Chapitre 3 : Un funeste présage

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- Que fait-elle ici ? Fut la seule question que posa l'Uchiwa, en ne prenant même pas la peine de s'adresser directement à sa femme.

Sa femme. L'était-elle seulement encore ? Face à cet homme froid et usé par les combats, Sakura n'en était plus sûre.

La Rose sentait sa colère intérieure poindre et il ne lui restait que très peu de self-control disponible avant d'exploser. Non, elle ne pouvait pas. Cette réunion était formelle –presque solennelle- et faire une scène de ménage devant tous ces personnages importants ne ferait que leur donner raison. Ici Sasuke Uchiwa n'était plus son mari, un dirigeant tout au plus.

Ici ou ailleurs qu'importe –elle avait le sentiment qu'il n'était de toute façon plus son mari.

- Je suis venue assister au conseil, répondit la jeune femme le plus calmement possible malgré ses mains qui tremblaient.

Le regard de l'homme qu'elle aimait se fit froid. Hautain. Détestable. Dans le temps Sakura avait toujours eut une appréhension face aux pupilles du ténébreux mais cette crainte s'était envolée dès qu'elle avait découvert le cœur chaud et sensible du dernier des Uchiwas. Son cœur semblait s'être à nouveau fermé. Sasuke ne craignait pas la pluie –il était imperméable. L'enfoiré. Il finirait par craindre le courroux de sa femme.

- Et de quel droit ? Siffla le ténébreux en époussetant la terre séchée sur son bras.

Avec ces mots la Rose eut l'impression que c'était elle que le brun venait d'épousseter. Elle n'était que de la terre accrochée sur sa peau. Le pire étant qu'elle n'avait pas la réponse à sa question. Officiellement elle n'avait pas le droit, officieusement elle avait tous les droits.

- On peut déblatérer longtemps sur les droits de chacun mais nous ne sommes pas venus pour cela, commença Gaara en fixant durement le Uchiwa, à priori Sakura est présente cela ne devrait pas te déranger outre-mesure.

Non. La présence de la jeune femme ne devrait pas déranger Sasuke, mais visiblement c'était bien le cas. Elle aurait aimé lui dire que le problème n'était pas sa présence à elle mais son absence à lui, que ses enfants l'attendaient depuis cinq ans dans leur foyer qu'ils avaient choisi ensemble, que le temps se faisait long sans lui, que les journées n'avaient plus la même saveur, que son lit était froid, que son cœur s'éteignait à petit feu. Elle aurait aimé lui dire mais elle n'eut pas la force. Elle se cacha derrière le caractère solennel de cette réunion mais elle ne pouvait se duper elle-même –elle craignait la réponse de l'homme qu'elle aimait, car s'il n'était pas venu lui rendre visite c'était peut-être bien parce qu'il ne l'aimait plus. L'ignorance semblait plus douce que la connaissance. Plus acceptable, moins douloureuse –douloureuse quand même.

- Gaara, se contenta de répondre le ténébreux, impassible au laïus du Kazekage.

Sasuke n'aimait pas Gaara, Gaara n'aimait pas Sasuke. Cela avait toujours été ainsi et cela le serait certainement éternellement, pourquoi cette hostilité ? Personne ne le savait. L'un contredisait celui qui n'aimait pas être contredit tandis que l'autre avait un comportement que le premier ne pouvait tolérer. Le genre de cercle vicieux qui incitait à ne pas laisser les deux jeunes hommes trop longtemps ensemble dans la même pièce. Cette version était l'officielle et celle qui était connue de tous. La deuxième version était bien plus profonde et ramenait le brun et le roux à une querelle de roman pour midinette –celle de l'amour.

Les sentiments du Kazekage pour la Rose n'avaient jamais échappé au brun. Si cela ne l'avait que passablement agacé lorsqu'il n'était encore qu'un déserteur, aujourd'hui il avait du mal à trouver cet amour encore existant tolérable. Les années n'avaient pas suffi à tarir l'amour du roux pour la Rose, ni les années, ni le mariage, ni les enfants.

Le renouveau 2 (Sasusaku)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant