Le renouveau 2 (Sasusaku)

Chapitre 27 : un foyer.

Deux jours. Cela faisait deux jours que l'équipe suicide squattait la petite auberge délabrée. Personne ne se serait senti à l'aise dans cet endroit, personne de sain d'esprit. Pourtant chaque membre de cette équipe initialement envoyée à la mort s'y sentait bien. C'était un lieu qui leur avait offert toutes les émotions possibles et inimaginables. Au-delà de tout c'était ici, entre ces murs, qu'ils avaient appris que la vie allait continuer, qu'un second départ s'annonçait.

On garde tous en tête certains souvenirs. Ils sont impérissables. Notre premier amour, notre première expérience sexuelle, la naissance de notre enfant. Tout autant qu'il y a de souvenirs il y a de lieux qui y sont associés.

La petite auberge insalubre du village d'Oto était le lieu où chaque membre de l'équipe avait d'abord accepté de mourir, en silence. Ils étaient venus ici en sachant ce qui les attendait, en acceptant leur sort pour offrir un monde plus beau à ceux qui dormaient paisiblement dans leur lit douillet sans savoir qu'un danger planait au-dessus de leur tête. Ils avaient dit oui et ils étaient venus dans cette auberge, en sachant pertinemment qu'ils ne reverraient jamais leur foyer, leur famille ou quoique ce soit d'autre que les atrocités d'une guerre sans précèdent.

Les murs humides de l'habitation puaient l'acceptation. Puis ils avaient apportés du réconfort, des moments de franche camaraderie. Des pleurs lors de la mort de Kakashi, de la terreur lorsqu'ils avaient compris qu'ils y passeraient, les uns après les autres. De la tristesse quand ils surent le destin qui attendait Sasuke. Des cris, des larmes, un sommeil peu réparateur et encore des larmes.

Puis, par un miracle qu'ils n'arrivaient toujours à s'expliquer de manière vraisemblable, l'auberge s'était transformée en une maison confortable, celle de la joie et des bonnes nouvelles. Ils allaient vivre. Putain. Ils allaient bouffer la vie à pleine dents, encore et encore, chaque matin, chaque soir jusqu'à se saouler du gout enivrant du bonheur.

Rien ne serait plus jamais pareil. Quand vous avez accepté la mort une fois, la vie n'a plus la même saveur. Elle est douce, sucrée, pétillante, unique. Vous n'avez plus peur de ce qui vous attend le lendemain. Vous êtes tout simplement heureux qu'il y en ait un, de lendemain.

L'auberge était un de leur lendemain et c'était pour cette seule et unique raison qu'ils ne l'oublieraient jamais.

Ils allaient vivre. Bordel. Ils allaient vivre pour tous ceux qui ne pouvaient plus le faire.

*

L'heure du retour à la normale était arrivée. Sasuke avait repris des forces, sa fièvre était retombée à la grande joie de toutes les personnes présentes qui ne souhaitaient pas revivre les délires d'un Uchiwa qui se croit dans l'au-delà.

Sakura avait pris la sage décision de rester deux jours de plus sur place afin de permettre une récupération optimale à son mari. Personne n'avait objecté. En fin de compte tout le monde avait besoin de récupérer des évènements des derniers jours et un peu calme dans un endroit perdu au milieu de la foret semblait être un lieu tout à fait adapté pour se ressourcer. La jeune femme aux cheveux roses le savait bien, certes Sasuke avait subi une opération lourde mais son métabolisme solide ne nécessitait pas autant de repos. Le mental ébranlé de ses coéquipiers si.

C'est ainsi qu'ils avaient tous passé deux jours et deux nuits à refaire le monde autour d'un feu de fortune que Sasuke s'était fait un plaisir d'allumer en narguant Gaara qui s'empressait alors d'étouffer les braises avec son sable. Classique.

L'heure était venue. Leur village leur manquait, leur famille leur manquait. Ils se devaient de reprendre leur vie.

Il était 8 heures quand Sakura avait ouvert les yeux à l'étage de la petite auberge qu'elle occupait avec son mari depuis que celui-ci avait décidé qu'il ne dormirait pas dans un dortoir aux côtés de ses amis et de son concurrent avec son sable qui s'infiltrait partout.