8/ Inspectrice Mère-Noel

52 12 25
                                    

"L'art le plus noble est celui de rendre les autres heureux." P.T Barnum

Exactement quarante minutes plus tard, le bus s'arrêta devant l'arrêt d'Astrid. Dehors, on ne voyait quasiment rien comparé au centre-ville. Ange eut une légère moue en voyant la seule illumination de Noel grésiller. C'était un peu triste. Il se tourna avant de remarquer que la jeune fille à ses côtés avait un grand sourire.

Quelques flocons tombaient ici et là dans ses cheveux et elle avait l'air toute contente de lui montrer où elle habitait. Ange se laissa alors porter et petit à petit, en arrivant prêt de là où ils devaient emballer les cadeaux pour l'association, il comprit ce qu'Astrid trouvait à cette simple petite rue.

C'était des dizaines de familles qui vivaient ici, chacune avec leur histoire. C'était les rires des enfants qui jouaient entre les maisons, et puis les parents qui les surveillaient d'un œil, tout en espérant que la neige s'arrête de tomber un jour. C'était incroyablement simple et étranger à la fois. Mais bizarrement, Ange s'y sentait bien.

Une fois arrivés dans le hangar où il devait aider Astrid avec les paquets cadeaux, il n'eut pas le choix que de se débarrasser de son bonnet et de son écharpe, dévoilant ses traits royaux aux autres bénévoles. Il y régnait une douce chaleur, des chansons de Noel tournaient en boucle sur un vieux poste à musique et en inspirant, il reconnu une odeur de vin chaud et de chocolat.

Des rouleaux de papier cadeau étaient empilés sur de grandes tables et une pile de jouets récupérés était dans un angle de la pièce.

Astrid lui fit un sourire encourageant. Ces gens étaient adorables. Elle savait qu'il serait bien accueilli. Alors, lorsqu'elle vit les yeux de tout le monde s'agrandir en découvrant le visage du garçon qui l'accompagnait, elle fit un pas en avant.

— Je vous présente Ange. On est au lycée ensemble, dit-elle simplement.

La patronne du lieu le regarda en penchant la tête.

— Je peux vous demander ce que vous faites ici Votre Altesse ? Sans protection qui plus est. Je ne veux pas avoir d'ennuis.

— Vous n'avez pas à vous en faire. Qu'est ce qui pourrait m'arriver ici ? Au pire je me couperai avec un ciseau et la reine me fera un pansement en rentrant au palais.

Cette remarque stupide eut au moins l'avantage de faire sourire la femme.

— Astrid, garde un œil sur lui compris, déclara-t-elle.

La jeune fille hocha la tête. C'était son boulot après tout. Et en voyant les yeux d'Ange pétiller en attrapant un premier cadeau à emballer, elle comprit qu'elle était en train de réussir sa mission : le protéger de quiconque capable d'enrayer son bonheur.

Une heure plus tard, une jolie pile de cadeaux se formait petit à pile au centre de la pièce. Astrid était concentrée sur son paquet. Mais emballer un ours en peluche était plus compliqué qu'il n'y paraissait. Elle leva un instant les yeux, voulant râler auprès d'Ange comme quoi il avait toujours les trucs les plus simples à emballer, mais s'arrêta net.

Ange n'était plus là.

Quelle idiote elle faisait ! Elle n'avait qu'une chose à faire : le surveiller. Et il arrivait à lui échapper. À cet instant elle comprenait son frère qui rentrait souvent exaspéré du travail.

Elle lâcha son paquet et le ruban qu'elle avait dans les mains pour parcourir le hangar. Ce n'était tout de même pas si grand. En plus Ange ne connaissait pas le quartier. Il n'avait tout de même pas pu aller si loin.

Mais Ange n'était nulle part. Elle eut beau interroger tout le monde, il semblait avoir disparu.

— Je t'avais prévenue Astrid, lui dit la patronne. Je serai toi je le retrouverai fissa avant que j'appelle ton frère.

La jeune fille baissa la tête. À cet instant elle s'en voulait d'avoir accepté une aussi grande responsabilité, mais elle en voulait aussi à Ange d'avoir fait n'importe quoi. Il n'avait aucune raison de disparaitre ainsi. Sauf si quelqu'un l'avait fait disparaitre, sauf si... Non. Alors là très mauvaise idée Astrid. Ne surtout pas commencer à imaginer des scénarios catastrophe.

Le temps qu'elle réfléchisse à tout ça, elle avait enfilé sa veste et courait déjà dehors. Il n'y avait pas besoin de grandes compétences en détective et garde du corps pour suivre les empreintes de pas du prince dans la neige. Elles étaient accompagnées par d'autres, un peu plus grandes. Astrid les suivies une à une, avant de comprendre où elles menaient : la dépendance du maire de son district, là où il donnait la plupart des réunions concernant la vie du quartier, le budget de l'année, ce genre de choses qu'elle ne suivait pas vraiment.

Mais elle tendit l'oreille en entendant une voix familière.

— Voilà c'est signé monsieur.

Signé ? Mais de quoi il parlait ? Bon, point positif, elle avait retrouvé Ange. Point négatif, elle trouvait cette histoire super bizarre.

Elle n'eut pas à attendre très longtemps avant de voir son petit protégé sortir. Il lui fit un simple sourire comme si de rien n'était, alors que de son côté, elle arborait un visage renfermé.

— Tu m'as fait peur espèce d'idiot. Je te trouvais plus.

— Et donc tu m'as pisté pour me retrouver ? C'est moi qui vais te trouver flippante là, soupira-t-il. Je déteste qu'on me suive à la trace. Il n'y a rien de plus agaçant qu'un garde du corps. Mais point positif, tu n'es pas un de ces stupides gardes du corps. Donc tu vas arrêter de t'inquiéter inutilement et retourner faire des paquets cadeaux avec moi.

Astrid leva les yeux au ciel. Si seulement il savait. Il la détesterait.

— Très bien Votre Altesse. Mais plus de frayeur comme ça. T'imagines si je finis au cachot pour avoir perdu le prince ? 

— Je viendrais te délivrer sur mon beau cheval blanc t'en fais pas. 

Astrid étouffa un léger rire. Comment pouvait-elle rester en colère contre lui plus que quelques instants ? C'était mission impossible. 

Flocons royaux [VOLUME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant