Chapitre 17

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Une sensation de douche froide me tire brusquement du sommeil. Je me lève avec hâte en constatant qu'il pleut à verse et que je suis trempée. Surprise, je regarde tout autour de moi, à la recherche d'un endroit où m'abriter. Mes yeux s'arrêtent sur un abri de bus. Je cours jusqu'à celui-ci. Il fait nuit. Je regarde le panneau numérique de l'abri de bus, en espérant y trouver l'heure. Différentes informations s'affichent, et au bout d'un moment je peux y lire l'heure. Il est quatre heures dix-neuf. La nuit aura été courte. Je soupire. J'aimerais me changer, mais je ne tiens pas à le faire en public. Même s'il n'y a personne autour, quelqu'un pourrait tout à fait décider de faire une ballade la nuit. Plutôt improbable, mais je choisis de ne pas prendre de risques. De toute façon, je serai forcément contrainte à un moment où à un autre de quitter l'abri de bus, et s'il pleut encore je serai à nouveau trempée.
Je m'assois sur le banc. Cette sensation de mouillé est désagréable, mais je finis par m'y faire. J'attends patiemment que mon jean et mon tee-shirt sèchent, même si je sais que cela prendra plusieurs heures. Je suis exténuée. Je ferme les yeux quelques instants, espérant pouvoir retrouver le sommeil, mais je n'y arrive pas. Peut-être parce que j'ai trop froid.
Au bout de trois quart d'heure, j'abandonne. À la place, je profite du silence et du fait que je ne sois pas au Centre Opératoire. Je regarde régulièrement le panneau qui indique l'heure, espérant à chaque fois constater qu'un bon bout de temps s'est passé depuis la dernière fois que j'ai vérifié.
Qu'est-ce que j'aurais aimé avoir un livre avec moi. N'importe quel livre. J'aurais dû penser à en emmener un, mais avec tout ce qu'il se passait je n'y ai pas pensé. Et j'avoue que même si l'idée m'était passée par la tête, je n'en aurai probablement pas pris avec moi. J'étais sensée faire tout le trajet jusqu'à l'île avec Liam, et une fois arrivée Katy aurait été là. J'aurais eu d'autres choses à faire que de me plonger dans un bouquin. Un petit détail auquel je n'avais pas pensé me passe par l'esprit : et s'ils n'avaient pas de livres sur l'île ? Impossible, je me dis d'abord. Puis, à la réflexion je me dis que ça n'est pas si impossible que cela. Après tout, ils sont en marge de notre société. Leur vie doit donc être très différente de celle que nous vivons ici.
Le soleil commence à se lever. Il est six heures trente-quatre. Mon ventre commence à gargouiller, alors je sors un paquet de gâteaux, déjà ouvert, et je le finis tranquillement en admirant le lever du soleil.
J'entends des pas au loin alors que je mange mon dernier gâteau. Je tourne la tête instinctivement. Il s'agit d'une personne âgée. Il lui faut quelques minutes pour arriver à ma hauteur. Elle s'assoit à côté de moi sur le banc. Elle attend probablement le prochain bus.
— Excusez-moi, me dit-elle. Je n'ai pas l'habitude de prendre le bus. Sauriez-vous quand passe le prochain ?
Je regarde le panneau numérique et attends que les horaires s'affichent.
— Vous voyez le panneau là-bas ? je demande en pointant celui-ci du doigt.
— Oui.
— Le temps avant le prochain passage est écrit dessus. Le prochain bus passera dans sept minutes.
Elle me sourit en guise de remerciement.
— Quel âge avez-vous ? me demande-t-elle.
— J'aurai bientôt vingt ans, je mens.
Pendant une demi-seconde, je crois voir son visage se décomposer. Je me trompe probablement.
— Je vous souhaite bien du courage, ma petite. Vous en aurez besoin.
— À ce point ? je dis avec un petit rire.
— Notre mode de vie n'est pas facile pour tout le monde. Vous m'avez l'air gentille. J'ose espérer que vous ne faites pas partie de ces gens pour lesquels ce mode de vie est difficile.
Je suis si touchée par ce que j'entends que je ne trouve pas les mots. Ce qu'elle me dit est comme un coup de fouet qui me rappelle ce qu'est devenue ma vie.
Nous restons toutes deux silencieuses jusqu'à ce que le bus arrive. Elle monte dedans, et se retourne.
— Vous ne venez pas ? me lance-t-elle.
— Non, je ne prends pas le bus, je réponds.
