La journée s'est passée vite. Trop vite.
L'un des chalets faisait actuellement office de booknest. Il y avait de tout: du young adult, de la science fiction, de la romance. J'avais passé la journée entière dans cette bibliothèque, à feuilleter les pages et à lire quelques lignes ou paragraphes avant de changer de livre. Et, quelque-part, dans ma transe d'extase, j'ai retrouvé la copie de Little Fires Everywhere. Je ne sais pas exactement pourquoi mais, j'étais sûre que c'était celle que tenait James hier soir. Elle avait la même couverture légèrement froissée sur le côté.
J'ai été tentée de le prendre. J'ai momentanément pensé qu'en prenant le roman, j'aurais connu James. Comme un avant-goût. Mais, j'avais déjà vu la série. Je connaissais certainement déjà les grandes lignes du livre. Je l'avais reposé à sa place, sortant de la bibliothèque, après des heures, les bras ballants.
Je suis retournée à mon chalet; il était déjà 16:45. À vrai dire, je n'avais rien mangé, ce jour-là. Cette journée seule avait été parfaite. J'adorais ces moments de solitude que souvent on ne savait apprécier.
À présent, je n'avais aucune envie de dîner avec ces tarés. C'est peut-être pour ça que je les avais évités de toute la journée. Pas une chose facile mais, jonglant simultanément entre mon chalet et la bibliothèque, je n'avais croisé ni Perry, ni Matt, ni Hugo ou Cécile.
Je vérifiais l'heure... 16:57.
Et, si nous allions au restaurant ?
***
Si vous pensez que j'ai oublié James ou même encore que je voulais l'ignorer, vous avez tout faux.
Je pensais uniquement pouvoir aller au restaurant le plus proche, me chercher un truc simple à manger et retourner à la plage vite fait. Après tout, j'avais toute la nuit. Il était réveillé toute la nuit. Pourquoi s'inquiéter ?
Pour une raison ou une autre, j'ai atterri dans un bar. J'avais longtemps marché, mon large pull sur les épaules. Le bar était la première chose que j'avais vue. Après, j'étais affreusement paresseuse. Mais encore, je me sentais bête. Comment me nourrir à un bar ? Je n'avais déjà pas mangé de la journée.
– Putain ! La conne ! me suis-je exclamé, attablée au bar, verre de vodka en main.
Je sentis un homme s'asseoir à côté de moi. Je n'ai pas tourné la tête. L'alcool fusait déjà dans mon cerveau. Mon mot d'ordre quand je suis saoule – ou même sur le point de l'être – est que je ne m'adresse à personne. Ma bulle, ça a toujours été ma bulle.
– Alors, alors ?
Je l'ai ignoré, la tête tournée vers le côté. Je n'étais d'humeur à rien. À aucune conversation réelle. À aucune interaction sociale.
– La petite n'a pas de bouche ?
Il a bu d'une traite la boisson qu'il avait en main. Sa voix était dure et mûre. Je n'avais besoin de personne pour me sauver en ce moment précis. J'étais même affreusement tranquille. Et, pourtant...
– Ma chérie ?
Eliott ?
Je me tournai, la tête légèrement dans les vapes. Je m'attendais à me retrouver nez-à-nez avec ces cheveux bruns et ce regard clair et pur. Une partie de moi voulait le retrouver.
Une partie de moi le voulait atrocement maintenant que je n'étais presque plus moi. Mais, ce n'était pas lui.
Matt.
Je me suis tenue de rouler des yeux.
– Qu'est-ce que tu fous là, toi ? ai-je dit calmement entre deux gorgées.
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seule
ChickLitC'est un petit chalet, en bord de mer, dans le nord de la France. La plage y est paisible; la mer y est calme; les personnes, là-bas, ne sont pas curieuses. Parfait, pour disparaître. C'est peut-être ce dont elle a besoin. Cette...