dig-estives (épilogue)

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bon, alors, voilà marie.
on t'a oubliée comme tu savais que ça allait arriver. Les couverts seront pour trois autre part. autre part que chez toi.

tu n'auras jamais une silhouette dans ta cuisine rayonnante, jamais une ombre entrain de faire brouiller des oeufs en pensant à toi. réveil en musique.

tu n'auras jamais personne avec qui danser sur saudade, tu ne seras que saudade.

parfois marie, ça te rend triste, que ta réalité n'y ai pas le droit.

mais même ta mère te l'a dit: elle se fait du souci.

parce-que tu es seule marie, et "nous on sera bientôt plus là. alors t'auras quoi? il restera quoi?"

t'as eu envie de dire que c'était pour qu'ils aient une longue vie que tu fais des choses pour de l'argent.

et l'idée s'effraie.

parce-que c'est vrai: sans rien il ne reste plus que soi.

pose toi sur le rebord de Pise.

tu es vert. vert vide ventouse. seule seule seule.

Au milieu de bleu heureux, tu es ver seule. versant.

et normalement tu aimes ça, mais, tu ne sais pas si dix ans en société, monde humain, mais seule, tu ne sais pas si tu les survivras.
parce-que le système te rappelle tous les jours que tu as tort de t'y plaire dans les bras de solitude. bras pâte d'amande.

la pression est immonde sur tes épaules lames de rasoir.
un manteau au musée d'à côté.

et tu ne veux pas, tu sais que tu n'es pas.

et si tu n'es pas, tu ne peux parler.

et si tu ne peux pas parler, personne ne se rappellera de toi.

les peintres vont passer une couche sur ton visage collé au mur à la superglue.

ta perspective d'avenir c'est la finitude.

parce-que argent sur or. parce-que tu ressent requin. parce-que tu ne t'appartiens pas. parce-que cheveux crayolas. parce-que carrelage carreaux. parce-que punks-rimbauds. parce-que tu veux exister en tant que toi- et tu ne le pourras jamais- puisque tes mots sont plomb.

alors tu déclames dans ta cuisine moche et terne: VOILÀ MARIE! voilà marie! CESÁRIA ENFUIE MOI.

ridicule.

fume fume fume sans cigarettes.

tu ferais mieux de digérer la vérité au lieu de ne pas comprendre. laisse la couler le long des cadavres anatomiques de ton ère, laisse la, poids sourd dans ton estomac, pâte dans ta bouche, souche de tes lèvres qui n'ont jamais rencontrées de semblables, à leur plus grand bonheur.

personne ne t'appelle quand le dîner est servi, personne ne sait ce que ton ventre a vu. personne ne pose l'argenterie sur la table, là où tu n'as pas de place attitrée.

ton destin c'est de marcher, mais tu ne verras jamais l'avion de l'intérieur, encore moins la première classe, famille en voyage, qui pense aux pédalos, aux vagues en rêvant.

éternelle estivante, qui n'est plus.

Bon voilà. c'était marie. et c'est fini.

courte conclusion ambrée d'un début de vie.

couverts pour troisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant