Les paroles de la musique « hornylovesickmess » -toujours de mon artiste préférée- résonnent dans mes oreilles. Je suis à pieds dans le froid, mon entorse à la cheville m'aide peu à avancer.
Je suis sur le chemin de la bibliothèque qui se trouve en centre-ville, tandis que j'habite à près de trois kilomètres de là.
Trois kilomètres, avec une cheville foulée, une attelle qui me serrait et un sac rempli de livres sur le dos en plein hiver, c'était dur. N'essayez même pas, ce n'est vraiment pas une bonne idée. Oui, j'aurais pu encore frauder le bus, mais je ne voulais pas abuser de l'hospitalité du conducteur.
Flashback ; une fois j'avais oublié mon titre de transport et la chauffeuse me l'avais fait remarquer devant tout le monde et à haute voix, j'étais tellement gêné que je suis ressorti immédiatement de l'habitacle, manquant de me casser la figure comme à mon habitude.
Je secouais la tête pour chasser ce mauvais souvenir revenu me hanter, et reprenais ma démarche de personne âgée, avant d'arriver au précieux bâtiment, à bout de souffle et d'énergie. Je me rendis au guichet d'accueil et récupérais ma carte après une bonne dizaine de minutes d'argumentation avec la dame qui était à moitié sourde.
Une fois installé à ma table favorite, j'attrapais à bout de bras un livre sur les arbres. J'étais dos au rayon des encyclopédies que je dévorais les unes après les autres, à ma droite se situaient les étagères comprenant des documentaires et face à moi un rayon entier de cd classiques, ainsi que de livres dans le même thèmes, comme des biographies de compositeurs.
Un vrai coin de paradis pour une personne comme moi.
J'en avais lu la moitié, peut-être même trois quarts, Beethoven, Chopin, Vivaldi n'avaient plus de secrets pour moi, et la meilleure partie de ces éditions, du moins ma préférée, c'était les anecdotes.
Tchaïkovski était homosexuel, détestait Wagner. Mozart ne mesurait qu'1m62. Beethoven a écrit la plupart de ses morceaux en étant quasiment sourd.
J'en connaissais par dizaines, parfois je pouffais même tout seul en y repensant. J'étais souvent « le garçon étrange », celui qui parle tout seul, qui rigole dans son coin, le rat de bibliothèque. « La lesbienne » revenait souvent à cause de mes goûts musicaux.
Ça me faisait doucement rire. Je n'étais pas le garçon le plus hétéro de la Terre, et je trouvais le mot lesbienne vraiment joli, mais dans leurs bouches ça sonnait tellement méchant, tellement moqueur. Et vraiment dégradant. Et puis j'aimais pas vraiment les filles.
Mon parcours scolaire était un vrai yo-yo, alternant entre les cours, les déscolarisations, les retours en cours, les rentrées foireuses, les absences régulières. J'étais atteint de phobie scolaire, malgré tout mes efforts j'avais beaucoup de mal et arrivais en cours la boule au ventre, la gorge serrée et les mains tremblantes, moites.
M'enfin, le lycée était enfin terminé pour moi, ma mère avait accepté que je ne continue pas mes études post-bac. J'étais infiniment reconnaissant qu'elle ai financé mon appartement, duquel j'étais propriétaire.
Mon père -séparé de ma génitrice- s'occupait de l'argent pour que je mange à ma faim, ai de quoi acheter ce qui me faisait plaisir. Je leur était vraiment très reconnaissant de m'accorder cette situation rassurante.
Un foyer pour moi tout seul, mon nid dans lequel j'étais bien, dans lequel je n'avais pas d'obligations. Un cocon, une bulle loin des gens et des problèmes.
Du fait d'avoir eu peu, voir pas d'amis, j'avais beaucoup de mal à comprendre l'humour. Saisir le second degrés une fois sur dix, n'aide pas. Vraiment pas. Je complexais aussi depuis toujours sur les remarques négatives par rapport à mes essais de faire rire.
Je ne faisais pas rire les gens en essayant, ils s'amusaient de mon comportement, de mes remarques. C'était la partie drôle chez moi, je ne la contrôlais pas vraiment.
