mate | jjk x kth

Chapitre 22

« J'obtiendrai ton sourire le seul témoin de ma victoire
Je tiendrai tes oreilles pour les empêcher de se sauver
Je te dirai, « y'a de la meuf dans cette soirée » mais moi j'ai vu que toi
Ton corps dans ma rétine c'est sensoriel [...] »

- Galatée, Nekfeu

☆

Les amis de Jungkook étaient très gentils. Ils lui ressemblaient beaucoup au final. Chacun discutait avec Taehyung, faisait en sorte de ne pas le laisser à l'écart notamment en employant l'anglais ou un coréen un peu maladroit. Quelquefois Jeon avait tout de même dû traduire certaines grossièretés françaises particulièrement variées, si bien qu'à certains moments il avait été nécessaire de trouver leur équivalent en anglais, tant le coréen n'était pas la hauteur des insultes ou gros mots francophones.

Dès leur arrivée trois heures plus tôt, tous les garçons présents avaient fait en sorte d'intégrer Taehyung à leur groupe. À vrai dire, sur le groupe digital qu'ils partageaient ensemble Jungkook leur avait intimement demandé de m'être le châtain à l'aise. Visiblement ça n'avait pas manqué : quelques bouteilles d'alcool furent vidées, de nombreux rires s'échappaient peu à peu et les langues se déliaient. Si bien que Taehyung craignit à certains moments d'en dire trop, d'autant plus qu'il avait l'alcool très franc et un poil un peu trop téméraire.

Jungkook aussi riait beaucoup. Cependant il parlait un peu moins. De toute façon, avec ou sans alcool le brun n'était pas un grand bavard, bien qu'il appréciait particulièrement entendre ce que déblatérait l'inépuisable Kim Taehyung.

Assis par terre autour d'une petite table de salon qui faisait dès lors office de mini bar, de plateau à UNO ou encore de dépose-coudes, les six jeunes hommes riaient de bon cœur, à gorge déployée. Leur façon de rire ensemble créait une certaine harmonie dans l'appartement parisien et résonnait agréablement aux oreilles de Taehyung. Il appréciait entendre les gens rire, se plaisait à discerner la jolie symphonie que formait le bonheur des gens, même si parfois il n'était question que de quelques maigres secondes.
Le rire de Jungkook était le plus mélodieux aux yeux de Taehyung. Il était aussi celui que le miellé discernait plus aisément, notamment car il le connaissait par coeur et ce depuis déjà bien longtemps. Néanmoins il avait remarqué le rire discret de Gabin, celui plus assumé de Raphaël, celui étonnamment fort de Kaï et la façon dont Lucas rigolait avec tout son corps : son nez se plissait fortement, ses yeux se fermaient délicatement et il rejetait constamment sa tête en arrière dans un geste dont le naturel fascinait presque Taehyung.

Jungkook regarda Taehyung regarder les autres. Étant tout près de lui, juste à sa droite, il percevait ses joues et son nez légèrement rougis par l'alcool, ses mèches rebelles qui lui tombaient sur les yeux et ses lèvres plus roses que d'ordinaire. L'euphorie donnait un air féerique à Taehyung. Tellement que Jungkook aurait voulu le dessiner, là, dans le tableau singulier qu'il formait en cet instant.
Il était beau Taehyung. Si beau que Jungkook damnerait quiconque oserait dire le contraire.
Lorsque le châtain posa ses prunelles miroitantes dans le regard distrait de Jeon, la première chose à laquelle pensa le noiraud fut qu'il était particulièrement gênant d'être pris en flagrant délit en train de regarder Taehyung par le concerné lui-même. Puis, alors même qu'il s'imaginait détourner le regard pour n'avoir plus à supporter le supplice que la beauté du doré lui faisait endurer en cet instant, Jungkook se perdit dans les prunelles de Taehyung. Plus dilatées que d'habitude, elles étaient vitreuses, d'une certaine manière plus captivantes. Plus distantes qu'elles ne l'étaient d'ordinaire, elles restaient profondes, comme infiniment inspirées.

Leur échange ne dura que quelques secondes, assez pour que Jungkook sente son coeur battre fortement dans sa poitrine (selon lui il s'agissait seulement des effets de l'alcool qu'il avait ingéré) et qu'il sente ses paumes devenir moites sur ses genoux.
Lucas le sortit de cette ambivalente torpeur : tapotant légèrement l'épaule du noiraud, il lui proposa implicitement de sortir fumer alors que d'un signe de tête il désignait le balcon tout en lui tendant une cigarette sortie de sa veste en cuir qu'il ne lâchait pas depuis le début de la soirée.