Elle hoche la tête, et avance dans le bus. Je la regarde s'assoir, et je fixe le bus tandis qu'il démarre et s'en va au loin. Quand les choses se seront tassées, que j'aurais retrouvé Liam et Katy, il faudra que je réfléchisse à ce que je veux que ma vie soit. Je n'ai pas pu vraiment y réfléchir dans le passé, n'arrivant pas à imaginer un futur après mes vingt ans. Je pourrais y réfléchir tout de suite, maintenant que l'échéance est passée, mais je n'ai aucune idée d'à quoi ressemble la vie de ceux et celles qui se réfugient sur l'île. Je n'ai donc aucun moyen de savoir ce que je veux y faire, encore moins ce que je peux y faire. Je verrai tout ça en temps voulu : chaque chose en son temps.
La pluie s'arrête vers huit heures et demie. J'aimerais bien trouver un endroit pour pouvoir me débarrasser de mes vêtements mouillés : ils ne sècheront pas de sitôt. Je fais un tour rapide du parc, à la recherche de toilettes publiques. N'en trouvant pas, je m'éloigne un peu plus, m'efforçant de réfléchir à une solution. Je ne peux pas me changer dans le parc, surtout maintenant que quelques personnes commencent à arriver pour se promener. Je décide d'aborder la première personne que je croise.
— Bonjour ! Est-ce que vous savez s'il y a des toilettes publiques dans le coin ? je demande nerveusement.
— Il y en a, pas très loin d'ici. Elles se trouvent derrière le parc, mais vous ne pouvez pas y accéder directement, il faudra faire le tour du parc à l'extérieur de celui-ci.
Super. Je remercie la personne en face de moi, et je m'empresse de retourner à l'entrée du parc. Une fois arrivée, je longe l'extérieur de celui-ci jusqu'à trouver les cabines. Soulagée de constater que l'entrée y est gratuite, je m'engouffre dans l'une de celles-ci.
Comme la plupart des cabines, l'endroit n'est pas très propre. Je m'efforce donc de ne pas poser mes affaires par terre et de toucher le sol le moins possible. Je retire mon tee-shirt, le fourre dans mon sac et en cherche un autre. Je fais de même pour mon jean. Une fois parée de vêtements secs, mon regard s'arrête sur le miroir. Je contemple mon propre reflet, et suis surprise par le manque de ressemblance avec le visage que j'ai toujours eu l'habitude de voir. Je ne sais pas si c'est la fatigue qui a changé mon reflet – j'arbore de grands cernes sous les yeux – ou s'il s'agit d'autre chose. Je passe une minute à essayer de trouver ce qui a changé, mais ne trouvant pas, je m'arrête. Je sors de la cabine, heureuse d'être enfin sèche. Je me sens beaucoup mieux.
Je passe un bon moment à essayer de déterminer si je suis plus contente que je ne suis triste. J'ai pu échapper à la Procédure : c'est tout ce que j'ai toujours voulu, mais j'en ai payé le prix fort. Celui de ne peut-être plus jamais revoir ma famille. Le temps passe si lentement que je m'ennuie jusqu'à midi.
Après avoir mangé, je passe l'après-midi à me promener, cherchant une borne de retrait par la même occasion. Au bout de quelques heures, j'en trouve une et je décide de ne pas m'en éloigner trop afin de pouvoir la retrouver plus tard. Les heures passent, et je regarde le soleil redescendre lentement vers l'horizon. Vers vingt heures trente, je décide qu'il est temps pour moi d'effectuer le retrait. Je retourne vers la borne et j'y passe ma carte bancaire. L'écran m'indique que huit mille six cent quatre-vingt-douze euros sont sur mon compte. Heureusement, je sais que je n'ai pas de plafond de retrait journalier. J'hésite une seconde, puis je décide de tout retirer. C'est dangereux, mais personne ne saura que j'ai autant d'argent sur moi. De plus, les agentes sauront que j'ai fait un retrait et bloqueront probablement mon compte bancaire. Si je ne retire pas cet argent immédiatement, ni moi ni ma mère ne pourrons en bénéficier. Je presse « Valider » et j'attends quelques secondes le temps que mon argent sorte de la machine. En les récupérant, je recompte tout avec soin. Quatre-vingt-six billets de cent, un billet de cinquante, deux billets de vingt et une pièce de deux euros sortent de la machine. Le compte est bon.
Les agentes ne vont pas mettre longtemps avant de se rendre compte que tout mon compte a été vidé. Elles sauront aussi où c'est arrivé. Je me hâte de retourner jusqu'au bar. J'en aurai probablement pour un quart d'heure de marche, peut-être plus. Je ne veux pas perdre de temps. Je doute que les agentes se lancent à ma recherche dans l'heure, mais on n'est jamais trop prudent.
Je frappe à la maison portant le numéro cinquante-six et attends que la même personne qu'hier vienne m'ouvrir.
— C'est pour quoi ? dit-elle en ouvrant la porte.
— Je veux entrer au New Island, je dis en essayant d'avoir l'air sûre de moi.
Elle se pousse et me fait signe d'entrer.
— Tu connais le chemin ? me demande-t-elle.
