Bats-toi pour moi

Chapitre XXI

Billie 

Assise par terre les larmes me montent aux yeux, un vide me prend aux tripes. Les yeux rivés sur ce sang mélangé à la poussière du sol, je sens Speed se rapprocher de moi.

- Billie, j'ai peut-être une piste, une traînée de sang, vaudrait mieux que tu restes ici, Ken va arriver, ok ? 

- Non, je viens avec toi ! Réponds-je sans la moindre hésitation. 

- Tu peux à peine marcher princesse. 

- Rien à foutre, t'es assez costaud pour me prendre sur ton dos, et t'as pas le choix. 

Speed lâche un long soupire en glissant sa main dans ses longs cheveux blonds, son regard gris me maudit. J'arrive temps bien que mal à me redresser, Speed se baisse, glisse ses mains sous mes cuisses et me soulève comme on soulèverait un sac de plumes. Je m'arroche à ses épaules musclées, j'enroule mes jambes frêles autour de sa taille, il se met en marche en contournant le 4x4. Il se dirige vers la forêt, sur le chemin, des traces de sang jonchent le sol, mon sang pulse dans mes veines et ma respiration se fait plus dure. La nuit tombe rapidement, les traces de sang se font plus discrètes mais Speed ne décélère pas sa cadence, il porte bien son nom celui-là. Les traces de sang s'arrêtent devant une petite maison perdue en plein milieu du bois, je me laisse glisser le long du dos de Speed qui me regarde méfiant. Je m'approche doucement de la porte et frappe trois fois contre la porte en chêne. Plusieurs bruits se font entendre en se rapprochant de nous.  Un homme de soixantaines d'années nous ouvre, les cheveux grisonnants, un regard dur, des tatouages sur les bras, on dirait un ancien biker. 

- Euh bonjour. 

Les mots me manquent comment expliquer qu'on cherche un homme qui s'est fait sans doute agresser puisqu'il y a du sang qui mène jusque-là. Je me tourne vers Speed qui prend la parole.  

- Bonsoir, nous cherchons Scott Graham, je pense que vous connaissez. 

Il pointe du menton un de ses tatouages représentant l'ancien signe des Lone Bandits, je le sais car mon père porte le même sur l'avant bras droit, les questions me montent à la tête. Est une coïncidence que les traces mènent jusqu'ici ou un problème plus grave. 

- Entrez, répond seulement l'homme. 

Je m'agrippe au bras de Speed  pour me protéger ou juste par peur je ne sais pas. La déco est rustique, des poutres en bois, des meubles en bois et des posters d'Harley ou de groupes de métal datant un peu, une véritable garçonnière. L'homme nous invite à nous assoir autour de la table, Speed et lui commence à discuter mais je suis distraite par une drôle de sensation.  J'entends des pas venir d'une des pièces qui débouchent sur le couloir. Un homme torse nu avec le bas du ventre entouré dans un bandage, une barbe longue, une balafre qui fend son visage, l'air manque à mes poumons, mon sang se fige dans mes veines. Ses yeux noirs me caressent, mon corps reprends vie, je me lève et cours pour lui sauter au cou, les larmes ruissellent sur mes joues, je le sers de toutes mes forces, ses bras s'enroulent autour de moi et me colle plus encore contre son torse dur. 

- Ma querida, qu'est que tu fais là ? Lâche-t-il en un murmure. 

- J'avais besoin de mon homme. 

Nos lèvres se retrouvent, se reconnaissent, sa langue glisse dans ma bouche dérideuse de lui.  Ses mains parcourent mon corps, il me soulève contre lui, j'enroule mes jambes autour de sa taille, je sens son sexe dur à travers nos vêtements. Il me conduit dans une chambre sans cesser de m'embrasser, nos retrouvailles ont été si dures, si éprouvantes. Il me dépose sur le lit en lâchant un gémissement, je me redresse réveillé par sa douleur. Il appuie sur sa blessure en jurant.