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Candy, 21h06.
J'arrive pas à croire que je me suis endormie au bord de la plage.
- Aïe...
Les galets c'est vraiment pas ce qu'il y a de plus confortable pour taper une sieste.
Je m'assois tout en me regardant autour. J'espère que personne m'a vue dormir comme ça. Même si je déteste ma vie c'est pas une raison pour me taper la honte.
Heureusement il y a personne. Les gens n'ont souvent pas que ça à faire de regarder la mer un vendredi soir. Ils vont faire la fête avec leurs potes ou ils passent peut-être une soirée en famille.
Je ne peux faire aucun des deux.
Je soupire avant de mettre pause à Dark Red de Steve Lacy qui devait maintenant jouer en boucle depuis plus d'une heure, afin d'écouter le bruit des vagues.
J'aimerais être une vague aussi parfois, me faire bercer lentement par la mer à l'infini, voir les gens qui m'admirent et qui m'aiment, simplement et purement pour ce que je suis. Sans même avoir à faire ne serait-ce qu'un effort pour paraître plus attrayante.
Moi qui pensais que j'allais m'en foutre de ma situation, que j'allais m'y habituer à un moment vu que "j'suis une fille assez solitaire de nature", je me suis bien trompée.
Quand je vivais encore chez ma mère je détestais le bruit. Je détestais quand mes sœurs piaillaient sans arrêt, occupées à raconter comment leurs journées se sont passées, comment ce mec n'a pas arrêté de les fixer en cours et "comment est-ce que t'applique ta perruque Candy ? j'arrive pas à bien faire ma front lace ça me saoule".
Je détestais quand ma mère mettait ses louanges dès huit heures du mat' le dimanche matin, ce qui nous forçait, mes trois sœurs et moi, à nous lever et à faire le ménage avec elle.
Je détestais la manière dont je devais attendre mille ans avant de pouvoir aller me doucher, tout ça parce que madame Elena, Charlotte ou Grâce était en train de s'épiler.
Mais en fait... en fait maintenant ça me manque. Et je sais que je pourrais plus jamais l'avoir parce qu'une fois que ta mère te tourne le dos, toute la famille la suit, pour éviter de se retrouver dans la même situation que toi.
Mes sœurs doivent probablement me détester maintenant, tout comme je me déteste aussi.
Je sens une goutte d'eau tomber sur le dos de main.
Je lève la tête.
- Oh...
Il pleut pas ? C'est quoi alors ?
De plus en plus de gouttes tombent sur mes mains, sur mon pull et sur mon jogging.