— Oui, je réponds.
— Je te laisse descendre alors. Profite bien.
Je retrouve la porte qui mène aux escaliers, et je descends jusqu'au bar clandestin. L'endroit est au moins aussi rempli qu'il l'était hier, si ce n'est plus. Je me rends jusqu'au bar, et je commande un Coca Zéro.
La serveuse me l'apporte rapidement, et je règle ma boisson. J'examine la pièce entière, et je remarque une petite horloge au fond de la salle à ma droite. Elle indique neuf heures cinq. Je n'ai plus qu'à attendre une heure pour le rendez-vous avec Olive. Je me demande si je suis la seule qui a un trajet en bateau prévu ce soir. J'imagine que je le saurai assez vite.
Je sirote mon Coca Zéro en prenant tout mon temps. Quelqu'un s'installe à côté de moi.
— Tu es nouvelle ? me demande-t-elle.
— Oui, toi aussi ?
Je la regarde attentivement. Elle ne ressemble à aucune des personnes que j'ai l'habitude de croiser. Elle a les cheveux roses, et une longue cicatrice sur le visage. Comme si on lui avait flanqué un coup de couteau sur la joue. Je fais mine de ne pas la fixer tandis qu'elle me répond.
— Non, je viens souvent. Je ne t'ai jamais vue avant, et tu n'as pas l'air du genre de fille qui vient dans un endroit comme ça. Je m'appelle Mélanie, au fait.
— Anna, je réponds. Et je comprends que tu te demandes ce que je fais ici, je dis avec un petit rire.
Mélanie affiche un léger sourire.
— Je peux te poser une question un peu idiote ?
— Pas la peine de demander, répond-elle.
— C'est quel genre d'endroit ici ?
Elle prend une seconde pour formuler sa réponse.
— Le genre d'endroit que les gens cherchent pour parler librement.
— Tu veux dire que tous ces gens ne sont pas d'accord avec...
Je n'ose pas finir ma phrase. La loi est tellement ancrée dans mon esprit qu'elle m'empêche d'agir comme je le souhaite.
— Beaucoup de gens ne sont pas d'accord. Plus que tu ne le crois. La plupart des gens ne disent rien par peur. Mais de plus en plus de jeunes gens refusent la Procédure et se retrouvent ici, demandant un moyen de se rendre jusqu'à l'île.
— Et le gouvernement nous le cache pour qu'on continue à penser que si nous ne voulons pas nous conformer à la Procédure, nous sommes seules et nous ne sommes pas normales. La sanction est le moyen de s'assurer que même si on veut refuser et se mettre en marge de la société, on ne peut pas.
Mélanie paraît surprise de ma réponse, et acquiesce.
— Tu as tout compris. J'imagine que tu es là pour le trajet ? devine-t-elle.
— C'est ça. Je croyais qu'un refus d'obtempérer donnait lieu à un procès. Et que le juge devait trancher entre la prison à vie et la mort.
— C'est ce qu'ils essaient de nous faire croire. Je crois que c'était comme ça avant, mais qu'il y a quelques années de plus en plus de jeunes ont commencé à se rebeller. J'ai entendu des choses horribles sur ce qui se passe maintenant. Tu m'as l'air jeune, donc tu ne sais probablement rien de tout ça. C'est cool que tu puisses échapper à la Procédure, n'empêche.
Je me force à sourire pour ne pas fondre en larmes. Je décide de tout lui raconter.
— En fait, j'ai eu vingt ans il y a quelques jours. J'ai refusé la Procédure, mais ils m'ont emmenée de force. Je ne sais pas ce qu'on t'a dit, mais ils forcent la Procédure, et on m'a dit que je passerai ma vie dans le Centre. Si je ne m'y étais pas échappée, j'aurais eu droit à des opérations en continu jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de moi et qu'ils me tuent.
Mélanie semble maintenant terrifiée. Elle touche à ses tresses nerveusement, et ne dit rien pendant quelques secondes. Puis, elle fronce les sourcils.
— Attends, tu t'es échappée ? s'exclame-t-elle après un long silence.
J'acquiesce, avant de lui raconter ce qu'il s'est passé.
— En fait, c'est quelqu'un qui m'a sauvée. Un sexe opposé. Il a réussi à me sortir de là, mais s'est fait tirer dessus à quelques mètres de la sortie. J'ai été obligée de le laisser là, mais je vais sur l'île trouver une amie à moi. Je vais revenir le libérer.
Mélanie paraît émue par mon histoire.
— Comment tu as réussi à être en contact avec un sexe opposé ? C'est impossible à moins d'être sur l'île, dit-elle.
— Un pur hasard, je réponds. Il s'est échappé de chez son père et a atterri ici. Il cherchait à rejoindre l'île.
