Le seigneur du désert

Chapitre 14

Leïna tamponna sa bouche rassasiée. Dire qu'elle n'avait pas trouvé ce repas délicieux serait sans doute un mensonge. De plus, malgré les nombreux désaccord qu'elle avait avec le cheikh, ce déjeuné s'était plutôt bien passé. Seul regret, lui avoir révélé un bonne partie de sa vie ainsi que l'incident qui avait changé sa perception du monde. Parfois, lorsqu'elle songeait à cette journée, Leïna ne pouvait s'empêcher d'avoir honte. Seulement très vite, elle parvenait à se souvenir qu'elle n'avait pas été en faute cette nuit-là, seulement naïve d'avoir crû que cet étudiant avait en tête d'écrire une histoire avec elle alors qu'en réalité, il désirait seulement son corps. Leïna réprima ce mauvais souvenir et leva les yeux sur le cheikh.

Que pouvait-il bien penser d'elle à présent ?

Elle ne préférait pas savoir même s'il s'était montré très compréhensif et presque désolé pour elle.

Désormais Leïna savait comment ce monde fonctionnait et même si son cœur de romancière espérait trouver l'amour, une partie d'elle savait que le monde impitoyable dans lequel elle vivait diminuait fortement les chances de le trouver. Un amour pur et sincère.

Erika et le cheikh en étaient la preuve vivante.

- Allons voir ces photos, proposa-t-il en repoussant la chaise. J'espère que ce repas vous a été plaisant.

- Il l'a été oui, merci beaucoup, lui dit-elle en se levant à son tour.

Forcée de reconnaître qu'il faisait des efforts considérables Leïna plaqua un léger sourire sur ses lèvres et le suivit en espérant que la suite ne devienne pas le théâtre d'un nouvel affrontement.

Ils montèrent les escaliers afin de rejoindre son bureau privé. Lorsqu'il ouvrit la porte et s'écarta pour la laisser passer, elle fut obligée de sentir la saveur musquée de son parfum et dut faire face au trouble que ce dernier fit naître en elle.

La porte se referma et Leïna regarda celle-ci avec un peu d'appréhension.

- Approchez, elles sont ici.

Elle le suivit et passa derrière son bureau pour observer les photos. D'abord surprise par le travail de Vincenzo, Leïna avait l'impression de ne pas se reconnaître sur les photos et pourtant il s'agissait bien d'elle. Les prises étaient simples comme elle l'avait demandé. Perchée en hauteur sur un tabouret, Leïna avait opté pour un croisé de jambes assez sage. Seules les tenues avaient changées pendant ce shooting photos. Discrètement, les joues enflammées elle baissa les yeux sur les mains viriles du Cheikh appuyées sur le bureau. Tout son corps était penché au-dessus des photos, attendant patiemment qu'elle lui donne un avis. C'est alors qu'elle remarqua un cliché posé dans le coin du bureau à part des autres photos.

Il s'agissait de la photo où elle portait ce que lui...avait demandé.

Leïna se pencha pour la prendre n'ayant d'autre choix que frôler son bras avec sa hanche.

- Je suppose que c'est celle-ci que vous avez choisie ?

- En effet, confirma-t-il de sa voix gutturale. Pour moi, c'est celle qu'il faut.

Leïna leva la tête pour le regarder alors qu'il fixait la photo qu'elle tenait dans sa main.

- Vous dites ça parce que c'est là un avis objectif ou parce que je porte ce que vous avez décidé lors de la séance ?

Il braqua sa paire d'yeux orageuses dans la sienne.

- Les deux, admit-il en baissant furtivement son regard sur sa bouche alors qu'elle se surprit à regarder la sienne.