Entre AMOUR À VIE et AMOUR À Mort

Un Secret compromis.

De l'entrepôt, la musique était moins dense quand Marcus se réveilla le premier après leurs inoubliables ébats amoureux . Il admira cette sculpture de divinité créole, assoupie à même le sol à ses côtés. Tout une récapitulation de la soirée, lui excita davantage et il sourit. Il était joyeux mais une boule d'angoisse atteignit son cœur quand il pensa au réveil de son amoureuse :
- « Comment la regarder en face sachant que malgré cette nuit elle ne peut être mienne? Devrais-je lui dire que nous ne devrions pas arriver jusque-là, vue qu'elle est une femme engagée? Mon vieux Marcus, tu dois partir, tu finiras par être la victime dans cette histoire. »
C'est avec ses réflexions que Marcus s'habilla et fuit les lieux.

Voulant s'enivrer encore de l'odeur de son bien-aimé, Mizyann aspira les lieux pour ne recevoir que l'odeur de cafés qui s'y trouvait et comprit le vide à ses côtés :
- « Il est parti. Le salaud. »
Alors,à son tour elle se leva pour passer ses vêtements et quitter cet endroit. Mais elle se tourna pour s'engouer une dernière fois de son espace idyllique de la soirée. Rentrée chez elle, le restaurant était déjà fermé même en absence de la patronne. Alors, elle se laissa tomber sur son lit, se mit à juger le comportement de Marcus :
- « Pourquoi est-il parti? A-t-il regretté? Qu'est-ce qui lui prend? Depuis des mois, il s'avère que mon beau Marcus me fuit,je ne comprends rien! De toute façon, je le veux de toute mon âme, je ne vais rester sans rien faire, mon doux Marcus parce que Chalè manzè Rosa mete dife nan pye piman! » Furent les dernières pensées de Mizyann avant qu'elle partit au pays des merveilles.

- « Merci  konpè Thomas ! Je vais vous aider. » Dit Marcus en signant la fiche de paiement de son client pour laisser le comptoir afin de le livrer les 50 livres de Café.
Une enième matinée de bonnes ventes s'ajouta dans les affaires de Marcus depuis la récolte et il ne cessa de remercier les Dieux de leur bénédictions. Il fut fier de lui-même tout comme son ami, Délivrant le ressentit pour lui. Parlant de ce dernier, Marcus reprit sa place et se souvint de leur conversation de ce matin, après qu'il l'avait raconté sa soirée d'hier:
- « Et bien mon frère, tu as eu une superbe soirée! » avait dit Délivrant en riant. Mais remarquant son désarroi, il se reprit et continua :
- « Je comprends tes doutes, mais je ne vais pas m'immiscer dans tout ça. Tu n'es plus un enfant Marcus. N'oublie surtout pas, atansyon pa kapon! » En tapotant l'épaule de son ami et l'a laissé entre ses réflexions.
Marcus a pris sa décision: il devait limiter sa relation avec Mizyann. Une relation d'affaire ou rien d'autre car tout ça pourra lui coûter sa vie, tout le monde savait qu'il faut craindre ses Dieux, que tu en crois ou pas!
Les revendeurs des villages avoisinantes étaient toujours au rendez-vous pour le café de Chez Marcus, il n'a même pas pris de petites pauses pour grignoter un peu. Ce que sa déesse n'a pas oublié dans ses nouvelles petites attentions de reconquête en débarquant dans son entrepôt.
Elle lui laissa le temps de servir ses derniers clients pour se faire remarquer par son amant qui ignorait sa présence.
- « Merci beaucoup messieurs ! Que vos ventes soient bénies! » exclama Marcus à ses revendeurs après les avoir livré leurs marchandises.
- « Et moi, que me souhaites-tu? » questionna la créole en s'approchant de lui.
Ce dernier sursauta et répondit:
- « Que tu retournes vaquer à tes affaires, ma chère! » toujours la tête baissée ne voulant pas faire face à Mizyann.
- « Ça va aller le loup, pas besoin de me repousser ! » esclaffa-t-elle en riant et ajouta:
- « Mon instinct de femme d'affaire m'a dit que tu n'as pas mangé depuis ce matin donc je t'ai apporté le plat du jour du restaurant : du riz blanc avec du lalo. Le plat préféré de tout Créole, y compris toi mon beau Marcus! » en apportant la corbeille contenant la nourriture.
- « Mer... Merci! » Balbutia Marcus, surpris et touché par le geste de la créole.
- « Je t'en prie mon cher. » Elle observa Marcus qui déplia les torchons de la corbeille pour prendre le repas que l'odeur lui fait déjà saliver.
- « Il est si beau! » Pensa -t-elle.
- « On s'entraide ? » demanda Mizyann en touchant l'un des bols; ce qui fait que sa main effleura celle du jeune homme. 
Ce dernier, se sentit éléctrifier par le contact, retira vivement ses mains du comptoir. Et fit aussi quelques pas pour garder distance entre eux. Mais, la déesse n'étant pas du même avis, réduit l'écart et noua un main autour de son cou, le fixa et fait glisser son index sur les courbes du visage de Marcus. Hypnotisé, ce dernier la suivit dans ses petites cajoleries. Son doigt atteignit le haut de son nez, glissa lentement sur les lèvres du jeune homme qui, conscient des conséquences de ce jeu dans son patalon, il saisit abruptement le poignet de sa dulcinée pour l'arrêter :
- « Retournes à tes occupations, Mizyann. » lui ordona t-il tout en la traînant vers la sortie.

Choquée et vexée par cette réaction, la jeune femme tira sa main de celle du jeune homme et vocifera avec les larmes aux yeux :
- « Tu m'appelles Mizyann maintenant ! C'est nouveau quand même. Pourquoi? Pourquoi Marcus?
- « Bah oui, c'est bien ton prénom! » Lui dit-il vaguement en lui tournant le dos ne pouvant pas faire face aux émotions indescriptibles qu'il a pu voir sur son visage. Mais, il doit continuer cette conversation qui laissera bien des séquelles pour le bien de tous.
- « Mais Marcus, fais-moi comprendre, je suis perdue. » Ajouta Mizyann, toujours avec ses larmes.
- « Il faut que tu t'en ailles, je t'en prie. » il chuchota presque.
- « Quoi? Regardes moi. Pourquoi autant de mépris tout à coup : me rayer de ta liste de client, ta fuite de la soirée d'hier et maintenant tout ceci? Ses questions restèrent sans réponses alors elle rajouta :
- « N'étions nous pas sur la même longueur d'onde hier soir..? »
- « Non ! » Coupa Marcus. « Oublions cette soirée Mizyann pour l'amour de Dieu! C'était une erreur! Une erreur ok! »
- « Mais... »
- « Pas de mais qui suit! Pas de mais! »lui cria t-il.
- « Pourquoi tout ça? » Sanglota la jeune créole.
- « Pfff, Mizyann cet amour, cette passion, tout ça va nous engloutir ! Et par tout les Saints Mizyann,tu es prise; Tu es la femme de Baron Samedi !