Chapitre 15

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« Et nous remplacerons l'amour
de ce qui nous manque
par la haine
de ce qu'il nous reste. »

Il y avait dans la présence de Jungkook quelque chose d'infiniment chaleureux et réconfortant, où l'âme de Taehyung aimait se réfugier. Il appréciait la douceur de l'être de Jungkook et de la même manière, cette capacité à se renfermer sur lui-même lorsqu'une situation lui échappait des doigts ou qu'il n'était plus maître de ce qu'il ressentait.

Plus jeune, Taehyung avait appris à aimer les différentes facettes de son brun préféré et sa personnalité authentique, jonglant de ses atouts relationnels pour en faire son meilleur allié, son meilleur ami. Tout dans leur relation était intense, vivant, sincère, pur et vrai. Tout ce qu'ils avaient été ensemble durant de longues années fut un travail relationnel important qui avait constamment demeuré au second plan : ils étaient bien trop jeunes pour comprendre que leur amitié allait au-delà d'une simple rencontre intense et profonde mais qu'elle se situait sur le plan fusionnel de deux âmes s'étant longtemps cherchées avant de se retrouver.

Jungkook et Taehyung avaient toujours été très différents et en même temps si semblables. Ils se complétaient, s'aimaient d'une amitié indescriptible, s'animaient d'un désir de tout partager, de tout faire ensemble, de toujours s'écouter et d'être constamment l'épaule sur laquelle l'autre pouvait se reposer.

Lorsque Jungkook avait vécu son premier chagrin amoureux, Taehyung avait été là. Lorsque Taehyung avait eu son superbe premier vélo, Jungkook fut le premier à l'essayer. Lorsque Jungkook allait en France, il n'oubliait jamais de ramener de jolis souvenirs à Taehyung. Lorsque Taehyung fit sa première bagarre, Jungkook fut là pour le soigner de ses pansements aux imprimés éléphant.

Ces deux-là ne se quittaient jamais, dormant très régulièrement chez l'un et chez l'autre, passant leurs après-midis à se prélasser devant un bon film ou à jouer à toutes sortes de jeu.

Ils s'étaient toujours bien entendus, toujours bien complétés.

Et tous deux à leur manière apportait à l'autre ce qu'il lui manquait, ce qu'il lui fallait.

Jungkook avait toujours été attiré par Taehyung et Taehyung avait toujours été attiré par Jungkook. Car d'une certaine manière ils étaient pour l'un ce que l'autre avait besoin, et ce depuis qu'ils se connaissaient.

Et aujourd'hui Taehyung songeait. Songeait à cette relation déchue qui les menait Jungkook et lui sur un chemin semé d'embûches. Un chemin qui s'annonçait délicat à franchir mais qui en valait la peine.
La perte de leur amitié et son imprévisibilité lui avait toujours semblé dépourvu d'humanité ou trop animée de celle-ci pour les enfants qu'ils étaient encore. Tout avait été trop rapide, trop irréel. Tout s'était fait trop brusquement pour leurs cœurs. Trop violemment pour leur amitié. Et cette brutalité les avait heurté de plein fouet, assénant leurs cœurs d'une profonde tristesse qu'ils n'avaient su effacer.

À présent, tout dans leur regard trahissait la nostalgie d'une relation brisée, comme arrachée violemment à ce qu'elle tenait le plus cher.

Et aujourd'hui, Taehyung et Jungkook s'en mordaient les doigts.
Tant ils se manquaient.

Car si ce jour-là Taehyung et Jungkook avait cessé d'ensemble exister,
Ils en avaient oublié l'inévitable lien qui les reliait.

Et Taehyung s'était toujours senti coupable de quelque chose qu'il ne pouvait refouler.

Séoul, 8 février 2013

« Mais le vert paradis des amours enfantines »
- Charles Baudelaire

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