Chapitre 6

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"Fluke, où est-ce que je pose ce carton ?" Je m'approche de mon petit ami, un carton assez léger dans les mains, mais il n'y a aucune indication sur l'endroit où il faut le ranger. Ce qui est plutôt étonnant venant de lui qui est si organisé. Il est dans la cuisine en train de ranger des ustensiles de cuisine que sa mère nous a offerts, en sachant très bien que l'on ne s'en servirait sûrement jamais, car aucun de nous ne sait cuisiner. Il se retourne vers moi avec un léger sourire sur les lèvres avant de rosir en regardant le carton.

"Dans notre chambre." Je fronce un instant les sourcils en voyant le rouge lui monter aux joues, mais je me retrouve bêtement à sourire comme un idiot quand il parle de 'notre chambre'. Je ne peux pas m'empêcher de poser le carton à terre et d'aller le rejoindre. Je passe mes bras autour de sa taille et je le serre dans mes bras, mon torse contre mon dos. "Tout va bien ?"

Il n'est pas vraiment surpris par mon geste, depuis que l'on s'est retrouvé deux ans plus tôt, j'ai régulièrement ce besoin de le tenir contre moi. Pour m'assurer qu'il est vraiment là, que je ne fais pas juste un rêve. "Hmm. Je suis heureux, c'est tout." Je le berce lentement, bougeant de gauche à droite. Je n'ai pas envie de le lâcher et je me connais, je pourrais rester là des heures.

"Hey les gars, on vous aime bien quand vous vous faites des câlins, mais si vous voulez être installés chez vous ce soir, il va falloir s'y mettre." Je grogne un peu quand mon meilleur ami intervient et nous dérange, mais au fond il n'a pas tord. Ce sera encore mieux d'en profiter ce soir, quand tout le monde sera parti et que j'aurai Fluke enfin pour moi tout seul.

Je dépose un baiser sur la joue de Fluke ce qui le fait sourire. "Vivement que l'on soit rien que tous les deux ce soir alors." Et voilà de nouveau les rougeurs, j'aime tellement quand il devient timide comme ça. Il est beau quand ses joues deviennent toutes rouges et qu'il a un air gêné sur le visage. Enfin, le mieux, c'est quand même, quand je suis le seul à le voir devenir comme ça.

Je reprends rapidement le carton avant d'aller vers la chambre pour le poser en attendant qu'on le vide. C'est une grande journée pour Fluke et moi, enfin, on emménage ensemble et j'ai bien cru que ce jour n'arriverait jamais. Quand il est venu me retrouver ce soir-là avec le gui, j'ai dû partir six mois en dehors de la ville pour mon stage de fin d'étude. Cette période a été assez dure à vivre et quand je suis finalement rentré, on a décidé de prendre notre temps, d'apprendre à nous connaître et sortir ensemble comme le ferait n'importe quel couple.

Et puis, il nous a fallu de nouveau faire face à la distance quand il est parti faire son stage. A nouveau six long mois loin de lui où j'ai cru devenir fou. C'est la raison pour laquelle, quand enfin il est revenu, je l'ai empêché de retourner chez sa mère, je ne voulais plus passer une minute loin de lui et c'est pour ça, qu'aujourd'hui, il emménage chez moi, enfin, chez nous.

La journée a été fatigante, il reste encore quelques cartons à vider, mais aussi du tri à faire pour qu'il ait toute la place pour s'installer. Seulement, il est tard et on a préféré se mettre au lit, épuisés par la journée. Même si lui ne s'en est jamais rendu compte, il dort de la même façon, contre moi, depuis la première nuit que l'on a passé ensemble. Il est couché contre moi, sa tête collée contre mon cou, il dort profondément, sa main posée sur mon ventre.

Moi je n'arrive pas à trouver le sommeil, je suis épuisé, mais je savoure sa présence. J'ai les yeux fixés sur lui, sur son visage, ma main caresse lentement ses cheveux et je me sens l'homme le plus heureux du monde. Du moins, jusqu'à ce que sa main se crispe brusquement, que ses doigts agrippent mon t-shirt et que son visage s'assombrissent.

Il fait un cauchemar. Cela lui arrive régulièrement, car même s'il n'a jamais retrouvé tous ses souvenirs, inconsciemment son cerveau tente de le guérir, alors la nuit, il lui envoie des souvenirs et malheureusement, ce ne sont pas les moments qu'il a passé avec moi qui reviennent, mais toujours son père et son frère.

Save MeWhere stories live. Discover now