𝒆́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 𝟑. "i have all the night"

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Après avoir tremblé de stress, ou de n'importe quoi d'autre de néfaste à ma santé mentale, trembler de froid est plutôt agréable

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Après avoir tremblé de stress, ou de n'importe quoi d'autre de néfaste à ma santé mentale, trembler de froid est plutôt agréable. C'est un peu comme si mon corps essayait d'oublier, lui aussi. Lui aussi, aimerait sûrement que ça ne soit qu'une mauvaise blague, un rêve ou même un cauchemar, peu importe, si ça pouvait simplement ne pas être la réalité qu'est la mienne. Je crois que ça l'arrangerait, lui aussi, de ne pas se fatiguer autant.

Mes yeux bruns se perdent sur les vagues noires, avec les quelques jolis reflets de la lune très blanche, ce soir. Son éclairage me suffit à voir parfaitement jusqu'au moins vingt mètres devant moi, et c'est plutôt rassurant. Parce que je suis totalement consciente que se trouver ici, un samedi soir, n'est pas l'idée du siècle.

Le gobelet en carton encore plein de mon chocolat chaud me réchauffe le bout des doigts, et cette sensation est, elle aussi, très agréable. C'est apaisant, tout autant que le bruit de la mer, ou encore le bruit de ma respiration, enfin calme. Je suis enfin calme. Enfin.

— Non Boby ! Reviens ici ! J'entends alors derrière moi, soudainement.

J'ai juste le temps de me retourner et de poser mon gobelet sur le sable qu'un gros chien me saute dessus, comme s'il voulait jouer avec moi. Mentir serait de dire que mon cœur ne bat pas la chamade actuellement, parce qu'un chien qui nous saute dessus aussi brusquement, ça me parait rare, mais ça me fait sourire, parce qu'il est sacrément doux. Alors tandis qu'il semble jouer avec moi, je ris aux éclats en tentant de m'écarter de lui.

— Oh, je suis vraiment désolé, articule difficilement un homme, essoufflé.

Nerveusement, du moins je le suppose, il attrape gentiment le chien noir en essayant de l'écarter de moi, mais à chaque fois, il revient. Et ça me fait bien rire.

Alors, tout souriante, je lui dis : "C'est bon, il est sympa ce chien" en souriant. Il semble surpris quelques secondes, puisqu'il n'a pas l'air de savoir quoi dire, puis fini par sourire.

— Il fait toujours ça, pouffe-t-il, en se détendant enfin. Il court tout le temps vers les gens pour jouer avec eux, comme s'il ne s'amusait pas assez avec moi. Je suis un peu jaloux, je l'avoue.

— Au moins, il doit en faire sourire, des gens non ?

— Bien plus que je n'en fais sourire, oui.

Je rigole légèrement et reporte mon attention sur le chien, enfin Boby, si j'ai bien compris. Sa queue bouge dans tous les sens, ma montrant à quel point il est content. Ce chien m'adoucit vraiment, alors je lui re caresse le crâne avant de relever les yeux vers son maître. Je le détaille quelques secondes, et le bleu presque azure de ses yeux me surprend, ils sont... Très hypnotisant. Il a un beau visage, avec des joues qui m'ont l'air rebondies, et puis je trouve que sa coupe de cheveux avec une raie à peine déterminable, c'est-à-dire très approximativement coiffé, et ses cheveux semblent de nature lisse, lui va plutôt bien.

— Tu peux t'asseoir, lui proposé-je doucement.

Comme s'il attendait ça depuis le début, il s'assoit rapidement sur le sable froid en souriant, et en regardant avec affection son chien. Il tend son bras pour jouer doucement avec lui, ce qui me fait sourire aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis presque sûre de l'avoir déjà vu ; mais mon esprit me joue sûrement des tours. Je le trouve très apaisant, c'est bizarre, mais c'est sûrement dans sa façon d'être, de se tenir, de s'habiller, ou même son odeur, parce que je trouve qu'il sent bon. Un peu comme... Je dirais une odeur de vanille, et puis... celle des repas des grands-parents. Les repas où on se sent en sécurité, où on rigole. Pas comme chez moi ; et j'irais même jusqu'à parler de quelque chose totalement différent

— Pourquoi est-ce que t'es toute seule ici ? Coupe-t-il alors le silence, d'une voix douce.

Lentement, je pivote mes yeux vers les vagues et ramène mes genoux contre ma poitrine en soupirant.

— C'est une très longue histoire...

— Eh bien... Il me semblait avoir toute la nuit, alors... si tu veux, je t'en prie. J'écoute...

Il étend ses jambes devant lui, et soutiens son buste à l'aide de ses bras derrière lui, me montrant alors qu'il pense vraiment ce qu'il vient de dire. Ses yeux bleus me sondent, je n'aime pas forcément qu'il me fixe de cette manière : c'est-à-dire, comme s'il voulait tout savoir de moi, comme si lire en moi était un jeu d'enfant, et pire encore, comme si en fait, il savait déjà tout. Ce regard me rend toujours très mal à l'aise, ce qui pourrait expliquer la rougeur de mes joues, en ce moment même. Je déteste ça, et lui, il le sait. Il le devine. Je sais qu'il le sait, puisque son regard repart vers son chien, et un léger sourire en coin a prit place sur ses lèvres.

— Umh..., je me triture les doigts nerveusement avant d'inspirer profondément.

Je n'en ai jamais parlé à quelqu'un de vive voix, alors c'est un peu étrange. Et effrayant, parce que je ne sais pas si les mots vont sortir. J'ai cette impression dure que les mots bloquent, je ne sais pas si je devrais tout lui raconter depuis le début, ou alors si je devrais simplement me contenter de cette soirée. Pourtant, son "il me semblait avoir toute la nuit" me fait réaliser qu'il sera attentif, peu importe à quel endroit de cette histoire je décide de commencer. Parce qu'il est vraiment intéressé. Parce qu'il ne dit pas de paroles en l'air. J'en suis sûre.

𝐎𝐍𝐄 𝐍𝐈𝐆𝐇𝐓 𝐒𝐓𝐀𝐍𝐃 - mini sérieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant