Chapitre 14

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« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler ; »

Phèdre - Jean Racine

Taehyung était rentré à l'appartement 17 le plus rapidement possible, bien que ses pas se faisaient lourds et pesants dans les couloirs du vieil immeuble parisien. Ses émotions étaient vraisemblablement contrastées, variant de la colère à la déception et parsemées d'une multitude d'autres sensations inconnues.

Le mutisme qu'il conservait durant la totalité de son trajet jusqu'à l'appartement fut d'autant plus assourdissant lorsque le châtain ouvrit la porte en de gestes étonnamment maîtrisés (et donc d'un sang froid qu'il ne se connaissait guère) et qu'il pénétra à l'intérieur sans un bruit volontaire : ses lèvres étaient comme pincées entre-elles, ses poings serrés et sa mine fermée.

Tout son visage trahissait l'évidente situation désagréable dans laquelle il se trouvait et semblait hermétique au moindre changement autour de lui : le ciel que Taehyung apercevait de la fenêtre s'assombrissait et il ne s'écoula que quelques minutes avant que le tonnerre gronde et que la pluie frappe violemment le double-vitrage de son impétueuse rage ou gros chagrin.

Quant au châtain, il demeurait allongé sur le canapé replié, les jambes tendues et les paupières à moitié fermées, observant ainsi les gouttelettes fines qui perlaient sur les fenêtres.

Le temps sembla filer à vive allure suite aux bras de Morphée qui avait entouré Taehyung, le berçant d'un profond sommeil.
Visiblement, la nuit n'avait pas été suffisante et dormir encore un peu ne semblait pas déranger le corps et l'esprit fatigués du doré.

Ce ne fut alors qu'une bonne heure après que Taehyung émergea doucement de son sommeil, réveillé suite aux bribes de conversation qu'il percevait de là où il se trouvait et de ses quelques gargouillis ventraux qui ne cessaient de lui rappeler l'impasse qu'il avait faite sur son petit-déjeuner.

Une forte odeur agréable et légèrement musquée se dégageait dans la pièce et Taehyung sut directement qu'il s'agissait là du parfum de Jungkook, si ce n'est que quelqu'un d'autre possédait le même.

Ainsi se déroulait à côté de lui une discussion entre Jeon Jungkook et Min Yoongi, assis à même le sol, une canette de Cola-Cola coincées entre leurs mains. 

« - Et alors, qu'est-ce que ça peut faire que t'ai eu envie de l'embrasser ?

Las, Jungkook se passa une main sur le visage puis amena sa canette de soda à ses lèvres, dévoilant ainsi son cou exposé en arrière.

- Bordel Yoon, je veux pas l'embrasser.

Yoongi haussa un sourcil, sceptique quant à cette réponse pour le moins catégorique qui semblait néanmoins bien moins claire que ce qu'elle souhaitait paraître.
Car lui l'avait vue, la manière insistante et inconsciente avec laquelle Jungkook lorgnait les jolis croissants de chair de Taehyung que ce dernier humidifiait constamment. Il avait remarqué ce regard fuyant, comme pris en flagrant délit lorsque Taehyung pensait l'avoir aperçu faire, soudainement extirpé de ses pensées.

Si Jungkook n'avait pas envie d'embrasser Taehyung, alors Yoongi n'y comprenait plus rien à l'attirance.

- J'ai pas- putain.

Jungkook s'interrompît brusquement, coupé dans son énième justification peu argumentative suite à la vue de son colocataire, tout droit sorti de son hibernation.

mate | jjk x kthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant