Chapitre 12

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Pdv Lucie :

En ce mois d'août, je me rends chez mon ami, David Assayac, pour dîner.
Je suis vêtus d'une longue jupe bordeaux, avec un ruban de la même couleur dans mes cheveux et un chemisier blanc.

Cela fait longtemps que nous nous sommes pas vus et je dois avouer que sa compagnie me manque un peu.

Frida est dans un petit groupe de résistance que j'ai rejoint il y a peu sous sa demande dû à mon rapprochement avec Engel. Et on a un plan pour permettre aux juifs de notre village de rejoindre la Suisse. Je compte profiter de ce repas pour lui en faire part.

Le caporal-chef est une personne qui sait se montrer aimable. J'apprécie sa compagnie.
Il est vrai que nous sommes proches tous les deux, juste de penser à lui ça me réchauffe le cœur.
J'ai honte d'être aussi proche de l'occupant mais maintenant je me dis que je le fais pour la résistance.

Je repense au poème qu'il m'a récité ce matin. Cela me fait sourire bêtement.
Il ne le connaissais pas, il l'a trouvé dans l'un de mes recueil mais il a voulu le lire. Ce qui était très drôle car son accent ressortait bien plus que d'habitude.

Soldat libre, au léger bagage,
J'ai mis ma pipe à mon chapeau,
Car la milice où je m'engage
N'a ni cocarde ni drapeau.

La caserne ne me plaît guère,
Les uniformes me vont peu ;
En partisan je fais la guerre,
Et je campe sous le ciel bleu.

La Liberté, que l'on croit morte
Pour quelques heures de sommeil,
Près de moi se chauffe à la porte
De ma tente ouverte au soleil.

Je suis sourd au clairon d'un maître,
La consigne expire à mon seuil ;
Nul, hormis Dieu, ne peut connaître
Ce grand secret de mon orgueil.

Parmi les champs de poésie
Je fourrage, sans mission ;
Le capitaine est Fantaisie,
Le mot du guet Occasion ;

Et, loin de la poussière aride
Où sont marqués les pas humains,
Je cours, sur un cheval sans bride,
Dans des campagnes sans chemins !…

Ce poème de Louis Bouilhet sonnait si bien dans sa bouche.
J'aurais pu l'entendre des heures sans jamais m'en lasser. C'est d'ailleurs pourquoi je ne peux m'empêcher de penser à lui et ce poème que j'entends encore dans ma tête.

Mais je suis malheureuse bien vite ramener à la réalité quand je vois Engel, arme à la main, face à M.Assayac, sa femme et leur petite fille à terre. Ainsi que David qui se bat avec Reiner.

Je cris le prénom de mon ami. Que je rejoins. Je remarque aussi mon père qui aide Adam Assayac à se lever. Mais je n'y prête guère attention, je foncé sur Reiner et le frappe de toute mes forces. En vain, je me pris une gifle et m'effondre par terre.
Je me lève et fait face à Engel cet fois.

"- Engel ! Je vous en pris ! Ils n'ont rien fait de mal, je vous le jure ! En plus, ils ne sont même pas pratiquant ! Accordez leur la liberté ! Faites donc exception ! Je vous en supplie !
- Ils sont juifs. Les ordres sont les ordres. "

Sa réponse à comme l'effet d'un gifle, cette gifle est même bien plus forte et douloureuse que celle que vient de me donner Reiner.
C'est vrai, nous sommes en guerre, c'est un soldat, un soldat qui commet des atrocités au nom du diable.
Je sens les larmes me monter aux yeux.
Son père me demande alors d'attendre son fils car, lui, il reviendra.

Die Akelei [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant