Chapitre 14

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Avant même que l'aiguille n'entre en contact avec ma peau, un bruit énorme retentit derrière moi. J'essaie tant bien que mal de me retourner vers l'origine du bruit, et je m'aperçois avec stupeur que la porte est défoncée. Quelqu'un se tient là, en combinaison intégrale, et tout le personnel médical se fige. Ils ne comprennent pas plus que moi ce qu'il se passe. La personne devant la porte retire le masque qui lui cache le visage, et je pousse un soupir de soulagement.
— Liam, je murmure.
Il me faut quelques secondes pour réaliser que c'est réel, qu'il a réussi l'impossible : il est entré dans le Centre Opératoire, alors qu'il est un sexe opposé et que cela doit certainement être l'étage le plus sécurisé du bâtiment. Je l'observe tenir un couteau fermement dans sa main et menacer les infirmières et la gynécologue. Je suis toujours sous le choc quand il s'approche de moi, et me défait du lit.
— Est-ce que ça va ? me demande-t-il.
J'acquiesce.
— Est-ce qu'ils t'ont... ?
— Pas encore, je réponds.
Une fois libre, je me lève aussi vite que je peux, et il se place devant moi, le couteau levé, prêt à réagir.
— N'approchez pas, prévient-il tandis que nous reculons vers la porte.
Quand j'arrive à l'embrasure de la porte – du moins ce qu'il en reste –, je jette un coup d'œil derrière moi. Il n'y a personne dans le couloir. Nous continuons de reculer, et le personnel n'ose pas bouger. Nous passons l'embrasure de la porte et nous dirigeons vers l'issue de secours. Liam fait passer une carte sur le boîtier et un voyant vire au vert. La porte s'ouvre, puis se referme automatiquement une fois que nous sommes passés. Je m'apprête à courir, quand la voix de Liam m'arrête.
— Attends une seconde, dit-il.
Il prend le manche de son couteau, et donne un grand coup dans le boîtier de sécurité qui permet d'ouvrir la porte de ce côté. En quatre coups, il le casse.
— C'est bon, annonce Liam.
Il me prend la main et m'entraîne en courant à travers les couloirs.
— Tu sais où trouver la sortie ? il me demande.
— Non, ils m'ont droguée.
Il prend un air furieux. Je ne l'avais jamais vu ainsi.
— Je te jure, ils vont le regretter.
Nous continuons d'avancer et avons déjà fait un bon bout de chemin quand une alarme se met à sonner bruyamment. Liam me presse encore plus.
— Il faut qu'on sorte, avant qu'elles ne nous trouvent ! crie-t-il.
Nous n'avons fait que quelques mètres de plus quand la porte à vingt mètres devant nous s'ouvre brusquement. J'entraîne Liam dans un couloir perpendiculaire au nôtre et lui fait signe de ne pas faire de bruit. Je m'avance avec précaution afin de voir à qui on a affaire. Une dizaine de personnes sont là, à quelques mètres de nous, en train de nous chercher. Elles portent toutes une combinaison intégrale noire identique à celle que porte Liam. Je constate également qu'elles sont armées. Le bruit de leurs pas s'éloigne. On dirait que la voie est libre.
— On ne peut pas rester là, je chuchote. Tu sais où aller ?
— Je pense pouvoir retrouver par où je suis arrivé, confirme-t-il.
— D'accord, on y va alors, je chuchote.
Nous marchons rapidement tout en essayant de rester silencieux. Nous passons dans plusieurs couloirs vides, jusqu'à un ascenseur. Nous montons dedans et la porte se referme. Je cherche du regard les boutons numérotés qui nous permettront de changer d'étage. Je les trouve à ma droite. Il y a dix-neuf numéros.
— Où est-ce qu'on doit se rendre ?
— Le rez-de-chaussée, répond Liam. Il y aura du monde, peut-être qu'ils n'oseront pas nous retenir ?
C'est un risque, mais s'il n'y a ne serait-ce qu'une chance que cela puisse marcher, il faut essayer. Je hoche la tête tout en pressant le bouton « 0 ». L'ascenseur remonte, et les secondes qui nous séparent du rez-de-chaussée semblent interminables.
Quand la porte de l'ascenseur s'ouvre, nous nous retrouvons à l'accueil du Centre Opératoire. Personne ne nous attend : c'est un miracle qu'elles ne nous aient pas encore trouvés. Liam m'attrape la main et nous commençons à courir vers la sortie, qui se trouve à une trentaine de mètres de nous. Je cours aussi vite que je peux. Une détonation me fait sursauter, et je sens la main de Liam s'extraire de la mienne. Je me retourne et le vois à terre, l'épaule pleine de sang. Je me précipite vers lui.
— Ne reste pas là, sors d'ici, me presse Liam.
— Je ne vais pas te laisser ici, je réponds.
Je jette un œil autour de moi pour savoir qui lui a tiré dessus. Je ne vois personne, à part la secrétaire, qui tient un pistolet à la main. Mince. Elle le pointe sur moi, mais si elle avait voulu tirer, elle l'aurait déjà fait. Peut-être qu'elle n'a pas le droit de me tirer dessus, après tout je peux toujours être utile à la société. Je décide de prendre le risque. J'attrape la jambe de Liam et essaie de le déplacer vers la sortie, avant que quelqu'un d'autre n'arrive. Je ne l'ai bougé que d'un centimètre quand il hurle de douleur. Je lâche sa jambe. Je n'arrive pas à croire que nous sommes dans cette situation. Une porte s'ouvre.
— Elles sont là, ne les laisse pas me prendre pour rien, sauve-toi.
Il a raison. Je lui fais la promesse de revenir le chercher. Je me lève et vois les personnes en combinaison noire courir vers moi. Je sais que j'ai encore le temps. Je sprinte jusqu'à la sortie comme si ma vie en dépendait. J'entends des tirs fuser vers moi, mais aucune balle ne m'atteint. Je sors du bâtiment et je continue de courir.

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