chapitre 4

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J'ai affreusement mal au crâne. La lumière m'agresse quand j'ouvre les yeux, et il me faut quelques secondes avant de décrypter ce qu'il y a autour de moi. Le souci, c'est que je ne reconnais pas l'endroit où je suis. Je sens un tissu mouillé et frais se poser sur mon front, et rencontre les yeux d'Ethan qui me sourit. Je me relève, et ma tête tourne.
- Doucement Artémis.
Je reconnais la voix de Victoria, avec une once d'inquiétude.
- Je suis où ?
Je regarde autour de moi en observant le salon dans lequel je suis. C'est très joli, malgré que ce soit dans un beau bordel. Plein de vinyles sont posés sur le sol, et j'entends leurs cris de douleurs. La lumière du plafonnier m'agresse.
- Chez Dam'. Son appart' est le plus proche de la boîte, donc c'était mieux pour toi.
Je fronce les sourcils.
- Pour moi ?
Ils se regardent, et les souvenirs me reviennent. Ma poitrine se compresse. Compresse. Compresse. Et les larmes coulent. Coulent. Coulent. Un appel. Mon père. Et je me suis évanouie dans les bras de Damiano. Vic me ramène à la réalité en me forçant à la regarder.
- Je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé Artémis. Mais si tu as un problème avec qui que ce soit, on est là pour t'aider.
Ça ne fait que faire redoubler mes larmes. Car tout le monde me dit ça. « Si t'as besoin d'aide, je suis là ». Mais tout ce qui les intéresse est le drama. Et j'en ai plus qu'assez qu'on prenne cette histoire à la légère. Puis je pense à eux, et je ressens une douleur autant physique que psychologique. J'ai l'impression de m'enfoncer dans un puit de douleurs, sans seau pour venir me chercher. Je sens la crise d'angoisse monter, mais je n'ai aucun contrôle sur elle. Et je m'énerve, à me rendre ridicule et faible devant des personnes incroyables, mes idoles de plus, alors que je ne leur ai parlé pour la première fois il n'y a même pas une semaine. Entre temps, Victoria m'a prise dans ses bras en me chuchotant de me calmer. Mais je finis par la repousser, mon hyperventilation me donnant envie de vomir. Et les souvenirs se bousculent de plus en plus vite : le coup de fil, la peur dans sa définition la plus pure, l'hôpital et la sensation de vide.
- Artémis regarde moi putain !
Je sens une main fermement agripper mon menton, et tombe dans les yeux bruns de Damiano. Je vous trouble à cause de mes larmes. L'oxygène n'alimente plus les poumons, et je suis de plus en plus vaseuse.
- Inspire. Profondément.
J'ai l'impression d'être dans l'eau. Mais j'essaie. Je dois recommencer plusieurs fois. Mais j'arrive finalement à inspirer. Mais l'inspiration reste coincée.
- Expire. Ne laisse pas tes pensées prendre le dessus sur toi. Tu as le contrôle.
Je suis ses respirations, mais il me faut encore dix minutes pour être totalement calme. Je passe aux toilettes, puis vais m'asseoir à la table ronde où se trouve le groupe.
- Tu veux un café Artémis ?
Je regarde Thomas en lui faisant non de la tête et en forçant un sourire sur mon visage pour le remercier. Il frotte mon crâne en décoiffant mes cheveux, ce qui me fait sourire sincèrement cette fois. Ils sont tous tellement gentils, et authentiques. Vic attrape ma main pour la serrer dans la sienne. Je sais qu'ils attendent que je leur explique.
- Si tu ne veux pas nous en parler Artémis, tu n'es pas obligée. C'est ta vie, c'est toi qui décide.
Je remercie Ethan d'un sourire, puis me racle la gorge avant de parler d'une voix plus que cassée.
- Je suis désolée de vous faire vivre ça. Et je suis juste incapable de vous en parler. Vous êtes tous adorables, et je n'ai pas ri aussi souvent depuis ce qu'il me semble des années. Mais j'ai vraiment beaucoup de mal à accorder ma confiance à cause du passé, et je préfère encore apprendre à vous connaître et passer du temps avec vous avant de vous en parler. Je vous suis si reconnaissante de vous occuper de moi comme ça, alors que je ne suis qu'une simple fan qui travaille dans une librairie. Mais je suis incapable de vous en parler maintenant. Et ça fait seulement une semaine que je vous ai parlé pour la première fois, alors je veux pas vous embêter avec mes problèmes.

Je triture mes ongles, et Vic m'attrape les mains en me regardant droit dans les yeux.

- Ce n'est pas grave si tu n'arrives pas à en parler. On sera quand même là pour toi. On a tous des problèmes dans la vie, et même si ça fait pas longtemps qu'on a découvert ton existence, que cela veut dire que tu nous embêterais si tu nous disais ce que tu as sur le coeur. Et, pour moi en tout cas, tu es plus proche de l'amie que de la fan.

My Måneskin SupremacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant