L'épouse du diable

L'inconnu

Aileen pénétra dans le bâtiment et s'arrêta, surprise, devant les portes de la grande salle où son père recevait. Elles étaient fermés. Cela n'arrivait pratiquement jamais. Intriguée, elle se dirigea vers l'escalier et faillit percuter Fergus, l'homme de confiance de son père. Aussitôt, elle l'interrogea :
- Avec qui mon père est-il ?
L'homme fit la grimace.
- Je ne sais pas. Un homme effrayant qui a refusé de me dire son nom. Il est allé voir votre père, qui a presque aussitôt exigé qu'on ferme les portes.
Aileen était de plus intriguée.
- A quoi ressemble-t-il exactement ?
Fergus frissonna puis lâcha :
- Au diable. Il est grand, plus que votre père … Ou Duncan, ajouta-t-il avec un sourire. Néanmoins il reprit tout de suite son sérieux et continua :
- Son visage est effrayant, pourtant il n'a rien de disgracieux. Je ne peux pas vous expliquer … Il est tout simplement terrifiant. J'espère que vous ne le croiserez pas.
La jeune femme acquiesça et s'apprêtait à reprendre son chemin lorsque la porte de la grande salle s'ouvrit avec fracas. Son père apparut et commença à hurler :
- Fergus, va me chercher ma …
Il s'arrêta brusquement lorsqu'il aperçut la jeune femme et Fergus le fixant, l'air surpris.
- Aileen, lâcha-t-il. Parfait. Viens là, j'ai besoin de toi.
Elle le suivit aussitôt dans la salle et frissonna lorsque la porte se referma derrière elle. Ses yeux tombèrent presque aussitôt sur le visiteur qui était appuyé sur la bord de la cheminée, leur tournant le dos. Il était effectivement d'une taille hors du commun. Son père avait avancé jusqu'au milieu de la pièce et elle le rejoignit. Elle se colla presque à lui, terrassée par une peur lui semblant irraisonnée. Néanmoins, elle ne pouvait chasser l'impression qu'une menace planait au-dessus du château des MacLeod.
- Père, pourquoi m'avez-vous fait venir? demanda-t-elle à voix basse.
MacLeod répondit, les yeux fixés sur le dos de l'étranger :
- J'ai besoin de ton avis par rapport à une affaire importante.
A peine eut-il finit de prononcé ces mots que l'homme se retourna. Aileen eut un violent frisson. Fergus avait raison. Son visage n'avait rien de disgracieux. Seulement, c'était la chose la plus effrayante qu'elle ait jamais vu. Le géant lui adressa un sourire cruel.
- C'est en effet une affaire importante, puisqu'elle vous concerne, lança-t-il.
Aileen décida de passer outre l'effroi que lui inspirait sa voix et regarda son père.
- Père, qu'est ce que cela signifie ? Qui est-ce ?
Cal ouvrit la bouche mais l'inconnu répondit à sa place :
- Je suis le Diable !
Le regard de la jeune femme alla de l'étranger à son père, tandis que son esprit repoussait les mots qu'elle venait d'entendre.
- C'est pour ça que j'ai besoin de ton aide, murmura MacLeod à sa fille.
Elle secoua la tête. Les mots de l'inconnu dansaient à présent dans sa tête : Je suis le Diable, Je suis le Diable …
- Père c'est absurde, il se joue de nous enfin !
- Pourquoi ne pas vous adresser directement à moi ? Interrogea d'un ton aimable le Diable, ou qui que ce soit.
Aileen inspira profondément et se tourna vers lui.
- Avez-vous une preuve, monsieur, de ce que vous avancez ?
- Oh bien sûr ! Répondit-il d'un ton guilleret. Il se tourna de nouveau vers la cheminée et s'accroupit. Elle le vit plonger les mains dans le feu et resta figée sur place. Il se releva finalement et la regarda en agitant ses mains. Elle l'observa quelques instants, complètement hébétée, puis se dirigea à grands pas vers lui, espérant qu'elle n'avait pas vu ce qu'elle croyait. Elle s'arrêta devant la cheminée et ordonna :
- Recommencez.
L'homme haussa les épaules et s'exécuta. Elle le vit clairement mettre ses mains dans les flammes. Il saisit même la bûche qui brûlait. Enfin, il ôta ses bras du feu et les lui montra. Rien. Pas une marque. Elle leva lentement les yeux vers son visage et croisa son regard. Ses yeux étaient noirs et il lui sembla apercevoir des éclairs rouges les traverser. Aucun doute. C'était bien le diable.