C'était mieux que rien, mais une raison de plus d'éviter les jeunes de mon âge. Assez pour avoir peur des contacts humains et sociaux. Suffisamment pour essayer de copier le comportement des autres pour ne pas me sentir à la traîne.
De toute façon j'avais du mal à me faire des amis. On était jamais sur la même longueur d'onde, eux et moi. Je ne savais pas m'exprimer par messages, quoi répondre, comment dire les choses sans prises de tête ? Couper sèchement la conversation avec un « désolé je ne sais pas comment communiquer, ni entretenir ce dialogue, je préfère arrêter de te parler ».
Plusieurs personnes avaient déjà essayé, et évidemment échoué.
Ma gorge se serra à ces pensées et je refermais brutalement le livre dans mes mains.
Mes yeux étaient humides, pourquoi ce genre de réflexions venaient m'embêter dans ce genre de situation ?
Je tournais ma tête vers la fenêtre, dans l'espoir d'apercevoir le violoniste. Toujours pas là, encore en retard. J'allais finir par demander un planning. Mes joues rougirent à la simple pensée de lui parler.
Un bruit de porte qui claque attira mon attention, il était là. Je le regardais curieusement sortir sans ménagement son violon de son étui, j'eus crains qu'il n'en casse une corde. Il avait l'air dans un état mental plutôt déplorable, frustré et énervé.
J'attendais patiemment le morceau du jour, toujours assis à ma table. Un gros fracas et un bruit de feuilles qui tombent avant d'entendre de gros sanglots. J'en déduisis que son pupitre était tombé et toutes ses partitions avec, et que c'était la goutte de trop.
Je risquais un œil aventureux par dessus le rebord de la fenêtre. Bingo. Je murmurais un « ça va ? » inaudible avant de retourner sagement derrière ma table, pour ne pas l'importuner et le laisser pleurer de tout son soul.
Un jour j'aurai l'audace d'aller lui parler, et si c'était pas demain, ça serait dans dix ans. Parole de Jisung.
J'attendis encore un peu jusqu'à que ses pleurs cessent. Puis je me levais de ma chaise, rassemblais mes affaires et sortais hors du bâtiment. Je suppose qu'il n'aura pas la foi de jouer aujourd'hui.
Je m'étirais un bon coup, ma cheville était moins douloureuse que la veille. Présentement j'avais faim, aucune nourriture dans mon sac mais assez de monnaie pour me permettre d'acheter un goûter en passant devant les stands de rue.
J'admirais ces braves gens qui, par une température équivalente à moins huit-mille, sortaient été comme hiver leurs friandises, pâtisseries et autres délicieuses nourritures de saison, s'installant à même le trottoir.
- Bonjour, un beignet au chocolat s'il vous plaît.
J'étais repassé près de quinze fois devant le stand, avais répété cette phrase un tas de fois et toussoté avant de réussir à l'extraire de ma gorge. Le plus dur était passé.
Je saisissais la brioche encore chaude entre mes mains, après avoir réglé la somme énoncée, puis remerciais le vendeur en m'inclinant bien bas.
Mes joues et mon nez tous rouges de froid commençaient à me piquer, mais je voulais absolument manger ce beignet dehors.
Mes pieds me guidèrent jusqu'à un banc, face à la mer, et je pris place sur l'assise glaciale, laissant mon dos recouvert d'une grosse veste se poser contre le dossier. Je mordis la brioche à pleine dents et ma tête se dandina de plaisir. C'était vraiment un délice.
Je fermais les yeux, l'odeur du sel parvenant à mes narines et le chant des oiseaux à mes oreilles.
Je me demande bien ce que le beau violoniste est en train de faire...
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Cosmos [MINSUNG]
Fanfic[EN COURS] ❝ Cosmos ❞ [SKZ] [fic. Minho × Jisung] love story |happy end| | Presque tous les jours il était là, bien vivant et bien chez lui. Moi je ne faisais que le mater de temps en temps depuis la fenêtre de la bibliothèque, depuis laquelle j'ava...