— J'aime l'idée d'engendrer un peu de chaos. Si tu reviens pour sauver ton ami, je t'aiderai. Tu peux compter sur moi.
— Merci, je réponds, émue à mon tour.
Je regarde l'horloge au fond de la salle. Elle indique neuf heures cinquante-sept. Mon cœur fait un bond : si je n'avais pas regardé l'heure, j'aurais pu être en retard et ne jamais me rendre sur l'île.
— Je dois y aller, dis-je soudainement. J'ai rendez-vous à vingt-deux heures.
Elle me sourit en hochant la tête.
— Bonne chance, j'espère que tu trouveras ce que tu veux. Et n'hésite pas à venir me voir quand tu rentreras. On ira leur botter les fesses à ces agentes !
Sa phrase me fait rire. Je lui dis au revoir, et je me précipite vers le fond de la salle, juste devant la pièce où mon rendez-vous doit avoir lieu. Je suis soulagée d'être pile à l'heure. Mon regard scanne la pièce à la recherche d'une longue chevelure rousse. Ce n'est que quelques minutes plus tard que je l'aperçois. Elle entre dans le bar et vient directement à moi.
— Bonjour, je lui dis.
Elle ouvre la porte derrière moi et me fait signe d'y entrer.
— Tu as les trois mille euros ? me demande-t-elle.
— Je les ai.
J'ouvre la petite poche devant mon sac pour en sortir le montant convenu. J'ai pensé à mettre les trois mille euros de côté. Je ne voulais pas qu'Olive se rende compte que j'avais bien plus d'argent que ce qu'elle pensait et qu'elle modifie le prix du trajet en conséquence. Elle compte les billets de cent devant moi. Quand elle a fini, j'ose lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis quelques heures.
— Je suis la seule pour le trajet ce soir ou il y en a d'autres ?
Elle rit, et je me demande si elle ne se moque pas de moi.
— Évidemment que tu n'es pas la seule ! Tu penses que c'est si facile de faire passer des fugitifs à travers l'océan que je les enverrais un par un ?
Je me tais, ne sachant quoi dire alors qu'elle semble presque en colère que j'aie posé la question. Après une minute ou deux de silence, Olive reprend la parole.
— Il y a deux autres personnes, dit-elle. Et elles sont toutes les deux en retard. Si elles ne sont pas là d'ici cinq minutes, on part sans elles.
La porte frappe vingt secondes plus tard. Olive ouvre et deux personnes au visage similaire entrent. Probablement deux sœurs, je me dis.
— Vous avez l'argent ? demande Olive.
L'une des deux sœurs acquiesce et lui tend une liasse de billets.
— Six mille euros, comme convenu.
Olive vérifie le montant de la somme qu'elle vient de gagner. Au moins, je paie la même chose que les autres, je ne me suis pas fait avoir. Je suis quand même contente d'avoir pensé à ne pas montrer que j'ai plus d'argent. Je ne connais pas Olive après tout, et je n'ai aucune idée de ce dont elle est capable.
Après avoir compté l'argent, Olive nous donne les instructions à suivre :
— Vous allez sortir du bar une par une. Une voiture vous attend dehors. Montez dedans, et attendez que tout le monde y soit. Je vous rejoindrai une minute après que la dernière d'entre vous soit montée. J'ai encore une petite chose à régler.
Une des deux sœurs me demande si je souhaite y aller en premier. Devant l'air exaspéré d'Olive, j'accepte hâtivement et je quitte la pièce. Mélanie me fait un petit signe tandis que je traverse le bar. Je hoche la tête en souriant, et je sors du bar, puis de la maison.
Olive n'avait pas menti : une voiture m'attend bel et bien juste devant la porte. Je monte à l'arrière et constate qu'il n'y a pas de chauffeur. J'en conclus que ce doit-être la voiture d'Olive. J'attends durant une longue minute, et une des deux sœurs me rejoint. Je me rappelle que c'est celle qui a donné les billets à Olive.
— C'est ta sœur qui est avec toi ? je demande.
— Oui, c'est ma petite sœur. Elle n'a que dix-sept ans et elle est terrifiée. J'ai dû la convaincre qu'il était mieux pour nous de partir. C'est difficile pour elle car elle doit tout quitter alors qu'elle est encore loin de ses vingt ans.
— Je comprends. Ce n'est pas évident quand on est encore loin de l'échéance. Je n'ai décidé de refuser la Procédure que la veille, même si l'idée me trottait dans la tête depuis un moment.
Nous attendons patiemment que sa sœur arrive, puis nous n'attendons plus qu'Olive. Après trois ou quatre minutes à l'attendre nerveusement, elle arrive enfin.
— Vous êtes prêtes, pas de doutes ? demande-t-elle en s'installant à la place du conducteur.
— Je suis prête, je réponds.
Les deux sœurs répondent la même chose.
— C'est parti ! s'exclame Olive.

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