Finalement, son père et lui étaient revenus présenter leurs hommages à son père. Cal MacLeod était le laird, et la famille de Duncan lui devait obéissance. Mais cette hiérarchie n'empêchait nullement les pères d'Aileen et Duncan d'être d'excellents amis. Aussi, après avoir discuté quelques instants sur un ton formel, MacLeod avait invité son vieil ami à boire un verre en sa compagnie. Ils s'étaient dirigés vers le bureau de MacLeod et Duncan s'était tourné vers la jeune fille, qui avait assisté à l'entretien. Il l'avait invité, avec ce même sourire, à venir se promener sur la lande avec lui. Elle avait accepté, évidemment ! Il lui avait appris qu'ils avaient du, son père et lui, se rendre auprès de son grand-mère mourant. Aileen avait exprimé toutes ses condoléances, et pensé que la promenade n'allait pas être très joyeuse. Mais Duncan s'était montré aussi gai que lors du bal, et elle tomba amoureuse de lui.
Après cette promenade, ils se revirent de nombreuses fois. Ils allaient se promener sur la lande par tous les temps et, lorsqu'il pleuvait trop fort, ils se réfugiaient sous un arbre dont le feuillage était si dense qu'il les protégeait presque intégralement de la pluie. Cela avait duré presque deux mois, et Aileen commençait à se demander si la profonde amitié qui les liait l'un à l'autre évoluerait un jour. Mais cela avait finit par arriver. Il l'avait embrassé, sous leur arbre. Et il était partit presque aussitôt, sous la pluie battante et sans prononcer un mot. Aileen était restée hébétée quelques instants, puis avait attendu que l'averse se calme. Elle était ensuite rentrée chez elle, se demandant ce que tout cela pouvait bien signifier. Pendant plusieurs jours, elle avait attendu de ses nouvelles. Finalement, alors qu'elle se promenait aux abords du château, elle était tombé sur lui. Sans un mot, le visage fermé, il lui avait présenté son bras. Ils avaient déambulé quelques instants en silence, jusqu'à ce que le jeune homme lâche :
- Je suis désolé Aileen. Je n'aurai pas du faire ça.
- Quoi ? Vous enfuir comme un voleur ou m'embrasser ? Avait-t-elle rétorqué en riant.
Il s'était retourné vers elle, médusé.
- Ça ne vous … Enfin, que je vous ai embrassé, ça ne vous... dérange pas ?
Sous son regard, la jeune fille avait rougie avant de répondre bravement :
- Comment cela aurait-il pu me déranger ?
Alors Duncan s'était éloigné de quelques pas, lui tournant le dos, puis s'était retourné brusquement, la main dans ses cheveux roux.
- Aileen … Aileen voulez-vous m'épouser ?
Elle avait dit oui, comme elle avait accepté toutes les promenades qu'il lui avait proposé. La seule différence était que celle-ci durerait toutes leurs vies.
Contrairement aux craintes de la jeune fille, son père n'avait émis aucune objection. Si la position de Duncan n'égalait pas celle d'Aileen, il venait d'une famille riche et influente. Leur mariage devait être célébré dans un mois.

- Mademoiselle ?
Aileen sursauta et revint brusquement à la réalité. Elle se tenait à présent dans l'écurie et un jeune domestique la regardait, l'air curieux.
- Comptez-vous vous occuper de votre cheval où voulez vous que je le fasse ? Voilà cinq minutes qu'elle s'agite
Le jeune fille regarda sa jument, qui semblait effectivement d'une humeur massacrante.
- Oh … Oui oui, vas-y.
Elle lui tendit la bride et retourna d'un pas guilleret vers le château de son père.

L'épouse du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant