Dernière partie

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Laurio posa une de ses mains sur le ventre légèrement arrondi de Léonora. Doux et fasciné par ce corps se préparant à donner la vie, il le caressa et l'admira, un grand sourire illuminant son visage. Elle pouffa, attendrie par son rayonnement et son attitude adorable.

« Chéri, tu es gaga avant même de l'avoir vu.

– Evidemment ! C'est notre enfant que tu portes en toi. »

La blonde secoua lentement la tête, amusée par l'enthousiasme de son époux. Un enthousiasme si beau après vingt ans de conquêtes et de guerres intenses, un enthousiasme mérité désormais qu'elle régnait sur tout le continent. Certaines tribus triviares refusaient toujours le pouvoir de la Draesar, mais celle-ci ne s'en préoccupait qu'à peine. Elle avait accordé toute sa confiance à ses seigneurs – Edhel, Nevena et Milhrod – et son conseiller – Gethin – pour se charger de cette affaire politique le temps qu'elle s'occupât de sa famille.

Son compagnon lui offrit son plus beau sourire avant de déposer un baiser sur l'abdomen de la reine. Il y posa son oreille. Il la serra délicatement dans ses bras, avec tout l'amour qu'il lui avait toujours porté.

« Comment veux-tu l'appeler ? lui demanda-t-elle en caressant le dos de sa main.

– Mh ? Ne devrais-tu pas choisir ? C'est toi qui le portes.

– Je ne l'ai pas fait toute seule. Choisissons ensemble. »

Laurio rit avec légèreté, fit mine de réfléchir tandis qu'il décrivait des cercles du bout des doigts sur le ventre de son épouse. Celle-ci l'observa attentivement, curieuse d'entendre ses propositions.

« Mila... j'aimerais l'appeler Mila. »

Léonora pencha la tête sur le côté. Une moue boudeuse étira finalement les traits de son visage.

« Milhrod va croire qu'on appelle notre enfant pour lui rendre honneur.

– Haha... C'est gênant ?

– Bien sûr que ça l'est, il se vantera d'être la source d'inspiration du prince de Dracora.

– Et il le cajolera. Tu n'aimes pas ce prénom, Léo ? »

Laurio la regarda de ses grands yeux ambrés et brillants, implorant. Arf, elle détestait qu'il l'étudiât ainsi : il la faisait toujours craquer et fondre d'un amour palpitant. Elle se détourna légèrement, la lèvre pincée, le cœur battant fort et bruyamment. Ses joues la brûlaient – à n'en pas douter, elle rougissait.

« Si... C'est un joli prénom.

– Et toi, tu voudrais l'appeler comment ? »

Du coin de l'œil, elle observa les traits détendus de son époux. D'humeur taquine, elle lui sourit innocemment et répondit :

« Mila.

– Copieuse, » lâcha-t-il, une moue ennuyée collée au visage.

Ils éclatèrent de rire, se chatouillèrent, se câlinèrent, s'endormirent dans les bras de l'autre. Et Léonora souhaita que tous les jours pussent être ainsi, loin des tracas, loin des batailles, loin des regrets, loin des souffrances. Elle ne voulait qu'un futur radieux pour son petit trésor, son précieux premier enfant. En compagnie du plus bel homme que portât le monde.

Jamais elle ne s'était imaginé un monde sans Laurio. Comment l'aurait-elle pu ? D'aussi loin qu'elle se souvienne, il avait toujours été là, auprès d'elle. Ni le temps ni les désaccords n'entachaient leur amour puissant et évident. Pourtant, un jour, un matin, son conjoint n'était plus là.

Léonora pensa d'abord qu'il était parti travailler, puisqu'il avait toujours été plus matinal qu'elle – surtout depuis qu'elle était enceinte. Puis Gethin vint la voir. Il lui parla doucement d'une intrusion, d'un vol d'armes, de plusieurs cadavres, sans oser la regarder. La reine perdit patience, attrapa son col pour le tirer vers elle. Menaçante, elle gronda :

Depuis les ténèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant