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Chapitre 19

  « Près de vous la résistance est vaine ; vos beaux yeux savent tout enflammer, un penchant secret vers vous m'entraine, et malgré moi me force à vous aimer ! Un cœur tendre peut-il se défendre, et pourrait-il braver d'aussi puissants attraits ? L'amour même dirait qu'il vous aime, si vos beaux yeux, sur lui, daignaient lancer leurs traits. »

- Adolphe Ricard

☆

Une longue et lente journée s'était écoulée depuis la soirée passée dans le bar parisien. Soirée que Taehyung avait tendance à juger catastrophique et incroyablement honteuse. Il n'assumait en rien ses actes et paroles à l'intention de Jungkook et n'osait même plus le regarder droit dans les yeux tant il trouvait cela gênant. C'est vrai, pourquoi avait-il demandé toutes ces choses mièvres à Jeon ? Ce n'était pas leur genre. Ils ne faisaient pas dans la dentelle, ne se partageaient pas ce genre d'attention, ce genre de mots, de tendresse. Mais cela faisait bien longtemps que Taehyung n'avait pas ressenti la chaleur d'une étreinte à la Jungkook, ni senti d'aussi près son parfum. Il notait également les sensations agréables qu'il avait ressenti en la présence du brun et le réconfort  qu'il avait apporté à son être.

Cependant quelque chose clochait. Ce n'était pas possible autrement. Aux yeux de Jungkook, Taehyung s'était montré étonnamment... docile. Et pour Taehyung, Jungkook apparaissait bien trop tendre que ce qu'il était habituellement (si l'on omettait l'épisode du bisou sur le front et d'autres futiles moments de ce genre).

Ainsi, les deux garçons se torturaient communément l'esprit à propos d'une même chose, sans jamais franchir le cap d'en parler ensemble.

Jungkook était resté la plupart du temps à dessiner avec ses écouteurs aux oreilles : la musique qui emplissait ses oreilles le coupait du monde et surtout de Taehyung. Ce dernier n'osait donc en rien perturber l'état rêveur de Jeon et encore moins le déranger dans sa transe artistique. Cependant, il ressentait cette envie permanente de le rejoindre, de lui parler, le taquiner. De faire tout un tas de choses qui énerveraient Jungkook tout en le faisait sourire. Un tas de choses complètement stupides que Taehyung lui-même ne parvenait à comprendre.

Quelle étrange chose de vouloir faire sourire Jeon. Ça n'avait décidément aucun sens.

Toutefois, le doré pensait souvent à cette idée. Celle de s'approcher de Jungkook et de lui retirer un écouteur doucement, histoire de l'interrompre dans sa bulle afin d'espérer y pénétrer également. Alors ils pourraient discuter de tout et de rien ou continuer la série que Jeon avait proposé de visionner avec Taehyung lorsqu'ils avaient déjeuné ensemble au réfectoire.

Mais rien de tout cela n'était arrivé. Le châtain était étrangement bien trop timide et n'osait briser cette atmosphère singulière qui les englobait tous les deux dans le souvenir de cette soirée, de cette complice symbiose qu'ils avaient ressenti. Ainsi, Taehyung alternait tantôt sur la terrasse, tantôt dans les toilettes, histoire de ne point empiéter sur l'espace de Jungkook et de se tenir relativement loin du noiraud malgré leur étroit studio parisien. Il s'agissait aussi en réalité de s'écarter de Jeon pour mieux respirer, mieux se vider la tête. Le brun hantait littéralement l'esprit et le cœur de Taehyung. Si bien que le premier ressassait en boucle des images du beau brunet et que le second battait toujours un peu plus fort, cherchant à s'échapper.

Taehyung n'y comprenait strictement rien.
Être malade ne faisait en rien partie de ses plans, surtout à quelques jours du début de sa formation dans une université française. Mais si en plus de cela son état était lié à son colocataire et ex meilleur ami, cela ne pouvait arranger les choses.