Chapitre 4

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Quelques semaines se sont passé après cet incident, et me voilà en train de me balader dans le jardin du manoir. Ma mère s'était rendue au sein de l'armée impériale pour remplir son devoir de maréchale. Quant à mon père, son devoir en tant que Duc lui prenait trop de temps ; les problèmes dans notre territoire ces derniers mois devenaient un peu préoccupants. Mon père m'a formellement interdit de sortir du manoir à cause d'une certaine organisation secrète qui kidnappait les enfants quel que soit leur rang social, c'était un peu enfantin sachant que moralement, j'étais une jeune de vingt-deux ans. Même avec des gardes du corps, il restait définitif sur sa décision alors, je n'avais pas le pouvoir de le contredire.

En courant, je ne fis pas attention à mon entourage et me cognai à un torse dur ; c'était un garçon d'une taille un peu plus grande. Il avait des cheveux dorés ; le symbole de la famille impériale. Il avait des yeux bleu clair, un nez parfait et des dents blanches bien alignées. Il me tendit la main, après ma chute phénoménale, que je pris avec hésitation.

__ Mes salutations votre Altesse ! Merci de m'avoir aidé. Saluai-je le jeune devant moi.

Il me regarda longtemps avant de rebrousser son chemin. Son regard était froid et perçant mais pas aussi malsain que celui de mes anciens agresseurs. Celui plein de mépris, de jalousie, d'avidité. Tous ces regards, je ne les connaissais que trop bien, à mon plus grand malheur. Cependant, c'était grâce à eux que maintenant je pouvais détecter n'importe quelle mal intention.

Je repris la direction vers le salon de thé où je trouvai ma mère assise tranquillement en train de boire sa tasse de café. A ce moment-là, j'étais abasourdis par la vue qui se déroulait devant mes yeux. Elle était assise avec élégance et écrivait sur un certain papier qui avait toute son attention et sa concentration. Ma mère était une femme respectée dans le royaume, aucune autre dame ne pouvait parler derrière son dos. Mais, malheureusement, il y avait beaucoup de noble qui ne voulaient se soumettre à son commandement. En conséquent, beaucoup de chevaliers étaient des roturiers sans aucun titre ni rang sociale. Toutefois, tous ces hommes comme femmes devenaient des guerriers respectables ce qui enrageait les aristocrates et les menaient à plus détester ma mère. Mon père, lui, a était marié à elle à un âge bien plus jeune et avaient appris à s'aimer.

__ Que fais-tu là-bas Emy ? Quelque chose ne va pas ? demanda mère

__ Non mère ! J'étais juste absorbée par ta beauté.

__ Gardes tes compliments pour toi, je sais cela. Ma beauté est un fait !

__ Oh regardez-moi cette confiance !

Je m'approchai d'elle et essayai de m'assoir à ses côtés. Elle me prit soudainement dans ses bras. J'étais tellement reconnaissante d'avoir eut cette chance de savoir ce que la chaleur maternelle était. Je ne me rappelais pas de me vrai parents avant, tout ce qu'on me dit, c'était qu'on m'a perdu mais je m'en doute. S'ils voulaient vraiment me retrouver il n'avait qu'à chercher dans les orphelinats les plus proches mais non, ils avaient abandonné. Ne m'en prenez pas mal, même si je me sentais un peu délaissée, je ne les haïssais pas, ni leur en voulais. Je n'avais simplement aucun sentiment envers eux, car tout simplement, je ne pouvais pas désirer quelque chose que je ne connais pas. J'étais incapable de définir ou de nommer ce manque. Mais dès que je su, je ne pus cesser d'espérer plus. J'étais peut-être avide mais je profitais le plus possible de cette occasion.

__ Bon anniversaire ma chérie, tu grandis si vite que je souhaite te garder juste pour moi.

__ Merci maman, dis-je d'un ton calme.

Les heures passèrent, et me voilà au centre du hall, entourée de nobles qui se présentaient et me souhaitaient un bon anniversaire, malgré eux. Je les comprenais ; ils ne faisaient que leurs devoir en tant qu'invités et cela ne me dérangeais point. Je ne voulais pas de leur attention non plus. Après avoir découpé les gâteaux, je décidai d'aller à ma chambre afin de me reposer sur le lit. En empruntant un des couloirs des plus calmes, je me cognai une nouvelle fois à un ventre bien rond. Je m'excusai pour mon imprudence et essaya de continuer mon chemin. Quand tout à coups, cet homme, un peu dans les quarantaines, me prit le bras un peu violemment. J'essayai de me libérer de son emprise mais rien n'y faisait, il était trop fort. Il me regarda avec rage et me dit d'une voix rauque :

__ Ne te rappelles-tu pas de moi, petite ?

__ Je suis désolée mais je ne me rappelle de personne. Répondis-je

__ Alors laisse-moi te rafraîchir la mémoire, Rose. Ajouta-t-il d'un ton menaçant

__ Q-quoi ?! bégayai-je

Brusquement, un tas d'évènements que je n'y ai jamais été se jouaient dans ma tête ; Des souvenirs d'Emily. Des souvenirs heureux comme malheureux. Ses sentiments ; la rage, la jalousie, la joie, la tristesse et la solitude surtout. Elle se sentait seul, elle avait beaucoup d'ennemies qui ne souhaitaient que sa mort. En fait, Emily était une douce jeune fille avec un tendre cœur et un chaleureux sourire. Je criais de douleurs, morales comme physiques, criais jusqu'à en perdre conscience. Le choque, qu'a reçu mon cerveau avec toutes ces informations, était beaucoup trop grand pour supporter. Mais même inconsciente, les scènes se déroulaient encore et encore me serrant de tout sorte de sentiments, me torturant la tête d'un mal insupportable. Toute la détresse, la peine, la misère de cette jeune fille d'à peine quinze ans. A vrai dire, Emily est morte avant ma réincarnation, elle a bu du poison pour mettre fin à ses jours. Elle s'est suicidée. Emily n'avait pas de caractère de sauvage mais était manipulée. On lui avait mis un poison dans son verre à un des salons de thé organisé par une jeune noble de son âge ; Katrina de Sonsille. C'était la fille du compte de Sonsille ; l'homme qui venait de me menacer. Il a essayé plusieurs fois de d'assassiner Emily mais toutes ses tentatives ont échoué. Cependant, il a bien réussi à la manipuler et lui donner des ordres qu'elle ne pouvait désobéir afin d'éviter une torture physique ou psychique. Après tout, c'était son domaine ; l'intoxication. Le dernier ordre, qui avait mené Emily au suicide, était de tuer son frère Henri avec une tasse de thé empoisonnée. Henri était, à cette époque, le seul qui la supportait et lui montrait un peu d'affection malgré son absence continue. Emily ne put obéir et bu la tasse à la place de son frère, elle préféra mille fois la mort à la trahison. Tout cela à cause de la jalousie du comte qui pensait en éliminant la famille ducale Faxinov, il pouvait prendre le titre et forcer son autorité. Même en avertissant mes parents, ils ne l'avaient pas pris en considération, alors il ne me restait que ma propre volonté de vivre et mon cerveau pour survivre. Je devais mettre fin à ma plus grande menace ; Comte Albert de Sonsille.

Death TamerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant